Testimonianze
14 – 1623. François Garasse (1585-1631). La doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps ou pretendus tels, contenant plusieurs maximes pernicieuses à l’Estat, à la religion, & aux bonnes Moeurs, combattue et renversee par le P. François Garasssus de la Compagnie de Iesus. A Paris, Chez Sebastien Chappelet, ruë sainct Iacques au Chapelet. mdcxxiii. Avec privilege et approbation, [19], 1025, [59] p. Il privilegio è datato 19 marzo 1623 e il testo risulta «achevé d’imprimer» il 18 agosto dello stesso anno. |
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/31/ Lucilio Vanino qui fut bruslé à Tholoze pour ses atheismes, ainsi que nous dirons icy bas plus amplement, a renchery par dessus les deux precedans, car il a faict un mal’heureux livre De Arcanis Naturae, Reginae Deaeque Mortalium, auquel il a semé la graine de ses impietés en se retranchant à tous propos dans cette clause traistreusement entenduë: In his tamen me submitto Sanctae Romanae Ecclesiae iudicio. Ce maudit homme a faict une division des Esprits encores plus dangereuse que celle de Cardan, ny de Charron, disant en plusieurs endroits de ses Dialogues, & nommément au Dialogue de la Resurrection des morts, & en celuy des Oracles, qu’on void trois especes d’Esprits par le monde, sçavoir des Esprits superstitieux, qui respondent /32/aux esprits des Bestes introduits par Cardan, & aux esprits Bas inventez par Charron: des esprits populaires, qui sont en effect les esprits Mediocres de Cardan, & les esprits Communs de Charron: En somme il se void des esprits de Demon, qui sont à son dire, les mesmes que Cardan appelloit esprits de Prophetes, & Charron, esprits Escartez. Pour les superstitieux, dit Vanino, ils prennent tout pour argent contant, ils croyent tout ce qu’on leur dit, du Purgatoire, de l’Enfer, des Indulgences, de l’eau Beniste, quam Alexander Christianorum Doctor & Pontifex, divinae legis interpres, dit ce mal’heureux Atheiste, innumeris privilegiis condecoravit, ils reçoivent tout comme pain Benit, ils s’en vont le grand chemin: Les Esprits Populaires choisissent & croyent ce que bon leur semble, ils usent de leur iugement, ils ne se tiennent pas tousiours en curatelle, pourveu qu’ils croyent les choses essentielles ce leur est assez: mais les esprits de Demon vont au delà de tout ce qu’on se peut imaginer. Et de ceux-là, dit-il, il y en a trois especes, car les uns ont l’esprit excellent pour les choses manuelles, comme sont la Peinture, l’Architecture, les instrumens de Musique, & ceux-là sont animez à son dire, par un esprit melancolique, qui s’appelle Daemon inferior: les seconds ont l’esprit excellent pour les choses naturelles, comme sont la Philosophie, la Medicine, la Iurispreudence, l’Eloquence, & ceux-là sont animez par un esprit posé & raisonnable qui s’appelle Daemon medius. Les troisiesmes ont l’esprit relevé pour entrer dans les secrets de la Divinité, secoüer le pesant ioug de la tyran/33/nie se mettre en franchise, ceux-là sont animez d’un esprit espuré, qui s’appelle Daemon sublimis. Voyla des chimeres [...] ridicules & pernicieuses [...]. En somme il s’est eslevé depuis peu une bande d’Atheistes qui ont faict un pot pourry de toutes ces fantaisies, & ont introduit une nouvelle distinction d’esprits [...]. La première est des esprits Mechaniques, qui sont en effect les esprits que Cardan appelloit esprits de Bestes, Charron esprits Bas, Vanino, esprits superstitieux [...]. La seconde espece d’esprits [...] est celle des esprits Nobles, qui sont à peu prés ceux que Cardan nommoit esprits d’Homme, Charron esprits Communs, Vanino esprits Populaires [...] /34/ [...] La troisiesme espece d’esprits est celle des esprits Trascendans, qui volent par dessus les autres de cent cinquante brasses, qui se perdent dans les nuées, qui contentent la douce nature, qui ne sont pas de ces cruels ennemys de leurs sens, qui voltigent par les cabarets d’honneur [...] Ce sont en un mot les mesmes esprits que Cardan appelloit esprits de Prophetes, qui disent des merveilles quand il sont pleins de vin, Charron esprits Escartez, qui neantmoins ne s’escartent iamais du chemin de la taverne, Vanino esprits de Demon, car quand ils sont yvres, les bons Seigneurs, ils ressemblent à des Lutins incarnez, & telle est la distinction de leur esprits. /43/ Le plus sot, comme de raison ç’a esté Lucilio Vanino, pauvre papillon, lequel du fonds de l’Italie s’est venu brusler au feu du Languedoc, comme si le feu du Vesuve ou du mont Gibel n’eust pas esté aussi chaud ou aussi capable d’expier ses ordures, que les braziers de France. Or pour marquer l’orgueil insupportable, & la bestise de ce personnage, il faut supposer qu’il a faict un livre, de Arcanis Naturae, Reginae Deaeque Mortalium, lequel nous examinerons icy bas plus amplement, & ce livre il l’a faict en maniere de Dialogue, à la coustume des Platoniciens, auquel il introduit deux entreparleurs, à sçavoir Alexandre le Grand et le sieur Lucilio Vanino, qui luy respond soubs la personne du Iurisconsulte, comme si Aristote respondoit aux doutes de son disciple Alexandre. Marquez, Lecteur, luy avoit un peu d’esprit, puis qu’à son dire les bestes en ont bien, n’a pas esté du tout sot: car il a semé sa doctrine en forme de Dialogue pour deux raisons principalles: La premiere, afin que quand il avanceroit quelques Atheismes, ce qu’il faict à toutes les pages, il les peust desadvoüer plus aisément, disant que ce n’est pas de luy, ny de sa besongne que telles maximes ont esté publiées, mais qu’il les escrit ne plus ne moins que Sainct Thomas escrivit les arguments & les obiections contraires à sa doctrine pour y repondre. La seconde afin qu’il eust plus de /44/ liberté de dire ses loüanges impunément & sans scrupule, ce qu’il faict quasi avec autant de franchise Gauloise, que feu Maistre Estienne Pasquier en les Recherches & Epistres: car à tout propos il introduit le bon Alexandre qui s’estonne de ses resolutions, comme si iamais Aristote n’avoit eu des pensées égales aux siennes, & luy fait dire souvent ces paroles d’estonnement. O quam sapientia a te Vanino dictum est!. Mais pour ne charger le papier de ses impertinences, il me suffit d’en rapporter un exemple qui en vaut une centaine: car à la fin du Dialogue liv qui traicte des Demoniacles, & lequel nous examinerons au livre vii aprés une infinité de ravauderies par luy prononcées, il faict que le bon Alexandre estonné comme Cestius Miratus, ne sçait quelle contenance il doit tenir, & en fin comme tout ravy par l’excellence pretenduë de ses merveilleuses maximes, il dit: Non ego Thomae Mori exemplum imitabor, qui cum Erasmum accuratissime disserentem excepisset ignoto habitu, ita dixit, vel Daemon es, vel Erasmus. Ie ne sçay, dit Alexandre, si ie ne dois point dire comme Thomas Morus, lequel ayant ouy discourir Erasme desguisé, luy dit, ou vous estes un Demon, ou vous estes Erasme, & puis il adiouste incontinent en la page ccccix: Sed ita de tua sapientia eloquar; vel Deus es, vel Vaninus. Mais il faut que ie confesse en parlant de vostre sagesse, que vous estes, ou bien un Dieu, ou bien le sieur Vanino. A cette folle iactance i’adiouste qu’Alexandre n’avoit gueres bien faict son profit sous la discipline d’Aristote, car son dilemme ne vaut rien, ne luy desplaise, & il eust mieux argumenté s’il eust dit comme Se/45/neque le Retheur, quand il ouyt le declamateur Cestius haranguer sur ses propres loüanges vel Pecus es, vel Vaninus, ou vous estes une beste, ou vous estes le sieur Vanino: & moy i’adiousterois pour faire la consequence, Utrumque recte dicitur. /144/ Les deux plus nobles executions qui se soient faictes de nos iours monstrent evidemment, que la fin des Atheistes dogmatisans est tousiours accompagnée d’une particuliere malediction de Dieu & des hommes. La premiere fut à Tholoze l’an 1619 le 9 de Fevrier, en la personne de Lucilius Vaninus, homme d’un courage desesperé, La seconde fut, en la place de Greve, l’an 1621, en la personne de Iean Fontanier, ieune folastre, d’esprit fort vagabond, comme il se verra par le cours de sa vie. IV. Pour Lucile Vanin, il estoit Napolitain, homme de neant, qui avoit rodé toute l’Italie en chercheur de repuës franches, & une bonne partie de la France en qualité de Pedan: Ce meschant belistre estant venu en Gascogne, l’an 1617 faisoit estat d’y semer advantageusement son yvroye, & faire une riche moisson d’impieté, cuidant avoir trouvé des esprits susce/145/ptibles de ses propositions: il se glissoit dans les Noblesse effrontément pour y piquer l’escabelle aussi franchement que s’il eust esté domestique & apprivoisé de tout temps à l’humeur du pays, mais il rencontra des esprits plus forts et resolus à la defense de la verité, qu’il ne s’estoit imaginé. Le premier, qui fit la découverte de ses horribles impietez fut le sieur de Francon, gentilhomme de bon esprit et tres-grand courage, comme il a fait voir jusques à sa mort au service de la Religion et du Roi son Maistre. Il escheut que sur