Testimonianze

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14 – 1623. François Garasse (1585-1631).

La doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps ou pretendus tels, contenant plusieurs maximes pernicieuses à l’Estat, à la religion, & aux bonnes Moeurs, combattue et renversee par le P. François Garasssus de la Compagnie de Iesus. A Paris, Chez Sebastien Chappelet, ruë sainct Iacques au Chapelet. mdcxxiii. Avec privilege et approbation, [19], 1025, [59] p.

Il privilegio è datato 19 marzo 1623 e il testo risulta «achevé d’imprimer» il 18 agosto dello stesso anno.

/31/ Lucilio Vanino qui fut bruslé à Tholoze pour ses atheismes, ainsi que nous dirons icy bas plus amplement, a renchery par dessus les deux precedans, car il a faict un mal’heureux livre De Arcanis Naturae, Reginae Deaeque Mortalium, auquel il a semé la graine de ses impietés en se retranchant à tous propos dans cette clause traistreusement entenduë: In his tamen me submitto Sanctae Romanae Ecclesiae iudicio. Ce maudit homme a faict une division des Esprits encores plus dangereuse que celle de Cardan, ny de Charron, disant en plusieurs endroits de ses Dialogues, & nommément au Dialogue de la Resurrection des morts, & en celuy des Oracles, qu’on void trois especes d’Esprits par le monde, sçavoir des Esprits superstitieux, qui respondent /32/aux esprits des Bestes introduits par Cardan, & aux esprits Bas inventez par Charron: des esprits populaires, qui sont en effect les esprits Mediocres de Cardan, & les esprits Communs de Charron: En somme il se void des esprits de Demon, qui sont à son dire, les mesmes que Cardan appelloit esprits de Prophetes, & Charron, esprits Escartez.

Pour les superstitieux, dit Vanino, ils prennent tout pour argent contant, ils croyent tout ce qu’on leur dit, du Purgatoire, de l’Enfer, des Indulgences, de l’eau Beniste, quam Alexander Christianorum Doctor & Pontifex, divinae legis interpres, dit ce mal’heureux Atheiste, innumeris privilegiis condecoravit, ils reçoivent tout comme pain Benit, ils s’en vont le grand chemin: Les Esprits Populaires choisissent & croyent ce que bon leur semble, ils usent de leur iugement, ils ne se tiennent pas tousiours en curatelle, pourveu qu’ils croyent les choses essentielles ce leur est assez: mais les esprits de Demon vont au delà de tout ce qu’on se peut imaginer.

Et de ceux-là, dit-il, il y en a trois especes, car les uns ont l’esprit excellent pour les choses manuelles, comme sont la Peinture, l’Architecture, les instrumens de Musique, & ceux-là sont animez à son dire, par un esprit melancolique, qui s’appelle Daemon inferior: les seconds ont l’esprit excellent pour les choses naturelles, comme sont la Philosophie, la Medicine, la Iurispreudence, l’Eloquence, & ceux-là sont animez par un esprit posé & raisonnable qui s’appelle Daemon medius. Les troisiesmes ont l’esprit relevé pour entrer dans les secrets de la Divinité, secoüer le pesant ioug de la tyran/33/nie se mettre en franchise, ceux-là sont animez d’un esprit espuré, qui s’appelle Daemon sublimis. Voyla des chimeres [...] ridicules & pernicieuses [...].

En somme il s’est eslevé depuis peu une bande d’Atheistes qui ont faict un pot pourry de toutes ces fantaisies, & ont introduit une nouvelle distinction d’esprits [...]. La première est des esprits Mechaniques, qui sont en effect les esprits que Cardan appelloit esprits de Bestes, Charron esprits Bas, Vanino, esprits superstitieux [...]. La seconde espece d’esprits [...] est celle des esprits Nobles, qui sont à peu prés ceux que Cardan nommoit esprits d’Homme, Charron esprits Communs, Vanino esprits Populaires [...]

/34/ [...] La troisiesme espece d’esprits est celle des esprits Trascendans, qui volent par dessus les autres de cent cinquante brasses, qui se perdent dans les nuées, qui contentent la douce nature, qui ne sont pas de ces cruels ennemys de leurs sens, qui voltigent par les cabarets d’honneur [...] Ce sont en un mot les mesmes esprits que Cardan appelloit esprits de Prophetes, qui disent des merveilles quand il sont pleins de vin, Charron esprits Escartez, qui neantmoins ne s’escartent iamais du chemin de la taverne, Vanino esprits de Demon, car quand ils sont yvres, les bons Seigneurs, ils ressemblent à des Lutins incarnez, & telle est la distinction de leur esprits.

/43/ Le plus sot, comme de raison ç’a esté Lucilio Vanino, pauvre papillon, lequel du fonds de l’Italie s’est venu brusler au feu du Languedoc, comme si le feu du Vesuve ou du mont Gibel n’eust pas esté aussi chaud ou aussi capable d’expier ses ordures, que les braziers de France. Or pour marquer l’orgueil insupportable, & la bestise de ce personnage, il faut supposer qu’il a faict un livre, de Arcanis Naturae, Reginae Deaeque Mortalium, lequel nous examinerons icy bas plus amplement, & ce livre il l’a faict en maniere de Dialogue, à la coustume des Platoniciens, auquel il introduit deux entreparleurs, à sçavoir Alexandre le Grand et le sieur Lucilio Vanino, qui luy respond soubs la personne du Iurisconsulte, comme si Aristote respondoit aux doutes de son disciple Alexandre.

Marquez, Lecteur, luy avoit un peu d’esprit, puis qu’à son dire les bestes en ont bien, n’a pas esté du tout sot: car il a semé sa doctrine en forme de Dialogue pour deux raisons principalles: La premiere, afin que quand il avanceroit quelques Atheismes, ce qu’il faict à toutes les pages, il les peust desadvoüer plus aisément, disant que ce n’est pas de luy, ny de sa besongne que telles maximes ont esté publiées, mais qu’il les escrit ne plus ne moins que Sainct Thomas escrivit les arguments & les obiections contraires à sa doctrine pour y repondre. La seconde afin qu’il eust plus de /44/ liberté de dire ses loüanges impunément & sans scrupule, ce qu’il faict quasi avec autant de franchise Gauloise, que feu Maistre Estienne Pasquier en les Recherches & Epistres: car à tout propos il introduit le bon Alexandre qui s’estonne de ses resolutions, comme si iamais Aristote n’avoit eu des pensées égales aux siennes, & luy fait dire souvent ces paroles d’estonnement. O quam sapientia a te Vanino dictum est!.