la fin de l’an mcdxviii, Francon estant allé à Tholose, comme il estoit en estime de brave gentilhomme, de bonne et agreable compagnie, il se vid aussi tost visité par un Italien, duquel on parloit comme d’un excellent Philosophe & d’un esprit qui proposoit force curiositez toutes nouvelles: Il ne se découvrit pas neantmoins d’abbord, d’autant que c’est la maxime des meschans esprits [...] de se glisser doucement dans la creance & faire comme les aiguilles, qui entrent par la pointe dans le drap & aggrandissent l’ouverture pour en sortir, y laissant le filet attaché. Cet homme disoit de si belles curiositez, des propositions si nouvelles, des pointes si agreables, qu’il s’attacha aisement à Francon par une sympathie de ses humeurs hypocrites, soupples et serviables: Ayant faict l’ouverture par ses pointes, il commença à monstrer l’estouppe; peu à peu il laschoit des maximes ambiguës, dangereuses, à deux revers, jusques à ce que ne pouvant plus couvrir le venin de sa malice, il esclatta tout-à-/146/fait & prononce de si estranges blasphemes contre la sacree humanité de Iesus Christ que Francon confessa depuis que les cheveux luy en herissoient en teste & qu’il mit deux fois la main sur son poignart, pour luy plonger dans le sein; mais qu’il fut retenu par une forte consideration, voyant que l’affaire s’estant passée sans tesmoings, il pourroit estre en peine apres le meurtre. Il prit un meilleur expedient, car il defera cet impie au premier President, lequel ayant consulté l’affaire, le fit saisir sur d’autres dépositions secrettes: il fut ouy & examiné publiquement, & quoy que son esprit remuant le fournist des deffaictes assez plausibles en apparence, et que quelques uns des Iuges ne pensassent pas avoir des preuves suffisantes (comme il est bien mal-aisé en cette matiere) neantmoins il passa par la pluralité des voix, & fut condamné par Arrest à faire amende honorable, estre pendu, bruslé, & ses cendres iettées au vent, comme estant deuëment convaincu d’impieté & Atheisme. Aussi tost apres sa condamnation il leva le masque, & voyant qu’il n’y avoit plus d’esperance pour luy, dit & publia que pour luy il estoit en cette creance, Qu’il n’y avoit point d’autre Dieu au monde que la Nature, profera plusieurs impietez contre Iesus-Christ, advoüa qu’il estoit sorty de Naples avec onze compagnons, lesquels comme douze Apostres de Satan, s’estoient departis en divers endroits de l’Europe, pour introduire cette nouvelle creance, & que la France luy avoit escheu pour quartier: qu’il avoit composé des livres touchant les principes de sa Do/147/ctrine, qui estoient comme l’introduction à l’Atheisme; Que pour luy il ne pouvoit se repentir ny modifier aucune de ses propositions: Quant à l’amende honorable que la Cour demandoit de luy suivant la forme ordinaire, à Dieu, au Roy, & à la Iustice. Pour Dieu, dict-il, ie n’en croy point: pour le Roy, ie ne l’ay point offensé; pour la Iustice, que les Diables l’emportent, si toutesfois il y a des Diables au monde. Estant sur le gibet, il profera encores trois ou quatre notables impietez, & mourut enragé. /178/ Pour les beaux esprits, ils sont bien aises qu’on sçache qu’ils sont reservés & rencheris en leur creance: s’il y en a peu qui croyent en la bonne & douce Nature, comme la souveraine de l’Univers, & qui ne se laissent prendre à la pipée de la creance commune, il ne s’en faux pas estonner, d’autant qu’il y a fort peu de bons esprits au monde, qui ayent des pensées fortes, pour penetrer dans le livre De Arcanis Omnipotentis Naturae du miserable Lucilio, & un courage gente/179/reux pour sçavoir mespriser l’opinion du vulgaire & brider la superstition qui est un monstre servile & mecanique. Telle est la maxime de nos dogmatisans lors qu’il parlent en secret parmy les confidans. /221/ I’ay dit que les beaux esprits de ce temps & les Heretiques sont égaux en malice, aussi sont ils en sottise, afin que le boiteaux n’eut point suiet de se mocquer du borgne. Les Athées font estat d’estre Philosophes, & en effect ces années passées, comme il fut question de faire le procés au miserable Lucilio dans Tholose, il y en avoit /222/ qui l’excusoient, disant que c’estoit un Philosophe, & quand il sortit de prison pour estre bruslé en la place de S. Estienne, il dit en se consolant, Allons & mourons en Philosophe. /255/ Bien que le miserable Lucilio Vanino, qui estoit charlatan de profession, belistre d’extraction, Atheiste de Religion, & vagabond de son naturel, ait tasché de monstrer & par exemple, & par sa meschante doctrine, que les Philosophes, & Medecins sont ordinairement Atheistes, il n’a iamais sçeu venir à bout de sa preuve, laquelle est iniurieuse à cette honorable vacation, & contraire à la verité d’autant que graces à Dieu, nous cognoissons de tres-habiles Medecins, qui sont encores meilleurs Catholiques, & qui croyent en Dieu non par compliment comme nos ieunes estourdis; mais de bon coeur avec sentiment de Religion. /301/ C’est la reponse que me fit cét hyver passé un brave ieune homme, lequel par la grande misericorde de Dieu & par bonté de son naturel, s’estoit heureusement sauvé du naugrafe, & retiré de cette mal’heureuse compagnie des Libertins & Atheistes, dans laquelle il s’estoit trouvé par son mal-heur engagé un peu plus avant qu’il n’eust esté expedient pour son salut [...] & nommément ne se pouvoit-il estancher quand il estoit question de parler du meschant & abominable Lucilio, lequel il avoit pratiqué, & en compa/302/gnie & dans ses livres, me disant, ce que ie sçavois desia assez plainement. Que s’est le plus mal-heureux & endiablé vilain qui fut iamais au monde. Ie le veux prouver par un exemple sans m’esloigner de mon subiet. Ce maudit Atheiste a faict un Dialogue qui porte pour tiltre, De Resurrectione mortuorum, Auquel il fait comme en tous ses autres Dialogues, semblant de se rapporter au iugement de l’Eglise, quant à ce qui touche la Resurrection generale des morts, qui se fera sur la fin du monde, & la particuliere qui s’est faicte à ce qu’on estime par l’entremise de quelque Saincts, en plusieurs personnes decedées; mais il va ruinant tant qu’il peut, & proditoirement la verité de ce Mystere, par trois moyens aussi meschans l’un que l’autre. Le premier est rapportant une infinité de Resurrections feintes & fabuleuses, qui ont esté neantmoins estimées veritables parmy les Payens, pour dire par apres que s’en est le mesme, de celles que nous estimons veritables. Le second est, disant que c’est la superstition de la simple populace, qui imputoit ces prodiges à la puissance des Diables: mais, dit-il, quant à cette opinion; Numquam ego subscribam, donec naturali ratione esse Daemones mihi probaverint. Moy, dit-il, qui ne croy pas qu’il y ait de Diables au monde, ne seray iamais de leur avis, iusques à ce qu’ils m’ayent fait voir clairement, & par bonnes raisons naturelles, qu’il y a des Diables en nature. Le troisiesme est, disant que toutes ces Resurrections qu’on dit avoir esté faictes, sont arrivées par remedes naturels, de certaines herbes qui ont cette force & proprieté de rendre la vie à un animal estant mort [...]. /303/ Pour la premiere elle est fort malicieuse; car raconter une centaine de fables touchant les Resurrections supposées des anciens, pour prouver la Resurrection des morts, c’est mettre la verité des nostres en compromis de ces anciennes sottises, & faire iustement comme si ie voulois bien authoriser le changement de la femme de Loth en statuë de sel, & que pour en venir à bout i’allois r’amasser toutes les Metamorphoses d’Ovide, & au bout de compte, ie disoit comme fait le maudit Lucilio Vanino, au Dialogue de la Resurrection des morts Lucianus responderet fabulosas esse has narratiunculas a mendacibus Graeculis excogitatas, et ab hypocriticis Platonicis sanctitatis fuco depictas. Ainsi, rapporter la Resurrection supposée d’Alcaestis, fils de Pelias, de Lamia, de Caelius Tubero, de Corfidius, de Gabinius & quelques autres qu’on dit estre revenus de mort à vie, & puis en suitte mettre celle du Lazare, de l’enfant de Naim, & la Resurrection generale de tous les hommes, n’est ce pas estre manifestement traistre & prevaricateur de la cause de Dieu? [...] /304/ La seconde preuve employée par le mal-heureux Lucilio Vanino, pour renverser la verité de la Resurrection, estoit de dire que toutes ces Resurrections sont des enchantemens & des ouvrages de Sathan: [...] Il est vray que Lucilio, qui faisoit estat de croire qu’il n’y avoit ny Dieu, ny Diables au monde, estant en cela de la creance de Cosme Ruggeri, trouve un autre expedient pour sauver la verité des Resur/305/rections susdites, mais il est si ridicule & fabuleux, qu’il interesse plus la verité que s’il rapportoit tout à l’operation des Diables, car il dit, suivant les resveries de quelques Platoniciens, & de son Maistre Pomponace, que les ames separées de leurs corps ont une inclination si violente à se reiondre avec eux, qu’elles ne manquent pas d’y revenir au moindre suiet qu’elles en ayent, & que c’est pour cela mesme, que les anciens faisoient tant de sacrifices sur les tombes des trespassez pour inviter les ames à l’odeur de la chair grillée, & Circe mesme, dit-il, quoy qu’il estime cela aucunement fabuleux, enseignoit Ulysses dans Homere à faire revenir les ames des morts dans leurs corps avec du laict, du miel, des oeufs, du vin, de l’huile & de la farine, le tout meslé par ensemble. [...]. À voir les discours esgarés de Lucilio, il semble que les ames s’invitent à l’odeur de la chair rostie. Encores à t’il un peu d’esprit lors qu’il fit une reflexion, qui me semble bien aisée à faire, sçavoir, que si l’ame de ceux qui ayment le vin se pouvoit rappeller à l’odeur de cette douce liqueur, il y auroit beaucoup plus de resurrestions en Hollande, & en Allemagne qu’en tout autre quartier du monde, /306/ pource qu’en ce païs là on verse grande quantité de vin au iour des funerailles [...]. Le troisiesme remede fantastique de Lucilio Vanino merite une Section particuliere pour estre esclaircy comm’il faut, d’autant qu’il contient une malice particuliere, qui ne se peut exposer en peu de parolles [...]. /307/Or ie voy dans le Dialogue de Lucilio Vanino touchant la Resurrection des morts, tous les entreparleurs sont des becs iaunes, des niais, des Badebec, des personnes qui s’estonnent de tout, & qui font voir par leur estonnement, qu’ils ont fort peu d’esprit; Car Alexandre qui faict le disciple, & le plus ignorant, comme de raison, & Iules Cesar qui faict le maistre, monstre évidemment qu’il n’en sçait pas plus que son disciple, Iules Cesar dit des extravagances, Alexandre s’en estonne, & pour toute resolution de l’affaire, elle se termine par ces parolles Pensate voi! car comme Iules Cesar, qui fait du Docteur advance certe maxime, Que les morts peuvent revenir de mort à vie, Adhibitis herbarum succis, par le moyen des racines & des herbes medicinales, il s’en estonne luy mesme, & Alexandre pour toute response luy dit, Pensate voi! Est-il bien possible? le pensez vous bien? le pouvez vous croire? vous pouvez vous persuader cela? & toute sa preuve se resout au tesmoignage de Pline qui rapporte de Xantus ie ne sçay qu’elle chimere: par laquelle il dit qu’un dragon ramena son petit de mort à vie l’ayant frotté d’une herbe qui s’appelle Balis, quoy que Pline par aprés raccommode l’affaire, & adiouste ces paroles: /308/ Quae etsi fide careant, admirationem tamen implent. /311/ Tel est le commun langage des nouveaux cabalistes, ainsi qu’il se peut voir en termes exprez dans la preface, que le mal-heureux Lucilio Vanino a attachée à son Amphitheatre de la Providence, en laquelle ce maudit hypocrite, qui leva le masque de son Atheisme dans Tholose, peu devant /312/ sa mort faict semblant de se plaindre que cette meschante persuasion comme une gangrene pernicieuse a gaigné & ravagé quasi tous les esprits du monde, qui estoient, dit-il, Opiniones de Superis atque Inferis ad concionatoriam plebeculam in officio servitioque continendam valere. Que tout ce qui se raconte parmy nous de l’Enfer & du Paradis ne sert pour autre chose que pour contenir la populace en son devoir, & en une crainte mechanique, & que tous les beaux esprits en sont là logés, qu’ils ne croyent non plus ces choses que ce qui se raconte des Champs Elyziens, & de l’Acheron: Que neantmoins c’est une bonne finesse politique pour avancer les affaires d’Estat, d’autant que les sots se prenent par là comme des enfans à la veuë d’une pomme ou d’une image, & les larrons à la presence d’un gibbet, mais que pour eux, ils ont graces à Dieu trop bon esprit pour se persuader ces choses. /373/ Nous ne disons pas, disent nos dogmatisans, qu’il faille se precipiter dans les hazards, & se ietter à l’aveugle au travers des halebardes ou dans le milieu des ondes, car /374/ ce seroit prevenir la destinée, mais nous disons qu’il ne faut user d’aucun discours, d’aucun preservatif, d’aucun antidote, & ne laisser saisir ou emporter son cœur à aucune crainte panique, comme sont les foibles esprits, mais se presenter hardiment aux hazards, affronter les destinees, & faire comme Lucilio qui mourut dans Tholose pouvant sauver sa vie, & ne le voulut pas faire de peur de perdre l’occasion de mourir en Philosophe. /445/ A ce que ie voy les beaux esprits pretendus & leur maistre le miserable Lucilio dans son livre de la toute puissance de Nature, trouvent bien incroyables ce qui est raconté dans la Genese touchant la longue vie des /446/ premiers hommes. /465/ Tel ont esté le Pomponace, l’Aretin, Cardan, Vanino, & Un ie ne sçay qui, banny de Cour, qui fait force belles iustifications surannées: Ces Atheistes lisent à la verité l’Escriture sancte, & mettent le pied dans ce Sanctuaire. /641/ En somme le Maudit Lucilio Vanino grand Patriarche des Athées, & qui pour ses impietés fut bruslé tout vif a Tholose, quoy qu’il fasse du sçavant, & qu’il tasche de ramasser les plus belles /642/ phrases de Ciceron, parle neantmoins en vray ignorant, qui n’entend pas seulement les principes de Grammairie, comme quand il dit en ses Dialogues, de Admirandis Naturae, parlant d’Apollonius Tyaneus, le Vanin ou le Theophile de son siecle, il dit en la page ccccliv Apollonius Tyanus multos mortuos resurrexit. /650/ Quant la creation du premier homme, ie voy que le maudit Lucilio Vanino est un meschant belistre: car en son livre de Adimrandis Naturae, au Dialogue xxxvii. Il en parle tellement, quoy que soubs l’escorce d’une tierce personne, qu’il monstre bien aux lecteurs entendus & penetrans, son impieté & le venin de sa malice, le tiltre est tel De prima hominis generatione. Puis faisant qu’Alexandre l’interroge touchant sa creance, en ce qui touche la creation du premier homme, il respond: Diodorus Siculus prodidit primum hominem fortuito, ex limo terrae genitum, nec desunt alij qui hanc fabellam pro vera historia crediderunt. Et quoy qu’il fasse semblant de renvoyer ce narré comme une chose chimerique, il l’establit neantmoins le mieux qu’il peut par preuves, par raisons, par authoritez, & en somme il conclut que c’est à la verité l’opinion des Atheistes: mais il la propose si cruement, il la combat si foiblement, il l’expose si nettement, qu’il n’est pas besoing de le mettre à la gesne: ses paroles sont assez claires. Sa principale sottise consiste en ce que laissant le recit du premier Chapitre de la Genese, qui est le seul veritable en cette matiere: il dit que quelques-uns ont estimé que l’homme estoit né de la pourriture comme /651/ les rats, & que de cét advis sont Cardan & Pomponace, deux tesmoings bien recevables en matiere de Religion, d’autres estiment, dit-il, que l’homme est engendré de l’ordure des pourceaux & des grenouïllies, comme Mahomet; d’autres, Comme quelques Atheistes de bon esprit, Lesquels il appelle, Mitiores Atheos, ont pensé que l’homme venoit de la semance des guenons & des singes, laquelle se cultivant par apres vient à se perfectionner & prendre la forme d’homme. Ces Messieurs les Atheistes de bon esprit preuvent leur dire, par l’experience: d’autant que les hommes viennent courbez en leur vieillesse, comme s’ils vouloient marcher à quatre pattes, qui est signe, qu’ils ont esté bastis & formez en cette posture dés leur commencement: & que s’il y a bestes au monde qui ayent donné la naissance à l’homme, ce doivent estre les singes & les magots. Cét homme estoit un pernicieux coquin, qui comme un Philosophe Pyrrhonien, revoquant toutes choses en doute, & proposant pour le mensonge les meilleures raisons qu’il sçavoit, a tellement affoibly la verité, qu’il l’a rend aucunement ridicule par ces revirades venimeuses. Car apres avoir de bon sens proposé ses maximes d’impieté, il faict semblant de s’en remettre au iugement de l’Eglise, & faisant le marmiteux, il clost son Dialogue par ces paroles: Sed quaeso haec doctis Sorbonae senibus relinquamus. C’est ainsi que faict Buchanan, lequel apres avoir vomy dix mille imprecations contre les Roys & l’Estat Monarchique, en fin s’excuse, disant qu’il n’est pas Theologien, & qu’il laisse cette question aux Theologiens. /652/ La malice de Lucilio paroist encores en ce point, qu’apres avoir dit que la condition de l’homme est pire que celle des bestes, il fait demander à son Disciple, sçavoir, si la rebellion des bestes envers l’homme ne vient pas du peché de nos premiers parens, & puis il adiouste que c’estoit un grand plaisir d’estre Dans ces champs Elisiens de l’innocence, Lors que les bestes, à ce qu’on dit, obeyssoient à nos parens: il donne cette consolation à son disciple: Ne ingemiscas, nam & post peccatum oviculae parent homini, & ante peccatum serpens. Et son disciple qui est faict au badinage, fait l’Epilogue de tout l’affaire disant, Dictum puto, ie pense qu’on le dit. Et c’est ainsi que ce mal-heureux, profane la verité de nos mysteres, proposant l’erreur en termes efficaces, & la veritè le plus foiblement qu’il luy est possible: finesse Diabolique, usitée de toute ancienneté parmy les meschans, & nommément entre