Mais pour ne charger le papier de ses impertinences, il me suffit d’en rapporter un exemple qui en vaut une centaine: car à la fin du Dialogue liv qui traicte des Demoniacles, & lequel nous examinerons au livre vii aprés une infinité de ravauderies par luy prononcées, il faict que le bon Alexandre estonné comme Cestius Miratus, ne sçait quelle contenance il doit tenir, & en fin comme tout ravy par l’excellence pretenduë de ses merveilleuses maximes, il dit: Non ego Thomae Mori exemplum imitabor, qui cum Erasmum accuratissime disserentem excepisset ignoto habitu, ita dixit, vel Daemon es, vel Erasmus. Ie ne sçay, dit Alexandre, si ie ne dois point dire comme Thomas Morus, lequel ayant ouy discourir Erasme desguisé, luy dit, ou vous estes un Demon, ou vous estes Erasme, & puis il adiouste incontinent en la page ccccix: Sed ita de tua sapientia eloquar; vel Deus es, vel Vaninus. Mais il faut que ie confesse en parlant de vostre sagesse, que vous estes, ou bien un Dieu, ou bien le sieur Vanino.

A cette folle iactance i’adiouste qu’Alexandre n’avoit gueres bien faict son profit sous la discipline d’Aristote, car son dilemme ne vaut rien, ne luy desplaise, & il eust mieux argumenté s’il eust dit comme Se/45/neque le Retheur, quand il ouyt le declamateur Cestius haranguer sur ses propres loüanges vel Pecus es, vel Vaninus, ou vous estes une beste, ou vous estes le sieur Vanino: & moy i’adiousterois pour faire la consequence, Utrumque recte dicitur.

/144/ Les deux plus nobles executions qui se soient faictes de nos iours monstrent evidemment, que la fin des Atheistes dogmatisans est tousiours accompagnée d’une particuliere malediction de Dieu & des hommes. La premiere fut à Tholoze l’an 1619 le 9 de Fevrier, en la personne de Lucilius Vaninus, homme d’un courage desesperé, La seconde fut, en la place de Greve, l’an 1621, en la personne de Iean Fontanier, ieune folastre, d’esprit fort vagabond, comme il se verra par le cours de sa vie.

IV. Pour Lucile Vanin, il estoit Napolitain, homme de neant, qui avoit rodé toute l’Italie en chercheur de repuës franches, & une bonne partie de la France en qualité de Pedan: Ce meschant belistre estant venu en Gascogne, l’an 1617 faisoit estat d’y semer advantageusement son yvroye, & faire une riche moisson d’impieté, cuidant avoir trouvé des esprits susce/145/ptibles de ses propositions: il se glissoit dans les Noblesse effrontément pour y piquer l’escabelle aussi franchement que s’il eust esté domestique & apprivoisé de tout temps à l’humeur du pays, mais il rencontra des esprits plus forts et resolus à la defense de la verité, qu’il ne s’estoit imaginé. Le premier, qui fit la découverte de ses horribles impietez fut le sieur de Francon, gentilhomme de bon esprit et tres-grand courage, comme il a fait voir jusques à sa mort au service de la Religion et du Roi son Maistre.

Il escheut que sur la fin de l’an mcdxviii, Francon estant allé à Tholose, comme il estoit en estime de brave gentilhomme, de bonne et agreable compagnie, il se vid aussi tost visité par un Italien, duquel on parloit comme d’un excellent Philosophe & d’un esprit qui proposoit force curiositez toutes nouvelles: Il ne se découvrit pas neantmoins d’abbord, d’autant que c’est la maxime des meschans esprits [...] de se glisser doucement dans la creance & faire comme les aiguilles, qui entrent par la pointe dans le drap & aggrandissent l’ouverture pour en sortir, y laissant le filet attaché.

Cet homme disoit de si belles curiositez, des propositions si nouvelles, des pointes si agreables, qu’il s’attacha aisement à Francon par une sympathie de ses humeurs hypocrites, soupples et serviables: Ayant faict l’ouverture par ses pointes, il commença à monstrer l’estouppe; peu à peu il laschoit des maximes ambiguës, dangereuses, à deux revers, jusques à ce que ne pouvant plus couvrir le venin de sa malice, il esclatta tout-à-/146/fait & prononce de si estranges blasphemes contre la sacree humanité de Iesus Christ que Francon confessa depuis que les cheveux luy en herissoient en teste & qu’il mit deux fois la main sur son poignart, pour luy plonger dans le sein; mais qu’il fut retenu par une forte consideration, voyant que l’affaire s’estant passée sans tesmoings, il pourroit estre en peine apres le meurtre.

Il prit un meilleur expedient, car il defera cet impie au premier President, lequel ayant consulté l’affaire, le fit saisir sur d’autres dépositions secrettes: il fut ouy & examiné publiquement, & quoy que son esprit remuant le fournist des deffaictes assez plausibles en apparence, et que quelques uns des Iuges ne pensassent pas avoir des preuves suffisantes (comme il est bien mal-aisé en cette matiere) neantmoins il passa par la pluralité des voix, & fut condamné par Arrest à faire amende honorable, estre pendu, bruslé, & ses cendres iettées au vent, comme estant deuëment convaincu d’impieté & Atheisme.