les Manicheans, ainsi que nous pouvons voir aux responses de S. Augustin à Iulian & à Fauste, les deux principaux Ministres de cette mal-heureuse Secte. /657/ Le miserable Lucilio Vanino au quatriesme de ses Dialogues, fait ce qu’il peut pour descrediter cette histoire, & après avoir rapporté l’opinion de Iustin touchant l’impieté pretenduë de Moyse, qui se ietta, dit-il, dans un abysme pour se faire estimer Dieu, comme ont fait Romulus, Mahomet, Pline & quelques autres imposteurs, en fin il vient à l’histoire d’Elie, laquelle il met en parangon des autres, & puis il donne son sentiment par ces parolles: Mittamus has nugacissimas fabellas, enveloppant parmy des contes de vieille, l’histoire du ravissement d’Elie, & de la mort de Moyse, lesquels, dit-il, par ambition qu’ils avoient d’estre estimez dieux, se sont cachez en des lieux incognus, ou precipitez dans quelque abysme, pour persuader qu’il avoient esté ravis dans le Ciel: & le plus ouvertement ambitieux, à ce que dit ce mal-heureux atheiste, a esté Moyse, lequel n’a point faict la petite bouche, ny dissimulé l’envie qu’il avoit d’estre reputé Dieu, lors qu’il dit, que le grand Dieu l’avoit constitué Dieu de Pharaon. /683/ Le miserable Lucilio Vanino a fait un tres-pernicieux livre, qui est comme l’Introduction à la vie indevote & l’apprendissage de l’Atheisme: le tiltre est aussi specieux comme impie, De Admirandis naturae, reginae deaeque Mortalium Arcanis. Ce tiltre ne promettoit que des merveilles touchant les curieuses Recherches de la Nature & les mysteres cachez de la Philosophie, & cependant il est semblable à celuy des Recherches de Maistre Pasquier, qui nous avoit promis des curiositez fort recherchées touchant le Royaume de France, & puis nous va donnner par le nez d’un maistre phy phy, & du mot de Carcaillet, avec Margot la Tripotiere & Patroüillet le bonnetier: ainsi en est-il du livre de Lucilio Vanino, car il porte sur le front un eloge fort specieux, qui promet des merveilles, De admirandis Naturae, Reginae, Deaeque Mortalium Arcanis. I’avois pour moy conceu de grandes esperances, & au dedans i’ay veu des niaiseries ridicules. 1. Pourquoy les gouttes d’eau sont rondes quand elles tombent sur du sable. 2. Pourquoy les soufflets font du vent. 3. Comment il faut bander une arbaleste. 4. Pourquoy les mouches meurent en hyver. 5. Pourquoy l’homme n’a point /684/ quatre pieds. I’attendois qu’il adiustast la question tant celebre du Sophiste mentionné dans Seneque, Quare alaudae volant, cucurbitae vero non volant: ou bien pourquoy le verre se brise en tombant, & l’esponge ne se brise pas? Pourquoy le feu brusle & l’eau humecte, pourquoy les chats se peignent avec la pate, & les chiens se lechent avec la langue, pourquoy les rats ont de la barbe, & les grenoüilles n’ont point de queuë, & puis qu’il apposast au front de ces galantises ce tiltre specieux, De Admirandis Naturae, Reginae, Deaeque Mortalium Arcanis. /686/ Ainsi nos ieunes atheistes abusent avec impieté du nom de Deesse, & de Royne, le donnant à cette partie animale, qui nous rend semblables aux bestes, & disent /687/ par le tiltre de leurs Livres, De Admirandis Naturae, Reginae Deaeque mortalium Arcanis. Car c’est comme si on disoit, des admirables grandeurs de la Reyne brutalité, de la Deesse gourmandise, de la Princesse yvrongnerie, & de l’Emperiere impudicité. /698/ Le miserable Lucilio Vanino au Dialogue De prima hominis generatione, rapportant & approvant tacitement la sotte opinion de Cardan, qui disoit que l’homme se peut engendrer de la pourriture & corruption des bestes, & que par consequent une beste se peut changer en homme, s’oblige par une consequence necessaire à croire aussi reciproquement que l’homme se peut changer en beste. /704/ Le maudit Lucilio Vanino pour authoriser d’autant son Atheisme, & aneantir le Sacrement de Mariage, faisoit un souhait digne de son impieté au Dialogue xlvi, lors qu’il desiroit d’avoir esté engendré hors de l’usage du Sacrement, & par consequent d’estre /705/ bastard, suyvant la reverie de ce vieux hypocondriaque, lequel fit des Paradoxes ridicules il y peut avoir environ cent ans: & taschoit de prouver qu’il vaut mieux estre bastard que legitime, d’autant, disoit-il, & Lucilio Vanino apres luy, que les bastards ont plus bel esprit que les legitimes. Maxime tres fausse & pleine d’impieté, comme ie monstreray plus clairement que le iour, au livre huictiesme. /716/ Le plus venimeux que i’aye veu en cette matiere, c’est le miserable Lucilio Vanino, grand advocat de l’impieté, quand il dit en son Dialogue xxxvii: Profecto si feras capit homo, saepius capitur ab ipsis, Crocodilus e Nilo sola cauda venatur bibentes, nexibusque implicitos ad se trahit: item flagelis polypus urinatores, denique si interfecit homo, interficitur quoque, si vorat, voratur. Si l’homme prend les poissons, les poissons prennent l’homme, si l’homme tuë les poissons, il est tué par les poissons ou par les bestes de la terre. Mais bon Dieu, où est-ce que ce belistre avoit l’esprit? /785/ La rage flastrée, c’est à dire, le desespoir de la rage se void en cinq ou six mal-heureux Escrivains, dont nostre siecle s’est avorté comme d’une maudite progeniture, le premier & le chef de tous est le Pomponace, esprit meschant & enragé, le second est Hierosme Cardan, qui par ces curiosités pernicieuses s’est porté iusques à la censure & condamnation des œuvres de Dieu: le troisiesme est le miserable Lucilio Vanino, qui est d’autant plus maudit & pernicieux, qu’il seme ses impietez soubs un pretexte honorable, de renverser l’Atheisme, faisant soubs main tous ses effects pour l’authoriser & enraciner dans l’esprit de ses Lecteurs: mais le plus abandonné de tous est le principal autheur du Parnasse Satyrique, qui s’en prend aux destins & à la Nature avec des parolles infames & avec des imprecations de Sodo/786/mite, comme si Dieu estoit ialoux & envieux de ses impudicités. /801/ Pour chose si importante ils devroient avoir le courage de se faire brusler tous vifs, puis qu’ils font estat du miserable Lucilio Vanino, qui porta son desespoir, non pas seulement iusques dans des cabarets & tavernes secrettes: mais iusques dans le feu, & agoniza pour son impieté iusques à la mort. /814/ Le miserable Lucilio Vanino avoit une tres-maudite Maxime, pour degrader & aneantir les Anges: car il disoit ordinairement /815/ entre ses confidans, que quant aux hommes & aux Anges, il ne faut point remplir le monde de feneans. Pour les hommes, disoit-il, il faudroit faire comme les buscherons font tous les ans dans les grandes forests: ils y entrent pour les visiter, pour recognoistre le mort bois ou le bois mort, & essemesler la forest, retrenchant tout ce qui est inutile & superflu, ou dommageable, pour retenir seulement les bons arbres, ou le ieunes baliveaux d’esperance. Tout de mesme, disoit ce meschant Atheiste, il faudroit tous les ans faire une rigoureuse visite de tous les habitans des grandes & populases villes, & mettre à mort tout ce qui est inutile, & qui empesche de vivre le reste: comme font les personnes qui n’ont aucun mestier profitables au public. Les vieillards caduques, les vagabonds & feneans. Il faudroit essemesler la nature, esclaircir les villes, mettre à mort tous les ans un million de personnes, qui sont comme les ronses ou les horties des autres, pour les empescher de croistre. Et quant aux Anges, il estoit d’advis de renvoyer tout cela en quelque nouveau monde, tel que seroit les Espaces de Democrite, ou les Pays nouveaux de Lucian, qu’il descouvrit dans le globe de la Lune. /836/ Et pour les Dialogues de Sainct Gregoire, qui racontent des apparitions nocturnes, il renvoyoit tout cela comme autant de contes; en quoy il m’a semblé encores moins meschant que le mal-heureux Lucilio Vanino, lequel en vray traistre ruyne la vraye creance des Diables & des Enfers, dans le Dialogue De Oraculis & Sibyllis, disant, qu’à la verité il s’en remet à la creance de l’Eglise Romaine, mais que l’un des plus forts arguments qu’il ait pour croire les Diables, Les Enfers & l’immortalité de l’ame, sont les Dialogues du glorieux Sainct Gregoire, lesquels par une risée de vipere il appelle Venerables Dialogues, & qu’il s’en rapportera simplement à ce qui est raconté là dedans comme à des articles de Foy. /849/ Ie trouve qu’il y a cinq meschans & pernicieux Escrivains, qui ont tasché de rendre cette verité mesprisable & profane, par leurs mal-heureuses inventions, sçavoir, Paracelse, Pomponace, Cardan, Agrippa, & Lucilio Vanino. Paracelse estoit un resveur hypocondriaque, Pomponace un Atheiste parfaict, Cardan un profane, Agrippa un endiablé, Lucilio Vanino l’abbregé des autres quatre. Ie m’attache à celuy-cy, d’autant que les autres ayant esté refutez & diffamez en leurs propositions diaboliques, ie voy que celuy-cy comme le plus recent & le plus envenimé de tous, voltige, quoy que soubs la /850/ cappe et se preste soubs main comme la Clacivule de Salomon & les peintures de l’Aretin entre gens du mestier. Pour doncques venir au maudit Vanino, lisant ses escrits, ie ne me puis persuader qu’il n’eust le Diable au corps, tant il est malicieux & enragé, aussi tesmoigna t’il à sa mort, que le Diable l’avoit gagé avec onze de ses semblables, comme il gagea iadis Iean le Grammerien, duquel i’ay parlé au premier livre, Section premiere. Ce mal-heureux belistre a fait un Dialogue qui porte pour tiltre De Daemoniacis, & est le cinquante quatriesme en nombre en la page cccciv, auquel apres avoir rapporté au long les resveries de Cardan, il commence sa dispute par ces termes faisant parles Alexandre son disciple, Tu vero quid de phrenaeticis vulgo Daemoniacis iudicas, Que iugez-vous des Phrenetiques qu’on appelle ordinairement les Demoniacles? Voyla un commencement bien favorable, & deux synonymes bien enfilez! [...] /851/ Apres un telle demarche d’Atheistes, Vanino respondant en sa personne, enfile ainsi son discours, Caeterum Sacrosanctae Romanae Ecclesiae me subijcio etc. En cette matiere ie me sousmets au iugement de l’Eglise. Mais au reste, le poltron qu’il n’est n’a point d’autre bouclier que celuy de son hypocrisie [...]. Mais le temps viendra que Dieu fera brusler publiquement le miserable Lucilio, avec son bouclier de paille, Scuta comburet igni. Ayant fait cette protestation de Iudas, il porte quatre ou cinq argumens pour renverser ou affoiblir la verité des possessions & de nos Exorcismes. 1. Qu’il n’y a personne de subiet à ces possessions imaginaires, que les melancholiques, les ieunes filles & les veusves pour mesmes raison. Il devoit adiouster à sa proposition, qu’il ment impudemment: car de tous les possedez authentiques, qui se lisent dans les textes des Evangiles, il n’y en a pas un seul de cette qualité, ils sont tous hommes ou pour la plupart [...]. /852/ 3. Vanino va de fievre en chaud mal, & de la fumée dans la braize, quand il dit, Quare, in Hispania & Italia duntaxat Daemoniaci esse creduntur; in tota Gallia vix unus, in Germania & Britannia nullus. On croit, dit cét affronteur, qu’il y a des endiablez seulement en Italie & en Espagne: Car en France, en Allemagne, & en Angleterre il ne s’en trouve pas un seul. Faut-il pas avoir perdu le sens pour advancer si effrontement des mensonges si estranges? Qu’il y ait des Demoniacles en Italie, il se void par l’exemple de Vanino, & de ses onze compagnons, lesquels le Diable a deputé /853/ par tous les endroicts de l’Europe, pour y faire semer l’yvroye de l’Atheisme: mais qu’il n’y ait point de Demoniacles en France, il est demanty par dix millions de personnes, qui en ont veu souvent [...]. Il discourt en vray yvrongne & hypocondriaque touchant la cognoissance & l’usage des langues estrangeres, quand il escrit que les possedez parlent Hebrieu ou Syriaque… Car se mettant sur les loüanges de nostre ame, dont il ne croid pas l’immortalité, il dit, Mens humana omnium scientiam, omnium linguarum notitiam in se complectitur, est enim coelestis originis & divinitatis particeps, at corporis mole oppressa, insitas vires palam non exerit & veluti ignis cineribus abductus exsuscitari postulat. Nous avons dans nostre ame, dit cét estourdy, la semance de toutes les langues estrangeres qui sont cachées soubs le reply des meninges du cerveau, comme le feu soubs les cendres, de façon que quand la melancholie, qui est le principal ingrediant de ces possessions imaginaires, envoye ses fumées dans le cerveau, Peregrini idiomatis notitiam, quae in eo latebat, quodammodo extorquent, non secus quam ex silicis collisione emicantes scintillas [...] I ne sçay que respondre à cette folie autre chose, sinon que ie pense que l’humeur hypocondriaque & la melancholie avoit tellement offusqué l’esprit de Vanino, lors qu’il escrivoit ces sottises, qu’il en est aucunement excusable [...]. /855/ C’est ainsi que les Begards, les Beguins, les Barillets, les Frerots de la simple ame, & cette autre quanaille Turlupinesque, quand ils avoient bien beu, crioient Coeli coelorum, & s’imaginoient qu’ils voyoient en l’air des merveilles: c’est ainsi que Cardan & Vanino, quand ils estoient yvres, & que les fumées du fin s’estoient mes/856/lées avec la foiblesse de leur petite cervelle, leur faisoit croire qu’ils parloient Grec, Chinois, & Arabe [...]. Car ce n’est sans suiet que Vanino prend le sieur Horace pour tesmoing des Demoniacles, & preuve son dire par ce vers si renommé, Foecundi calices, quem non fecere disertum? Voulant dire que la plupart des possessions imaginaires ne viennent que d’avoir trop beu de vin. Il faut qu’un mensonger se souvienne de ses propositions, autrement il s’enserre dans de grandes contradictions, comme il est arrivé à Lucilio, car en la page ccccvii il avoit dit: qu’il n’y a de possessions qu’en Italie & Espagne, parmy les ieunes filles, qui ne boivent point de vin [...]. La solution de ces antinomies, c’est que Vanino estoit yvre, & que la melancholie vineuse faisoit des bignets dans sa cervelle, pour parler aprés Cardan. En somme la frenesie de cet escervellé, s’estant faict voir en ces discours, que ie viens de refuter, son impieté esclatte en deux circonstances bien notables. La premiere, en ce qu’il adiouste, que quand les Apostres au iour de la Pentecoste parloient diverses langues, Veteres philosophi, cum exciperent, ebrios dixerunt. Aprés avoir monstré ou tasché de ce faire, que /857/ le vin ouvre tellement la cervelle des hypocondriaques & desnoüe en façon leur langue, qu’il parlent toute sorte de langage, il adiouste immediatement deux exemples de son dire, le premier, est des Prestres de Bacchus dans les tavernes de Thrace, qui ne rendoient iamais les oracles qu’ils ne fussent yvres, le second, est des Apostres qui furent estimez yvres, par les anciens Philosophes, dit Vanino [...]. La seconde circonstance qui fait voir l’impieté de Lucilio Vanino, c’est ce qu’il dit de l’eau beniste, car /858/ aprés l’avoir grandement authorisée, quia Alexander pontifex innumeris eam decoravit elogiis, En fin parlant de la force qu’on presume estre dans la benediction de l’eau, pour chasser les Demons des corps possedez, il descouvre son advis en ces termes: I’ay monstré, dit-il, que ces extravagances & ces langages estranges, ne viennet que d’une trop grande chaleur, causée par le vin, cela supposé. Quid mirum, si aqua frigida capiti admota, morbi fervorum, qui sua vi varias inde voculas extorquebat, discutit? Il n’est pas merveille, dit ce badin, si l’eau froide estant iettée sur la teste, esteint cette chaleur extraordinaire, qui avoit causé cette intemperie au cerveau & à la langue. A cela ie respons, que son discours d’Atheiste pourroit avoir quelque apparence, si on baignoit la teste des demoniaques dans la riviere, ou si on les baptisoit à la façon des Eunomians, la teste en bas dans une cuve, mais la coustume estant de ietter seulement deux ou trois gouttes d’eau beniste sur la teste du possedé, lesquelles pour la pluspart ne le touchent point, ains se dissipent en l’air, il faut avoir la teste faicte en falot, comme avoit Lucilio, pour discourir de la façon. /860/ Il arriva ces années passées, qu’un Ministre Huguenot preschant à Amsterdam profera de grands & horribles blasphemes contre Dieu, soustenant le Diable en plene chaire, & tascheant de monstrer qu’il est en toutes choses plus puissant que Dieu, De bonne fortune le malheureux, Lucilio Vanino, qui estoit allors compagnon du Iuif errant, s’estant trouvé à Amsterdam, assista à sa Predication, entendit ses pernitieuses Maximes, & pource qu’il y trouva suiet de discourir, il les a rappor/861/tées mot pout mot au quatriesme livre, De Arcanis Deae Naturae, Dialogue lvi, page ccccxx: elles consistent en deux propositions, dont la premiere est veritable, la seconde avec ses preuves est pleine de blaspheme. Sa premiere proposition porte que le Diable est fort puissant, en quoy il ne dit rien de nouveau, que nous n’avons appris de Iob, de S. Pierre, & de mille lieux de l’Escriture Saincte. La seconde proposition estoit: Que le Diable est plus puissant que Dieu, sur lequel il emporte souvent le dessus, comme il se verifie, disoit-il, par le texte de la Bible, & là dessus il ramassoit trois advantages que le Diable a eu pardessus Dieu, le premier, fut le bannissement de nos parens du Paradis terrestre, le second fut la mort de Iesus-Christ, le troisiesme, est le grand nombre des damnez en comparaison de ceux qui se sauvent [...]. /865/ Ainsi ce Ministre comme le grand harpenteur du monde, faict les partages entre Dieu & le Diable, en sorte qu’il donne au Diable mille fois autant qu’à Dieu: Car, dit-il, en bon Arithmeticien: de tout le monde qui contient les quatre grands climats ordinaires, & recognus, l’Europe, l’Asie, l’Afrique & l’Amerique, ils n’y a /866/ qu’une petite partie de l’Europe, qui soit Catholique, tout le reste est plongé dans l’idolatrie, & partant elle appartient au Diable: Encores dans cette petite partie de l’Europe le Diable y a sa part aussi bien que Dieu, aux Allemagnes, en Pologne, en Transilvanie, en France, Aux Pays-bas: Le Diable partage avec Dieu, Dieu ne partage point avec le Diable vers le Royaume de la Chine, dans le Magot, dans la Turquie, en la Floride, aux Tapinambous, & par consequent le Diable est plus puissant que Dieu, disoit ce Ministre. A ouyr parler ce Predicant Atheiste, il nous met devant les yeux le Diable son maistre, comme l’heritier general du monde, & nostre Seigneur comme un cadet d’Armagnac ou de Bretagne, lequel on chasse de la maison cinq sols en bourse, la cappe sur l’espaule, & l’espée au costé pour busquer fortune. Or à sa supputation ie responds deux choses [...]