Aussi tost apres sa condamnation il leva le masque, & voyant qu’il n’y avoit plus d’esperance pour luy, dit & publia que pour luy il estoit en cette creance, Qu’il n’y avoit point d’autre Dieu au monde que la Nature, profera plusieurs impietez contre Iesus-Christ, advoüa qu’il estoit sorty de Naples avec onze compagnons, lesquels comme douze Apostres de Satan, s’estoient departis en divers endroits de l’Europe, pour introduire cette nouvelle creance, & que la France luy avoit escheu pour quartier: qu’il avoit composé des livres touchant les principes de sa Do/147/ctrine, qui estoient comme l’introduction à l’Atheisme; Que pour luy il ne pouvoit se repentir ny modifier aucune de ses propositions: Quant à l’amende honorable que la Cour demandoit de luy suivant la forme ordinaire, à Dieu, au Roy, & à la Iustice. Pour Dieu, dict-il, ie n’en croy point: pour le Roy, ie ne l’ay point offensé; pour la Iustice, que les Diables l’emportent, si toutesfois il y a des Diables au monde. Estant sur le gibet, il profera encores trois ou quatre notables impietez, & mourut enragé.

/178/ Pour les beaux esprits, ils sont bien aises qu’on sçache qu’ils sont reservés & rencheris en leur creance: s’il y en a peu qui croyent en la bonne & douce Nature, comme la souveraine de l’Univers, & qui ne se laissent prendre à la pipée de la creance commune, il ne s’en faux pas estonner, d’autant qu’il y a fort peu de bons esprits au monde, qui ayent des pensées fortes, pour penetrer dans le livre De Arcanis Omnipotentis Naturae du miserable Lucilio, & un courage gente/179/reux pour sçavoir mespriser l’opinion du vulgaire & brider la superstition qui est un monstre servile & mecanique. Telle est la maxime de nos dogmatisans lors qu’il parlent en secret parmy les confidans.

/221/ I’ay dit que les beaux esprits de ce temps & les Heretiques sont égaux en malice, aussi sont ils en sottise, afin que le boiteaux n’eut point suiet de se mocquer du borgne. Les Athées font estat d’estre Philosophes, & en effect ces années passées, comme il fut question de faire le procés au miserable Lucilio dans Tholose, il y en avoit /222/ qui l’excusoient, disant que c’estoit un Philosophe, & quand il sortit de prison pour estre bruslé en la place de S. Estienne, il dit en se consolant, Allons & mourons en Philosophe.

/255/ Bien que le miserable Lucilio Vanino, qui estoit charlatan de profession, belistre d’extraction, Atheiste de Religion, & vagabond de son naturel, ait tasché de monstrer & par exemple, & par sa meschante doctrine, que les Philosophes, & Medecins sont ordinairement Atheistes, il n’a iamais sçeu venir à bout de sa preuve, laquelle est iniurieuse à cette honorable vacation, & contraire à la verité d’autant que graces à Dieu, nous cognoissons de tres-habiles Medecins, qui sont encores meilleurs Catholiques, & qui croyent en Dieu non par compliment comme nos ieunes estourdis; mais de bon coeur avec sentiment de Religion.

/301/ C’est la reponse que me fit cét hyver passé un brave ieune homme, lequel par la grande misericorde de Dieu & par bonté de son naturel, s’estoit heureusement sauvé du naugrafe, & retiré de cette mal’heureuse compagnie des Libertins & Atheistes, dans laquelle il s’estoit trouvé par son mal-heur engagé un peu plus avant qu’il n’eust esté expedient pour son salut [...] & nommément ne se pouvoit-il estancher quand il estoit question de parler du meschant & abominable Lucilio, lequel il avoit pratiqué, & en compa/302/gnie & dans ses livres, me disant, ce que ie sçavois desia assez plainement. Que s’est le plus mal-heureux & endiablé vilain qui fut iamais au monde. Ie le veux prouver par un exemple sans m’esloigner de mon subiet.

Ce maudit Atheiste a faict un Dialogue qui porte pour tiltre, De Resurrectione mortuorum, Auquel il fait comme en tous ses autres Dialogues, semblant de se rapporter au iugement de l’Eglise, quant à ce qui touche la Resurrection generale des morts, qui se fera sur la fin du monde, & la particuliere qui s’est faicte à ce qu’on estime par l’entremise de quelque Saincts, en plusieurs personnes decedées; mais il va ruinant tant qu’il peut, & proditoirement la verité de ce Mystere, par trois moyens aussi meschans l’un que l’autre. Le premier est rapportant une infinité de Resurrections feintes & fabuleuses, qui ont esté neantmoins estimées veritables parmy les Payens, pour dire par apres que s’en est le mesme, de celles que nous estimons veritables.

Le second est, disant que c’est la superstition de la simple populace, qui imputoit ces prodiges à la puissance des Diables: mais, dit-il, quant à cette opinion; Numquam ego subscribam, donec naturali ratione esse Daemones mihi probaverint. Moy, dit-il, qui ne croy pas qu’il y ait de Diables au monde, ne seray iamais de leur avis, iusques à ce qu’ils m’ayent fait voir clairement, & par bonnes raisons naturelles, qu’il y a des Diables en nature. Le troisiesme est, disant que toutes ces Resurrections qu’on dit avoir esté faictes, sont arrivées par remedes naturels, de certaines herbes qui ont cette force & proprieté de rendre la vie à un animal estant mort [...].

/303/ Pour la premiere elle est fort malicieuse; car raconter une centaine de fables touchant les Resurrections supposées des anciens, pour prouver la Resurrection des morts, c’est mettre la verité des nostres en compromis de ces anciennes sottises, & faire iustement comme si ie voulois bien authoriser le changement de la femme de Loth en statuë de sel, & que pour en venir à bout i’allois r’amasser toutes les Metamorphoses d’Ovide, & au bout de compte, ie disoit comme fait le maudit Lucilio Vanino, au Dialogue de la Resurrection des morts Lucianus responderet fabulosas esse has narratiunculas a mendacibus Graeculis excogitatas, et ab hypocriticis Platonicis sanctitatis fuco depictas. Ainsi, rapporter la Resurrection supposée d’Alcaestis, fils de Pelias, de Lamia, de Caelius Tubero, de Corfidius, de Gabinius & quelques autres qu’on dit estre revenus de mort à vie, & puis en suitte mettre celle du Lazare, de l’enfant de Naim, & la Resurrection generale de tous les hommes, n’est ce pas estre manifestement traistre & prevaricateur de la cause de Dieu? [...]