. /877/ Ie veux seulement voir icy les resveries pleines de blaspheme, qui sont montées dans la teste des errans & Libertins, lesquels ie puis mettre en quatre ordres differens. 1. Luther & ses disciples. 2. Les Calvinistes. 3. Cardan, Pomponace & Lucilio. 4. Nos nouveaux Libertins, qui sont comme les restes de toutes les Heresies passées. /879/Apres les Calvinistes sont venus certains profanes & Libertins qui se sont appellés, La famille d’Amour, qui a grande vogue en Angleterre, ces Epicuriens, qui se disent comme surgeons de Calvin, tiennent qu’il y /880/ a quelques ames immortelles, mais non pas toutes; & font ce privilege à celles qui ont eu bel esprit, & qui ont esté enroolées dans leur Famille amoureuse, car quant aux autres qui n’ont eu que l’esprit commun, ou qui n’ont pas eu l’honneur d’estre escrits dans la Famille amoureuse, leur ame meurt avec celles des femmes & des chevaux: voyla d’estranges sottises qui sont suyvies & secondées par des horribles blasphemes, couchées au long par le mal’heureux Lucilio au livre De Admirandis Naturae Deae Reginaeque mortalium arcanis, au Dialogue xlvi. pag. cccxxviii. /885/ Apres tous ces mal’heureux Escrivains sont venus les nouveaux Libertins de nostre siecle, qui ont enchery sur le marché de Cardan & de Lucilio, en ce que publiquement, & sans honte ils avancent cette maudite Maxime, Qu’il n’est pas asseuré que l’ame de l’homme soit immortelle, & que par consequent il vaut mieux tenir le present qu’abbayer à l’avenir, & prendre en ce monde ses plaisirs, que de courir apres une felicité incertaine, & imaginaire de l’autre monde. /886/ C’est ainsi que Lucilio Vanino le plus infame Atheiste de nos iours, a cependant escrit contre les Atheistes, ainsi qu’un usurier crie contre les autres, quoy que ce soit avec un dessein bien different. /893/ Il faut bien que cette Maxime soit meschante, puis que les bons & les meschans la condamnent, car pour les bons voyla ce qu’en dit Sainct Iean Chrysostome, & quant aux meschans, Hierosme Cardan, & Lucilio Vanino qu’on peut appeller le Consulat d’Atheisme, trouvent que c’est discourir en beste, dire, Nostre ame est mortelle, donques remplissons-nous de plaisirs infames & vilaines. /894/ Et pour Lucilio Vanino, il avoit ordinairement en bouche, que quant aux plaisirs du corps, il faut laisser faire la nature, que l’Immortalité de l’Ame n’y fait bien ny mal, que quand vos sens vous demanderont quelque chose, vous la leur donniez sans considerer, mourray-ie ou ne mourray-ie pas. C’est à di/895/re, Qu’il faut vivre en beste brute, suivant les Maximes de nos Epicuriens, soit que l’ame soit immortelle ou non: Car cét antecedant à leur dire, ne s’attache point à cette consequence. I’ay grande honte que nostre siecle ait porté des bestes si desnaturées au milieu du Christianisme. /908/ Quand il se verront tels que se descrit le sieur Theophile en la Satyre de ses sueurs infames, quand ils tomberont à pieces & lambeaux, quand leurs os seront cariez par les gouttes, leurs reins greslez par une certaine de cailloux, leur poil au vent, leur corps dans un hospital, ou entre les mains d’un bourreau pour vomir leur ame malheureuse, comme Fontanier & Lucilio Vanino, lors ils commenceront à voir que leur ame est immortelle, leurs corps une carcasse. /935/ Il est vray que parlant à la rigueur & en termes purement Theologiques, le peché est un Rien, d’autant que c’est une privation [...] & que nos Epicuriens disent mieux qu’ils ne pensent, quand ils disent que pour rien les Anges ont esté chassés du Ciel, Pour rien nos parens ont esté bannys du Paradis terrestre, Pour rien Iudas, Cain, Luther, Calvin, Vanino, Pomponace, Cardan, & ces deux mal’heureux Theophiles de Constantinople sont damnés à tout iamais. /943/ Or nos nouveaux Epicuriens, lesquels ie puis appeller fort egalement aprés le devot Pere Pierre de Bloys en son Epistre troisiesme, Culinarios histriones, sont d’advis que l’ame de l’homme est de mesme /944/ espece, & de mesme essence que l’ame d’un cheval: le premier Atheiste de nostre temps qui a publié impunément cette maudite doctrine, ç’à esté Hierosme Cardan, & le miserable Lucilio Vanino au quatriesme livre de ses Dialogues au Traicté de la Resurrection des corps. /964/ Le mal-heureux Lucilio Vanino Atheiste tres envenimé, tesmoigne en ses Dialogues qu’il a recogneu dans Geneve, un Ministre Flamand qui se moquoit de tout ce qu’on appelle scrupule, nommément en matiere de vilainies, & dogmatisoit publiquement dans cette Bethaven, que les incestes en premier & seconde degré, ne sont pas plus grand peché que les actions iournalieres de boire & manger; Et rendoit une raison du tout horrible, pour laquelle il s’imaginoit que les Loix humaines seulement, & et non pas les Ordonnances divines eussent defendu les incestes. Meschant & abominables surgeon de Gomorrhe, qui meritoit avec Lucilio Vanino d’estre bruslé tout vif à petit feu, s’il eust trouvé des Magistrats aussi zelez à punir les villainies. /965/ Voyla ce que les Libertins & Atheistes de nostre temps, qualifient du nom de scrupule, & encores ce mot de scrupule n’est pas agreable au miserable Lucilio Vanino, ny a nos ieunes Epicuriens; car il ne les /966/ appellent point autrement que, L’Inquisition d’Espagne, ou bien, la Tyrannie du Pape. /972/ Toutes ces conditions se sont naïfvement verifiées en la personne de trois meschans Libertins, sçavoir en la personne de Lucilio Vanino, depuis que Francon l’eust deferé, en Fontanier dés l’heure que le Lieutenant Criminel l’eust surpris, dictant ses impietez dans sa maison de la ruë de Botizy, & en la personne d’un ie ne sçay qui, lequel est si surpris & interdit depuis le retour du Roy, que quand il voit parler du nom du Magistrat, ou qu’il void la barre des Sergens, le sang luy glace dans les veines: ie n’en veux autre tesmoin que luy mesme, car il disoit il n’y a pas un moys à une personne, laquelle il redoubte, Ie campe maintenant, depuis le retour du Roy [...]. /972 (ripetuto)/ Les deux plus impertinens, que ie sçache, de tous les Atheistes, sont le malheureux Lucilio Vanino, & un homme de neant son disciple: car qui voudroit croire ces deux faineans à leur simple parole, s’engageroit à de grandes extravagances? Quant au maudit Lucilio Vanino, il ne fit iamais action que de poltron, ou d’enragé: tandis qu’il fut en sa liberté c’estoit le plus lasche vilain, que la terre porta iamais: il crioit & declamoit iournellement contre les Atheistes, & avoit tant de peur d’estre estimé Libertin, qu’il a faict /973/ des livres contre eux, ausquels il dit des merveilles de leurs malheureuses Maximes, & crie au loup aussi vaillamment que le plus courageux Pasteur de l’Eglise, il ne faut que veoir la Preface qu’il fait au Lecteur devant son Amphitheatre de la divine Providence: qui commence par ces mots, Ἀθεότητος Secta pestilentissima quotidie latius & latius vires acquirit eundo. Ayant faict ceste protestation, que le seul dessein qui luy a mis les armes aux mains, n’a esté que le seul desir qu’il avoit d’exterminer cette meschante & venimeuse Secte des Atheistes, qu’elles protestations est-ce qu’il ne faict de bon & Religieux Catholique? Quelles iniures ne dict-il contre le Libertins? Quelles loüanges ne donne t’il aux Peres de nostre Compagnie, comme aux plus vaillants champion de l’Univers, à son dire, pour terrasser cet horrible monstre de l’Atheisme? Estant à Tholose & rodant la Gascogne, devant qu’on eust descouvert sa malice, quelles paroles sainctes & sacrees, quels propos doüillets & sucrez ne tenoit-il? combien de confessions a t’il faict dans nos Eglises mesmes? Qu’elles predications a t’il perdu dans Tholose? combien de fois est-il venu voir & visiter nos Peres, pour leur demander des cas de conscience? le tout couvert d’une lasche hypocrisie, comme celle de ce maudit homme de neant, dont parle Photius, qui s’en alloit voir les Religieux appellez Fratres Longi, pour entretenir le simple peuple de Constantinople, soubs l’apparence de quelque feinte & dangereuse pitié. Mais aussi-tost que ce meschant homme de Lucilio /974/ Vanino fut descouvert & deferé par Francon, ainsi que i’ay declaré au premier livre, il se porta iusques à une rage desesperee, qui luy tira du cœur & de la bouche des blasphems si horribles, qu’ils font cognoistre que le bon Dieu est grandement patient [...]. Lucilio en estoit de mesme, tousiours lasche, ou tousiours enragé, iamais en la mediocrité, car le vice qui n’est que plomb, ne sçait que c’est de la mediocrité d’or. Apres le malheureux & traistre Lucilio, il faut que i’examine les lasches & poltrones rodomontades du meschant homme de neant, qui ne vaut pas plus que luy. /982/ Le mal’heureux Lucilio, & Cardan devant luy, n’avoit aucun suiet de faire cette question au livre de l’Immortalité de l’ame, D’où vient que ceux qui ne croyent pas l’Immortalité de l’ame sont ordinairement plus gens de bien & plus genereux que les autres? A Cela ie dis que c’est un Probleme chimerique moulé dans la teste creuse de Cardan & de Lucilio; c’est tout au contraire, & faudroit pour faire un bon Probleme demander la raison pour quoy ceux qui ne croyent pas l’Immortalité de l’ame, sont des poltrons, atteins & combatus ordinairement de frayeurs paniques, & le probleme ou la question de Lucilio & de Cardan est semblable iustement à celle que pourroit faire un estourdy: pourquoy les barres de fer nagent si bien sur l’eau, pourquoy les grenoüilles volent si /983/ bien en l’air, & d’où vient que les citroüilles sont courtes de plume? /986/ Apres Machiavel les deux plus meschans Libertins que ie cognoisse en cette matiere ont esté le miserable Lucilio Vanino: & le bon homme Estienne /987/ Pasquier, il est vray que l’un a esté plus fin & rusé que l’autre, mais ils sont egalement venimeux, si on regarde leur façon de faire. Lucilio Vanino en son Dialogue lviii, qui est de la Resurrection des morts, marche si subtilement en besoigne, & pose si iustement ses relais, qu’il faut estre bien fin & rusé pour s’eschapper de ses filets: car ce Diable incarné ayant entrepris d’esteindre & aneantir la creance de la Resurrection generale des morts, & de l’immortalité de l’ame, commence par la persone de son disciple Alexandre, auquel il fait dire de grandes & excessives loüanges de Platon & de Socrate, ausquelles s’estant accordé, comm’estant de mesme advis, & recognoissant en Socrate quelque divinité par dessus le commun des hommes, c’est à dire, cet esprit qu’il avoit appellé Esprit de demon, ou esprit excellent, en fin il vient finement à ses intentions [...]. Alexandre iouänt son roolet, dit: Socrates fuit vir integerrimus, et puis Lucilio respond en sa personne: Ipse posteros docuit expedire Reipublicae, ut plebs confictis prodigiis in Religione decipiatur, comme s'il disoit plus clairement: Vous dites vray, mon enfant, Socrate estoit un grand homme: or voyez comment il s'est comporté, et apprenés que c'est luy qui nous a le premier enseigné cette Maxime, qu'il faut se servir du pretexte de la religion pour tromper et abuser la populace. Et puis il fait un grand denombrement de miracles controuvés, de resurrections fabuleuses, qui ont eu vogue parmy la Gentilité, et credit pour amuser le simple peuple, et à la lecture de tout le Dialogue, il se void clairment l'intention de ce meschant homme, estoit de nous persuader que nostre creance touchant la Resurrection generale des morts n'est qu'un amusement, ou un espouvantail dans une cheneviere. /988/ Il en dit quasi le mesme en substance au Dialogue des Apparitions, en celuy des Oracles, & en celuy de la Religion des Payens, & à parler proprement, tous ses quatres livres de Dialogues ne sont autre chose qu’un continuel descry de nostre Religion; & i’estime que ce mal’heureux livre, qui sert de breviaire à nos Libertins, est le plus abominable & le plus meschant ouvrage qui fut iamais escrit de main d’homme. L’autre Libertin, qui seroit bien dangereux, si on ne cognoissoit ses bavardises, c’est le bon homme Estienne Pasquier: il n’est à la verité, ny fin ny ingenieux, & il y a cette differance entre luy & Lucilio Vanino, que Vanino estrangle ses lecteurs avec un filet de soye, tant il est deslié en sa malice, & le bon homme Estienne Pasquier le faict avec un lasset d’estouppe, il est grossier en ses pensées, mais il n’est pas moins malicieux que l’autre [...]. I’en dis le mesme du bon homme Maistre Estienne Pasquier, auquel la charité Chrestienne m’oblige de porter compassion, car d’un costé ie voy qu’il est excusable, d’autant que c’est faute d’esprit & de science, /989/ qu’il seme les Atheismes & impietez dans ses Œuvres: mais de l’autre, ie voy que ses ignorances & ses defauts d’esprit ont le mesme effect dans les ames, que les malices noires de Lucilio. /998/ Or le plus abominable & enragé qui fut iamais en cette matiere, sans preiudice de Cain, Iudas, & de Carpocras, c’est le maudit Lucilio Vanino: car ce /999/ belistre a faict des Dialogues exprez pour aneantir les Sacremens de l’Eglise, & les rendre entierement profanes ou ridicules, sa malice est d’autant plus à craindre qu’il fait du marmiteux, & par des paroles sacrées en apparence, il inspire le venin iusques dans les moëlles des ieunes Atheistes & Libertins, qui sont assez capables pour recevoir ses malheureuses impressions, & ne le sont pas assez pour les cognoistre, devant que d’avoir avalé le poison. Il faut que ie descouvre icy le desespoir enragé du personnage, affin de des-abuser ceux qui pourroient se laisser aller à la lecture de son livre, soubs pretexte qu’ils l’ont imprimé par appobation & privilege, d’autant que nous sçavons, que ce pernicieux Atheiste apres avoir receu le Privilege & l’Approbation des Docteurs, changea malicieusement son dessein, & supposa cet avorton d’Atheisme aux cayers qu’il leur avoit faict voir pour monstre de toute la piece, & qui plus est attacha sur le front dudit enfant bastard un tiltre plein d’impieté, qui n’eut iamais passé ny soubs le Seau de France, ny soubs la plume des Docteurs, s’ils eussent veu ces mots en face, De Admirandis Naturae Reginae Deaeque mortalium arcanis. Cela supposé avec l’autre finesse que i’ay descouverte au premier Livre, touchant les entreparleurs de son Dialogue, ie viens à mon suiet, & dis que le plus horrible blasphemateur qui fut iamais contre les Sacremens de l’Eglise, voire par dessus Cain, Iudas, & Carpocras, ça esté ce malheureux fortbanny, & voicy comment. Apres qu’il a forcé son naturel & contrefait le devot, disant à tous propos des merveilles de l’eau beniste, /1000/ des Dialogues de S. Gregoire, de la lecture des livres defendus, de la frequentation des Sacremens: en fin n’en pouvant plus il leve le masque, & en deux divers Dialogues, il dit qu’à la verité l’usage de certain Sacremens est loüable, & qu’il le faut retenir, mais qu’apres tout, c’est le mariage en qualité de sacrement, qui faict naistre les hommes comme bestes & sans esprit: & pour moy, dict-il, ie desirerois de tout mon cœur estre né hors de legitime mariage, & estre bastard, car ie serois asseuré que i’en aurois meilleur esprit, & meilleure complexion de corps. /1004/ Ainsi en faisoit le miserable Lucilio Vanino, quand il se glissa dans la familiarité du sieur Fiançon: c’est le train que pratiquoit le maudit Mezentius, quand il gagna l’esprit de Ronsard & de Rapin, c’est la methode que tenoit Cosme Ruggeri cét infame Atheiste, qui se couvroit du voile de pieté pour avoir l’entrée dans les maisons des Seigneurs vos ancestres: En somme c’est ainsi que Fontanier ce miserable renegat s’introduisoit dans la cognoissance des grands, ayant pris pour enseigne de son logis le nom de Iesus, pour abuser les foibles esprits de la ieunesse. /1005/ A t’on pas veu le miserable Lucilio Vanino roder de maison en maison, & parcourir toute la Gascogne, se glissant dans les Noblesses pour escumer le pot, & faire des complimens de parasite? a t’on pas veu le maudit Cosme Ruggeri faire publiquement le mestier d’escornifleur, de plaisantin, de preneur d’Horoscopes, les plus favorables qu’il pouvoit, & conformes aux humeurs de ceux qu’il vouloit gagner à son party? /1007/ Le plus meschant renard qui ait usé de cette malicieuse finesse a esté le mal’heureux Lucilio Vanino, qui /1008/ a fait des livres remplis d’une dangereuse impieté, car dans son Amphitheatre il parle en Catholique, dans sa Sapience, il parle en Philosophe Payen, mais dans ses Dialogues il discourt en parfaict Atheiste, en sorte neantmoins qu’il peut desadvoüer toutes les impietés, d’autant qu’il se couvre d’un sac mouïllé, il les faict prononcer à son disciple Alexandre, il les rapporte de quelque mal’heureux Atheiste, lequel il aura, dit-il, cogneu à Amsterdam ou à Geneve, & au bout du conte, il se void que ce n’est autre que luy mesme qui nous estalle ses blasphemes sous le nom de quelque homme de paille. Sa finesse git en ce qu’il avance des propositions horribles, disant ie me trouvay à Geneve, où ie vis un mal’heureux homme, qui soustenoit telle & telle Maxime, qui disoit tel & tel propos scandaleux, & prouvoit son dire par telles & telles raisons, mais ie luy respondis bien, & luy remonstray, qu’il faut en cela se soubmettre au iugement de la sacrosaincte Eglise Romaine [...]