/304/ La seconde preuve employée par le mal-heureux Lucilio Vanino, pour renverser la verité de la Resurrection, estoit de dire que toutes ces Resurrections sont des enchantemens & des ouvrages de Sathan: [...] Il est vray que Lucilio, qui faisoit estat de croire qu’il n’y avoit ny Dieu, ny Diables au monde, estant en cela de la creance de Cosme Ruggeri, trouve un autre expedient pour sauver la verité des Resur/305/rections susdites, mais il est si ridicule & fabuleux, qu’il interesse plus la verité que s’il rapportoit tout à l’operation des Diables, car il dit, suivant les resveries de quelques Platoniciens, & de son Maistre Pomponace, que les ames separées de leurs corps ont une inclination si violente à se reiondre avec eux, qu’elles ne manquent pas d’y revenir au moindre suiet qu’elles en ayent, & que c’est pour cela mesme, que les anciens faisoient tant de sacrifices sur les tombes des trespassez pour inviter les ames à l’odeur de la chair grillée, & Circe mesme, dit-il, quoy qu’il estime cela aucunement fabuleux, enseignoit Ulysses dans Homere à faire revenir les ames des morts dans leurs corps avec du laict, du miel, des oeufs, du vin, de l’huile & de la farine, le tout meslé par ensemble. [...]. À voir les discours esgarés de Lucilio, il semble que les ames s’invitent à l’odeur de la chair rostie. Encores à t’il un peu d’esprit lors qu’il fit une reflexion, qui me semble bien aisée à faire, sçavoir, que si l’ame de ceux qui ayment le vin se pouvoit rappeller à l’odeur de cette douce liqueur, il y auroit beaucoup plus de resurrestions en Hollande, & en Allemagne qu’en tout autre quartier du monde, /306/ pource qu’en ce païs là on verse grande quantité de vin au iour des funerailles [...].

Le troisiesme remede fantastique de Lucilio Vanino merite une Section particuliere pour estre esclaircy comm’il faut, d’autant qu’il contient une malice particuliere, qui ne se peut exposer en peu de parolles [...].

/307/Or ie voy dans le Dialogue de Lucilio Vanino touchant la Resurrection des morts, tous les entreparleurs sont des becs iaunes, des niais, des Badebec, des personnes qui s’estonnent de tout, & qui font voir par leur estonnement, qu’ils ont fort peu d’esprit; Car Alexandre qui faict le disciple, & le plus ignorant, comme de raison, & Iules Cesar qui faict le maistre, monstre évidemment qu’il n’en sçait pas plus que son disciple, Iules Cesar dit des extravagances, Alexandre s’en estonne, & pour toute resolution de l’affaire, elle se termine par ces parolles Pensate voi! car comme Iules Cesar, qui fait du Docteur advance certe maxime, Que les morts peuvent revenir de mort à vie, Adhibitis herbarum succis, par le moyen des racines & des herbes medicinales, il s’en estonne luy mesme, & Alexandre pour toute response luy dit, Pensate voi! Est-il bien possible? le pensez vous bien? le pouvez vous croire? vous pouvez vous persuader cela? & toute sa preuve se resout au tesmoignage de Pline qui rapporte de Xantus ie ne sçay qu’elle chimere: par laquelle il dit qu’un dragon ramena son petit de mort à vie l’ayant frotté d’une herbe qui s’appelle Balis, quoy que Pline par aprés raccommode l’affaire, & adiouste ces paroles: /308/ Quae etsi fide careant, admirationem tamen implent.

/311/ Tel est le commun langage des nouveaux cabalistes, ainsi qu’il se peut voir en termes exprez dans la preface, que le mal-heureux Lucilio Vanino a attachée à son Amphitheatre de la Providence, en laquelle ce maudit hypocrite, qui leva le masque de son Atheisme dans Tholose, peu devant /312/ sa mort faict semblant de se plaindre que cette meschante persuasion comme une gangrene pernicieuse a gaigné & ravagé quasi tous les esprits du monde, qui estoient, dit-il, Opiniones de Superis atque Inferis ad concionatoriam plebeculam in officio servitioque continendam valere.

Que tout ce qui se raconte parmy nous de l’Enfer & du Paradis ne sert pour autre chose que pour contenir la populace en son devoir, & en une crainte mechanique, & que tous les beaux esprits en sont là logés, qu’ils ne croyent non plus ces choses que ce qui se raconte des Champs Elyziens, & de l’Acheron: Que neantmoins c’est une bonne finesse politique pour avancer les affaires d’Estat, d’autant que les sots se prenent par là comme des enfans à la veuë d’une pomme ou d’une image, & les larrons à la presence d’un gibbet, mais que pour eux, ils ont graces à Dieu trop bon esprit pour se persuader ces choses.

/373/ Nous ne disons pas, disent nos dogmatisans, qu’il faille se precipiter dans les hazards, & se ietter à l’aveugle au travers des halebardes ou dans le milieu des ondes, car /374/ ce seroit prevenir la destinée, mais nous disons qu’il ne faut user d’aucun discours, d’aucun preservatif, d’aucun antidote, & ne laisser saisir ou emporter son cœur à aucune crainte panique, comme sont les foibles esprits, mais se presenter hardiment aux hazards, affronter les destinees, & faire comme Lucilio qui mourut dans Tholose pouvant sauver sa vie, & ne le voulut pas faire de peur de perdre l’occasion de mourir en Philosophe.

/445/ A ce que ie voy les beaux esprits pretendus & leur maistre le miserable Lucilio dans son livre de la toute puissance de Nature, trouvent bien incroyables ce qui est raconté dans la Genese touchant la longue vie des /446/ premiers hommes.

/465/ Tel ont esté le Pomponace, l’Aretin, Cardan, Vanino, & Un ie ne sçay qui, banny de Cour, qui fait force belles iustifications surannées: Ces Atheistes lisent à la verité l’Escriture sancte, & mettent le pied dans ce Sanctuaire.

/641/ En somme le Maudit Lucilio Vanino grand Patriarche des Athées, & qui pour ses impietés fut bruslé tout vif a Tholose, quoy qu’il fasse du sçavant, & qu’il tasche de ramasser les plus belles /642/ phrases de Ciceron, parle neantmoins en vray ignorant, qui n’entend pas seulement les principes de Grammairie, comme quand il dit en ses Dialogues, de Admirandis Naturae, parlant d’Apollonius Tyaneus, le Vanin ou le Theophile de son siecle, il dit en la page ccccliv Apollonius Tyanus multos mortuos resurrexit.