. De mesme Lucilio /1009/ Vanino, esprit enragé contre Dieu, a faict des livres abominables, lesquels en apparence sont contre l’Atheisme, car son Amphitheatre porte nommément pour tiltre adversus Atheos, & neantmoins le dedans n’est qu’une pure introduction à l’Atheisme: & pour plastrer son affaire plus favorablement, aprés qu’il a prononcé quelque horrible blaspheme, disant pour toute solution, qu’en cela il faut s’en remettre au iugement de l’Eglise, il introduit son disciple, qui est faict au badinage, qui luy tient de discours: Tam acute adversus Atheos disseris, ut eorum Antagonista, iure merito ab omnibus vociteris. Au Dialogue lvi, page ccccxxii [...]. Voyla l’humeur de nos ieunes Atheistes, c’est ainsi que Lucilio Vanino le pratiqua iusques à son emprisonnement. /1013/ Le premier rang contient le Pomponace, le Paracelse, & Machiavel, car pour la Clavicule de Salomon, ce ne sont que des imaginations de quelque teste creuse, c’est la quadrature du cercle des Atheistes, elle ne se trouve point pourtant à ce que disent les vrays & parfaicts Cabalistes, pour le Pomponace ie n’en puis dire autre chose, sinon que c’est un tres-meschant homme à ce que ie puis voir dans le miserable Lucilio, car n’ayant iamais graces à Dieu perdu le temps à la lecture de ses impietés, ie n’en sçaurois porter tesmoignage sinon sur le rapport d’autruy. Il est vray que dedans les Dialogues de ce miserables vilain ie le voy tousiours qualifié de ces titres par Alexandre, Tuus Pomponatius, ou bien Pomponatius Philosophorum Deus, & lisant les impietez par luy rapportées ie dis que cet homme devoit estre quelque Diable incarné, comme Cornelio Agrippa. /1014/ Le second rang de la Bibliotheque de nos Atheistes, contient Hierosme Cardan, Charron, & Lucilio Vanino [...]. /1015/ Quant à Lucilio Vanino i’en ay dit icy dessus mon advis fort amplement. Ie n’ay veu de luy que trois livres differens: sçavoir son Amphitheatre, sa Sagesse, & ses Dialogues, dans son Amphitheatre il parle en Hypocrite, en sa Sagesse il parle en Cynique, en ses Dialogues il parle en parfaict Atheiste, & c’est le plus pernitieux ouvrage qui soit sorty en lumiere il a cent ans en matiere d’Atheisme, ce que ie suis obligé de dire pour desabuser quelques simples esprits, qui l’ont /1016/ parcouru avec une dangereuse innocence, d’autant qu’ils se sont persuadez qu’un livre qui se vend publiquement avec approbation des Docteurs, & Privilege du Roy se peut lire impunement: mais i’ay d’escouvert cy devant la voye que ce maudit homme avoit faict pour obtenir Approbation, & Privilege. /1024/ A l’imitation & à la suytte de ces Libertins, sont venus nos Atheistes qui ont tenu le mesme train, & comme brigans de peur d’estre recogneus ont changé leurs noms propres, pour se cacher comme Chameleons [...]. Ainsi le miserable Lucilio changea de nom trois ou quatre fois, & à mesure qu’il gaignoit pays, il se donnoit de nouveaux titres, car estant en Gascogne il se faisoit nommer le sieur Pompeio, & par les noblesses on ne le cognoissoit point sous autre titre. En Hollande il s’appelloit /1025/ Iulio Caesare, à Paris lors qu’il voulut imprimer il se qualifia du nom de Iolio Caesare Vanino, à Lyon imprimant son Amphitheatre, il adiousta le mot de Taurizano: En somme estant à Tholoze devant la prise durant qu’on luy fit son procés il s’appella le sieur Lucilio. |
/31/ Lucilio Vanini, che fu bruciato a Tolosa per i suoi ateismi, come diremo avanti più ampiamente, ha rincarato la dose più dei due precedenti,[13] poiché ha scritto quell’infelice libro intitolato De Arcanis Naturae, Reginae Deaeque Mortalium, nel quale ha seminato la semenza delle sue empietà, trincerandosi ad ogni piè sospinto in questa clausola proditoriamente estesa: In his tamen me submitto Sanctae Romanae Ecclesiae iudicio. Quest’uomo maledetto ha dato una suddivisione degli spiriti più pericolosa di quella di Cardano e di Charron, affermando in più punti dei suoi dialoghi, e in particolare nel dialogo sulla Resurrezione dei morti e in quello sugli Oracoli che gli spiriti si dividono in Spiriti superstiziosi, che corrispondono /32/ agli spiriti delle bestie introdotti da Cardano e agli spiriti bassi inventati da Charron; in spiriti popolari, che sono in effetti gli spiriti mediocri di Cardano e gli spiriti comuni di Charron. Al vertice ci sono gli spiriti di demone, che sono – a suo dire – gli stessi che Cardano chiama spiriti di profeti e Charron spiriti deviati. |
Indice
(l’ordine cronologico, almeno per alcuni testi, si riferisce alla data di produzione e non di pubblicazione)
1619
1- Histoire Véritable de tout ce qui s’est fait et passé depuis le premier janvier 1619, Paris, Alexandre, 1619.
2- Mercure François, t. v, Paris, Richer, 1619.
3- D’Autreville, Inventaire général des affaires de France, Paris, Ian Petit-Pas, 1620.
4- C. Malingre, Histoire générale des derniers troubles, Paris, Ian Petit-Pas, 1622.
5- Histoire véritable de l’exécrable docteur Vanini, Paris, Soubron, 1619.
6- F. De Rosset, Les Histoire mémorables et tragiques, Histoire v, Paris, Chevalier, 1619.
7- G. de Catel, Lettera a Nicolas-Claude Fabri de Peiresc del febbraio 1619.
1621
8- J. Gaultier, Table chronographique de l’Estat du Christianisme, Lyon, Rigaud, 1621.
1622
9- M. A. De Dominis, Lettera a Giacomo I d’Inghilterra dell’11 febbraio 1622.
1623
10- M. Mersenne, Quaestiones in Genesim, Paris, Cramoisy, 1623.
11- Ch. Sorel, Histoire comique de Francion, Paris, Billaine, 1623.
12- Effroyables pactions faictes entre le diable et le pretendus Invisibles, 1623.
13- G. Naudé, Instruction à la France, Paris, Iulliot, 1623.
14- F. Garasse, La doctrine curieuse, Paris, Chapelet, 1623.
15- F. Ogier, Iugement et censure du livre de la doctrine curieuse, Paris, 1623.
16- F. Garasse, Lettres justificative del 6 novembre 1623.
17- M. Molé, Mémoires, t. i, Paris, Renouard, 1855.
1624
18- F. Garasse, Apologie, Paris, Chappelet, 1624.
19- J. de Silhon, Lettre à l’evesque de Nantes, 1624.
20- M. Mersenne, L’Impiété des Déistes, t. i, Paris, Bilaine, 1624.
21- M. Mersenne, L’Impiété des Déistes, t. ii, Paris, Bilaine, 1624.
22- Théophile de Viau, Apologie, 1624.
23- A. Remy, Deffence pour Estienne Pasquier, Paris, Ruelle, 1624.
24- F. Garasse, Epistre à Monsieur d’Oignon, Paris, Quesnel, 1625.
1625
25- F. Garasse, La somme théologique, Paris, Chappelet, 1625.
26- Ch. Besold, Dissertatio politioco-juridica de Majestate, Argentorati, Zetzner, 1625.
1626
27- J. de Silhon, Les deux vérités, Paris, Sonnius, 1626.
1628
28- R. Burton, The anatomy of melancholy, London, Crips, 1628.
29- Von dess Doctoris Julii Caesaris Vanini, sonsten Luciolus genandt, erschröcklicher gottloser Lehr, in M. Zeiller, Theatrum tragicum, Tübingen, Brunn, 1628.
1629
30- Ch. Cotin, Discours à Theopompe, 1629.
31- R. Fludd, Sophia cum Moria certamen, Frankfurt, Rötel, 1629.
1630
32- E. Richer, Vindiciae doctrinae, Coloniae, Egmond, 1683.
33- R. Descartes, Lettera del 17 ottobre 1630.
34- M. Mersenne, Questions rares et curieuses, Paris, Billaine, 1630.
1632
35- G. Franzosi, De divinatione per somnium, Francofurti, Beyer, 1632.
1634
36- J. de Silhon, De l’immortalité de l’ame, Paris, Billaine, 1634.
1635
37- C. Clemens, Musei, sive Bibliothecae, Lugduni, Prost, 1635
38- J. J. De Loyac, Le libertin converty, Paris, Toussainct du Bray, 1635.
39- J. A. de Richelieu, Mémoire, mss.
40- J. Gaches, Mémoires mss.
41- S. Dupleix, Histoire de Louis le Juste XIII, Paris, Sonnius, 1635.
1637
42- J. Cluver, Historiarum totius mundi Epitome, Lugduni Batavorum, Marcus, 1637.
43- F. de la Mothe le Vayer, Petit discours de l’immortalité de l’ame, Paris, Courbé, 1637.
1639
44- G. Voet, De atheismo, Utrecht, Roman, 1639.
1641
45- H. Sponde, Annalium Emin.mi Card. Caes. Baronii continuatio, Lutetiae, La Noue, 1641.
46- A. D’Abillon, La divinité defendue, Paris, Iosse, 1641
47- M. Ruar, Lettre à Mersenne del 13 settembre 1641
48- M. Mersenne, Lettre à Ruar del 1° dicembre 1641.
1642
49- F. Grenaille, La mode ou le charactère de la religion, Paris, Gasse, 1642.
1643
50- G. Patin, Lettre à Ch. Spon del 16 novembre 1643.
51- G. B. de Gramond, Historiarum Galliae, Toloae, Colomerius, 1643.
52- M. Schoock, Admiranda methodus, Utrecht, Waesberge, 1643.
53- R. Descartes, Epistola ad cel. virum Gisbertum Voetium, Amsterdam, Elzevir, 1643.
1645
54- R. Descartes, lettera del 16 giugno 1645.
55- S. Desmarets, Ultima patientia, Groningae, Nicolai, 1645.
1646
56- M. Schoock, Necessaria et modesta defensio, Groningae, Nicolai, 1646.
57- S. Desmarets, Bonae fidei sacrum, Groningae, Nicolai, 1646.
1647
58- C. van Baerle, Epistolarum liber, Amsterdam, Blaev, 1647.
1650
59- Naudaeana et patiniana, Paris, Delaulne, 1701.
60- Patiniana, ms. 7071 della Österreichische Nationalbibliothek di Vienna.
1653
61- Zacharie de Lisieux, Saeculi genius, Paris, Cramoisy, 1653.
62- Th. Raynaud, Erotemata de malis ac bonis libris, Lugduni, 1653.
1655
63- Ch. Sorel, La science universelle, t. iv, Paris, Le Gras, 1655.
1657
64- L. Guez de Balzac, Socrate chrestien, Paris, Courbé, 1657.
65- G. Tallemant des Reaux, Historiettes, t. i, Paris, Levavasseur, 1834.
1690
66- J. E. Schwelling, Exercitationes cathedrariae, Bremae, Brauer, 1690.