/650/ Quant la creation du premier homme, ie voy que le maudit Lucilio Vanino est un meschant belistre: car en son livre de Adimrandis Naturae, au Dialogue xxxvii. Il en parle tellement, quoy que soubs l’escorce d’une tierce personne, qu’il monstre bien aux lecteurs entendus & penetrans, son impieté & le venin de sa malice, le tiltre est tel De prima hominis generatione. Puis faisant qu’Alexandre l’interroge touchant sa creance, en ce qui touche la creation du premier homme, il respond: Diodorus Siculus prodidit primum hominem fortuito, ex limo terrae genitum, nec desunt alij qui hanc fabellam pro vera historia crediderunt. Et quoy qu’il fasse semblant de renvoyer ce narré comme une chose chimerique, il l’establit neantmoins le mieux qu’il peut par preuves, par raisons, par authoritez, & en somme il conclut que c’est à la verité l’opinion des Atheistes: mais il la propose si cruement, il la combat si foiblement, il l’expose si nettement, qu’il n’est pas besoing de le mettre à la gesne: ses paroles sont assez claires.

Sa principale sottise consiste en ce que laissant le recit du premier Chapitre de la Genese, qui est le seul veritable en cette matiere: il dit que quelques-uns ont estimé que l’homme estoit né de la pourriture comme /651/ les rats, & que de cét advis sont Cardan & Pomponace, deux tesmoings bien recevables en matiere de Religion, d’autres estiment, dit-il, que l’homme est engendré de l’ordure des pourceaux & des grenouïllies, comme Mahomet; d’autres, Comme quelques Atheistes de bon esprit, Lesquels il appelle, Mitiores Atheos, ont pensé que l’homme venoit de la semance des guenons & des singes, laquelle se cultivant par apres vient à se perfectionner & prendre la forme d’homme. Ces Messieurs les Atheistes de bon esprit preuvent leur dire, par l’experience: d’autant que les hommes viennent courbez en leur vieillesse, comme s’ils vouloient marcher à quatre pattes, qui est signe, qu’ils ont esté bastis & formez en cette posture dés leur commencement: & que s’il y a bestes au monde qui ayent donné la naissance à l’homme, ce doivent estre les singes & les magots.

Cét homme estoit un pernicieux coquin, qui comme un Philosophe Pyrrhonien, revoquant toutes choses en doute, & proposant pour le mensonge les meilleures raisons qu’il sçavoit, a tellement affoibly la verité, qu’il l’a rend aucunement ridicule par ces revirades venimeuses. Car apres avoir de bon sens proposé ses maximes d’impieté, il faict semblant de s’en remettre au iugement de l’Eglise, & faisant le marmiteux, il clost son Dialogue par ces paroles: Sed quaeso haec doctis Sorbonae senibus relinquamus. C’est ainsi que faict Buchanan, lequel apres avoir vomy dix mille imprecations contre les Roys & l’Estat Monarchique, en fin s’excuse, disant qu’il n’est pas Theologien, & qu’il laisse cette question aux Theologiens.

/652/ La malice de Lucilio paroist encores en ce point, qu’apres avoir dit que la condition de l’homme est pire que celle des bestes, il fait demander à son Disciple, sçavoir, si la rebellion des bestes envers l’homme ne vient pas du peché de nos premiers parens, & puis il adiouste que c’estoit un grand plaisir d’estre Dans ces champs Elisiens de l’innocence, Lors que les bestes, à ce qu’on dit, obeyssoient à nos parens: il donne cette consolation à son disciple: Ne ingemiscas, nam & post peccatum oviculae parent homini, & ante peccatum serpens.

Et son disciple qui est faict au badinage, fait l’Epilogue de tout l’affaire disant, Dictum puto, ie pense qu’on le dit. Et c’est ainsi que ce mal-heureux, profane la verité de nos mysteres, proposant l’erreur en termes efficaces, & la veritè le plus foiblement qu’il luy est possible: finesse Diabolique, usitée de toute ancienneté parmy les meschans, & nommément entre les Manicheans, ainsi que nous pouvons voir aux responses de S. Augustin à Iulian & à Fauste, les deux principaux Ministres de cette mal-heureuse Secte.

/657/ Le miserable Lucilio Vanino au quatriesme de ses Dialogues, fait ce qu’il peut pour descrediter cette histoire, & après avoir rapporté l’opinion de Iustin touchant l’impieté pretenduë de Moyse, qui se ietta, dit-il, dans un abysme pour se faire estimer Dieu, comme ont fait Romulus, Mahomet, Pline & quelques autres imposteurs, en fin il vient à l’histoire d’Elie, laquelle il met en parangon des autres, & puis il donne son sentiment par ces parolles: Mittamus has nugacissimas fabellas, enveloppant parmy des contes de vieille, l’histoire du ravissement d’Elie, & de la mort de Moyse, lesquels, dit-il, par ambition qu’ils avoient d’estre estimez dieux, se sont cachez en des lieux incognus, ou precipitez dans quelque abysme, pour persuader qu’il avoient esté ravis dans le Ciel: & le plus ouvertement ambitieux, à ce que dit ce mal-heureux atheiste, a esté Moyse, lequel n’a point faict la petite bouche, ny dissimulé l’envie qu’il avoit d’estre reputé Dieu, lors qu’il dit, que le grand Dieu l’avoit constitué Dieu de Pharaon.

/683/ Le miserable Lucilio Vanino a fait un tres-pernicieux livre, qui est comme l’Introduction à la vie indevote & l’apprendissage de l’Atheisme: le tiltre est aussi specieux comme impie, De Admirandis naturae, reginae deaeque Mortalium Arcanis. Ce tiltre ne promettoit que des merveilles touchant les curieuses Recherches de la Nature & les mysteres cachez de la Philosophie, & cependant il est semblable à celuy des Recherches de Maistre Pasquier, qui nous avoit promis des curiositez fort recherchées touchant le Royaume de France, & puis nous va donnner par le nez d’un maistre phy phy, & du mot de Carcaillet, avec Margot la Tripotiere & Patroüillet le bonnetier: ainsi en est-il du livre de Lucilio Vanino, car il porte sur le front un eloge fort specieux, qui promet des merveilles, De admirandis Naturae, Reginae, Deaeque Mortalium Arcanis.

I’avois pour moy conceu de grandes esperances, & au dedans i’ay veu des niaiseries ridicules. 1. Pourquoy les gouttes d’eau sont rondes quand elles tombent sur du sable. 2. Pourquoy les soufflets font du vent. 3. Comment il faut bander une arbaleste. 4. Pourquoy les mouches meurent en hyver. 5. Pourquoy l’homme n’a point /684/ quatre pieds. I’attendois qu’il adiustast la question tant celebre du Sophiste mentionné dans Seneque, Quare alaudae volant, cucurbitae vero non volant: ou bien pourquoy le verre se brise en tombant, & l’esponge ne se brise pas? Pourquoy le feu brusle & l’eau humecte, pourquoy les chats se peignent avec la pate, & les chiens se lechent avec la langue, pourquoy les rats ont de la barbe, & les grenoüilles n’ont point de queuë, & puis qu’il apposast au front de ces galantises ce tiltre specieux, De Admirandis Naturae, Reginae, Deaeque Mortalium Arcanis.

/686/ Ainsi nos ieunes atheistes abusent avec impieté du nom de Deesse, & de Royne, le donnant à cette partie animale, qui nous rend semblables aux bestes, & disent /687/ par le tiltre de leurs Livres, De Admirandis Naturae, Reginae Deaeque mortalium Arcanis. Car c’est comme si on disoit, des admirables grandeurs de la Reyne brutalité, de la Deesse gourmandise, de la Princesse yvrongnerie, & de l’Emperiere impudicité.

/698/ Le miserable Lucilio Vanino au Dialogue De prima hominis generatione, rapportant & approvant tacitement la sotte opinion de Cardan, qui disoit que l’homme se peut engendrer de la pourriture & corruption des bestes, & que par consequent une beste se peut changer en homme, s’oblige par une consequence necessaire à croire aussi reciproquement que l’homme se peut changer en beste.

/704/ Le maudit Lucilio Vanino pour authoriser d’autant son Atheisme, & aneantir le Sacrement de Mariage, faisoit un souhait digne de son impieté au Dialogue xlvi, lors qu’il desiroit d’avoir esté engendré hors de l’usage du Sacrement, & par consequent d’estre /705/ bastard, suyvant la reverie de ce vieux hypocondriaque, lequel fit des Paradoxes ridicules il y peut avoir environ cent ans: & taschoit de prouver qu’il vaut mieux estre bastard que legitime, d’autant, disoit-il, & Lucilio Vanino apres luy, que les bastards ont plus bel esprit que les legitimes. Maxime tres fausse & pleine d’impieté, comme ie monstreray plus clairement que le iour, au livre huictiesme.

/716/ Le plus venimeux que i’aye veu en cette matiere, c’est le miserable Lucilio Vanino, grand advocat de l’impieté, quand il dit en son Dialogue xxxvii: Profecto si feras capit homo, saepius capitur ab ipsis, Crocodilus e Nilo sola cauda venatur bibentes, nexibusque implicitos ad se trahit: item flagelis polypus urinatores, denique si interfecit homo, interficitur quoque, si vorat, voratur. Si l’homme prend les poissons, les poissons prennent l’homme, si l’homme tuë les poissons, il est tué par les poissons ou par les bestes de la terre. Mais bon Dieu, où est-ce que ce belistre avoit l’esprit?

/785/ La rage flastrée, c’est à dire, le desespoir de la rage se void en cinq ou six mal-heureux Escrivains, dont nostre siecle s’est avorté comme d’une maudite progeniture, le premier & le chef de tous est le Pomponace, esprit meschant & enragé, le second est Hierosme Cardan, qui par ces curiosités pernicieuses s’est porté iusques à la censure & condamnation des œuvres de Dieu: le troisiesme est le miserable Lucilio Vanino, qui est d’autant plus maudit & pernicieux, qu’il seme ses impietez soubs un pretexte honorable, de renverser l’Atheisme, faisant soubs main tous ses effects pour l’authoriser & enraciner dans l’esprit de ses Lecteurs: mais le plus abandonné de tous est le principal autheur du Parnasse Satyrique, qui s’en prend aux destins & à la Nature avec des parolles infames & avec des imprecations de Sodo/786/mite, comme si Dieu estoit ialoux & envieux de ses impudicités.

/801/ Pour chose si importante ils devroient avoir le courage de se faire brusler tous vifs, puis qu’ils font estat du miserable Lucilio Vanino, qui porta son desespoir, non pas seulement iusques dans des cabarets & tavernes secrettes: mais iusques dans le feu, & agoniza pour son impieté iusques à la mort.

/814/ Le miserable Lucilio Vanino avoit une tres-maudite Maxime, pour degrader & aneantir les Anges: car il disoit ordinairement /815/ entre ses confidans, que quant aux hommes & aux Anges, il ne faut point remplir le monde de feneans. Pour les hommes, disoit-il, il faudroit faire comme les buscherons font tous les ans dans les grandes forests: ils y entrent pour les visiter, pour recognoistre le mort bois ou le bois mort, & essemesler la forest, retrenchant tout ce qui est inutile & superflu, ou dommageable, pour retenir seulement les bons arbres, ou le ieunes baliveaux d’esperance.

Tout de mesme, disoit ce meschant Atheiste, il faudroit tous les ans faire une rigoureuse visite de tous les habitans des grandes & populases villes, & mettre à mort tout ce qui est inutile, & qui empesche de vivre le reste: comme font les personnes qui n’ont aucun mestier profitables au public. Les vieillards caduques, les vagabonds & feneans. Il faudroit essemesler la nature, esclaircir les villes, mettre à mort tous les ans un million de personnes, qui sont comme les ronses ou les horties des autres, pour les empescher de croistre.

Et quant aux Anges, il estoit d’advis de renvoyer tout cela en quelque nouveau monde, tel que seroit les Espaces de Democrite, ou les Pays nouveaux de Lucian, qu’il descouvrit dans le globe de la Lune.

/836/ Et pour les Dialogues de Sainct Gregoire, qui racontent des apparitions nocturnes, il renvoyoit tout cela comme autant de contes; en quoy il m’a semblé encores moins meschant que le mal-heureux Lucilio Vanino, lequel en vray traistre ruyne la vraye creance des Diables & des Enfers, dans le Dialogue De Oraculis & Sibyllis, disant, qu’à la verité il s’en remet à la creance de l’Eglise Romaine, mais que l’un des plus forts arguments qu’il ait pour croire les Diables, Les Enfers & l’immortalité de l’ame, sont les Dialogues du glorieux Sainct Gregoire, lesquels par une risée de vipere il appelle Venerables Dialogues, & qu’il s’en rapportera simplement à ce qui est raconté là dedans comme à des articles de Foy.

/849/ Ie trouve qu’il y a cinq meschans & pernicieux Escrivains, qui ont tasché de rendre cette verité mesprisable & profane, par leurs mal-heureuses inventions, sçavoir, Paracelse, Pomponace, Cardan, Agrippa, & Lucilio Vanino. Paracelse estoit un resveur hypocondriaque, Pomponace un Atheiste parfaict, Cardan un profane, Agrippa un endiablé, Lucilio Vanino l’abbregé des autres quatre. Ie m’attache à celuy-cy, d’autant que les autres ayant esté refutez & diffamez en leurs propositions diaboliques, ie voy que celuy-cy comme le plus recent & le plus envenimé de tous, voltige, quoy que soubs la /850/ cappe et se preste soubs main comme la Clacivule de Salomon & les peintures de l’Aretin entre gens du mestier.

Pour doncques venir au maudit Vanino, lisant ses escrits, ie ne me puis persuader qu’il n’eust le Diable au corps, tant il est malicieux & enragé, aussi tesmoigna t’il à sa mort, que le Diable l’avoit gagé avec onze de ses semblables, comme il gagea iadis Iean le Grammerien, duquel i’ay parlé au premier livre, Section premiere. Ce mal-heureux belistre a fait un Dialogue qui porte pour tiltre De Daemoniacis, & est le cinquante quatriesme en nombre en la page cccciv, auquel apres avoir rapporté au long les resveries de Cardan, il commence sa dispute par ces termes faisant parles Alexandre son disciple, Tu vero quid de phrenaeticis vulgo Daemoniacis iudicas, Que iugez-vous des Phrenetiques qu’on appelle ordinairement les Demoniacles?

Voyla un commencement bien favorable, & deux synonymes bien enfilez! [...] /851/ Apres un telle demarche d’Atheistes, Vanino respondant en sa personne, enfile ainsi son discours, Caeterum Sacrosanctae Romanae Ecclesiae me subijcio etc. En cette matiere ie me sousmets au iugement de l’Eglise. Mais au reste, le poltron qu’il n’est n’a point d’autre bouclier que celuy de son hypocrisie [...]. Mais le temps viendra que Dieu fera brusler publiquement le miserable Lucilio, avec son bouclier de paille, Scuta comburet igni.

Ayant fait cette protestation de Iudas, il porte quatre ou cinq argumens pour renverser ou affoiblir la verité des possessions & de nos Exorcismes. 1. Qu’il n’y a personne de subiet à ces possessions imaginaires, que les melancholiques, les ieunes filles & les veusves pour mesmes raison. Il devoit adiouster à sa proposition, qu’il ment impudemment: car de tous les possedez authentiques, qui se lisent dans les textes des Evangiles, il n’y en a pas un seul de cette qualité, ils sont tous hommes ou pour la plupart [...].

/852/ 3. Vanino va de fievre en chaud mal, & de la fumée dans la braize, quand il dit, Quare, in Hispania & Italia duntaxat Daemoniaci esse creduntur; in tota Gallia vix unus, in Germania & Britannia nullus. On croit, dit cét affronteur, qu’il y a des endiablez seulement en Italie & en Espagne: Car en France, en Allemagne, & en Angleterre il ne s’en trouve pas un seul. Faut-il pas avoir perdu le sens pour advancer si effrontement des mensonges si estranges? Qu’il y ait des Demoniacles en Italie, il se void par l’exemple de Vanino, & de ses onze compagnons, lesquels le Diable a deputé /853/ par tous les endroicts de l’Europe, pour y faire semer l’yvroye de l’Atheisme: mais qu’il n’y ait point de Demoniacles en France, il est demanty par dix millions de personnes, qui en ont veu souvent [...].

Il discourt en vray yvrongne & hypocondriaque touchant la cognoissance & l’usage des langues estrangeres, quand il escrit que les possedez parlent Hebrieu ou Syriaque… Car se mettant sur les loüanges de nostre ame, dont il ne croid pas l’immortalité, il dit, Mens humana omnium scientiam, omnium linguarum notitiam in se complectitur, est enim coelestis originis & divinitatis particeps, at corporis mole oppressa, insitas vires palam non exerit & veluti ignis cineribus abductus exsuscitari postulat. Nous avons dans nostre ame, dit cét estourdy, la semance de toutes les langues estrangeres qui sont cachées soubs le reply des meninges du cerveau, comme le feu soubs les cendres, de façon que quand la melancholie, qui est le principal ingrediant de ces possessions imaginaires, envoye ses fumées dans le cerveau, Peregrini idiomatis notitiam, quae in eo latebat, quodammodo extorquent, non secus quam ex silicis collisione emicantes scintillas [...]

I ne sçay que respondre à cette folie autre chose, sinon que ie pense que l’humeur hypocondriaque & la melancholie avoit tellement offusqué l’esprit de Vanino, lors qu’il escrivoit ces sottises, qu’il en est aucunement excusable [...].

/855/ C’est ainsi que les Begards, les Beguins, les Barillets, les Frerots de la simple ame, & cette autre quanaille Turlupinesque, quand ils avoient bien beu, crioient Coeli coelorum, & s’imaginoient qu’ils voyoient en l’air des merveilles: c’est ainsi que Cardan & Vanino, quand ils estoient yvres, & que les fumées du fin s’estoient mes/856/lées avec la foiblesse de leur petite cervelle, leur faisoit croire qu’ils parloient Grec, Chinois, & Arabe [...]. Car ce n’est sans suiet que Vanino prend le sieur Horace pour tesmoing des Demoniacles, & preuve son dire par ce vers si renommé, Foecundi calices, quem non fecere disertum? Voulant dire que la plupart des possessions imaginaires ne viennent que d’avoir trop beu de vin.

Il faut qu’un mensonger se souvienne de ses propositions, autrement il s’enserre dans de grandes contradictions, comme il est arrivé à Lucilio, car en la page ccccvii il avoit dit: qu’il n’y a de possessions qu’en Italie & Espagne, parmy les ieunes filles, qui ne boivent point de vin [...]. La solution de ces antinomies, c’est que Vanino estoit yvre, & que la melancholie vineuse faisoit des bignets dans sa cervelle, pour parler aprés Cardan.

En somme la frenesie de cet escervellé, s’estant faict voir en ces discours, que ie viens de refuter, son impieté esclatte en deux circonstances bien notables. La premiere, en ce qu’il adiouste, que quand les Apostres au iour de la Pentecoste parloient diverses langues, Veteres philosophi, cum exciperent, ebrios dixerunt. Aprés avoir monstré ou tasché de ce faire, que /857/ le vin ouvre tellement la cervelle des hypocondriaques & desnoüe en façon leur langue, qu’il parlent toute sorte de langage, il adiouste immediatement deux exemples de son dire, le premier, est des Prestres de Bacchus dans les tavernes de Thrace, qui ne rendoient iamais les oracles qu’ils ne fussent yvres, le second, est des Apostres qui furent estimez yvres, par les anciens Philosophes, dit Vanino [...].

La seconde circonstance qui fait voir l’impieté de Lucilio Vanino, c’est ce qu’il dit de l’eau beniste, car /858/ aprés l’avoir grandement authorisée, quia Alexander pontifex innumeris eam decoravit elogiis, En fin parlant de la force qu’on presume estre dans la benediction de l’eau, pour chasser les Demons des corps possedez, il descouvre son advis en ces termes: I’ay monstré, dit-il, que ces extravagances & ces langages estranges, ne viennet que d’une trop grande chaleur, causée par le vin, cela supposé. Quid mirum, si aqua frigida capiti admota, morbi fervorum, qui sua vi varias inde voculas extorquebat, discutit? Il n’est pas merveille, dit ce badin, si l’eau froide estant iettée sur la teste, esteint cette chaleur extraordinaire, qui avoit causé cette intemperie au cerveau & à la langue.

A cela ie respons, que son discours d’Atheiste pourroit avoir quelque apparence, si on baignoit la teste des demoniaques dans la riviere, ou si on les baptisoit à la façon des Eunomians, la teste en bas dans une cuve, mais la coustume estant de ietter seulement deux ou trois gouttes d’eau beniste sur la teste du possedé, lesquelles pour la pluspart ne le touchent point, ains se dissipent en l’air, il faut avoir la teste faicte en falot, comme avoit Lucilio, pour discourir de la façon.

/860/ Il arriva ces années passées, qu’un Ministre Huguenot preschant à Amsterdam profera de grands & horribles blasphemes contre Dieu, soustenant le Diable en plene chaire, & tascheant de monstrer qu’il est en toutes choses plus puissant que Dieu, De bonne fortune le malheureux, Lucilio Vanino, qui estoit allors compagnon du Iuif errant, s’estant trouvé à Amsterdam, assista à sa Predication, entendit ses pernitieuses Maximes, & pource qu’il y trouva suiet de discourir, il les a rappor/861/tées mot pout mot au quatriesme livre, De Arcanis Deae Naturae, Dialogue lvi, page ccccxx: elles consistent en deux propositions, dont la premiere est veritable, la seconde avec ses preuves est pleine de blaspheme.

Sa premiere proposition porte que le Diable est fort puissant, en quoy il ne dit rien de nouveau, que nous n’avons appris de Iob, de S. Pierre, & de mille lieux de l’Escriture Saincte. La seconde proposition estoit: Que le Diable est plus puissant que Dieu, sur lequel il emporte souvent le dessus, comme il se verifie, disoit-il, par le texte de la Bible, & là dessus il ramassoit trois advantages que le Diable a eu pardessus Dieu, le premier, fut le bannissement de nos parens du Paradis terrestre, le second fut la mort de Iesus-Christ, le troisiesme, est le grand nombre des damnez en comparaison de ceux qui se sauvent [...].

/865/ Ainsi ce Ministre comme le grand harpenteur du monde, faict les partages entre Dieu & le Diable, en sorte qu’il donne au Diable mille fois autant qu’à Dieu: Car, dit-il, en bon Arithmeticien: de tout le monde qui contient les quatre grands climats ordinaires, & recognus, l’Europe, l’Asie, l’Afrique & l’Amerique, ils n’y a /866/ qu’une petite partie de l’Europe, qui soit Catholique, tout le reste est plongé dans l’idolatrie, & partant elle appartient au Diable: Encores dans cette petite partie de l’Europe le Diable y a sa part aussi bien que Dieu, aux Allemagnes, en Pologne, en Transilvanie, en France, Aux Pays-bas: Le Diable partage avec Dieu, Dieu ne partage point avec le Diable vers le Royaume de la Chine, dans le Magot, dans la Turquie, en la Floride, aux Tapinambous, & par consequent le Diable est plus puissant que Dieu, disoit ce Ministre.

A ouyr parler ce Predicant Atheiste, il nous met devant les yeux le Diable son maistre, comme l’heritier general du monde, & nostre Seigneur comme un cadet d’Armagnac ou de Bretagne, lequel on chasse de la maison cinq sols en bourse, la cappe sur l’espaule, & l’espée au costé pour busquer fortune. Or à sa supputation ie responds deux choses [...].

/877/ Ie veux seulement voir icy les resveries pleines de blaspheme, qui sont montées dans la teste des errans & Libertins, lesquels ie puis mettre en quatre ordres differens. 1. Luther & ses disciples. 2. Les Calvinistes. 3. Cardan, Pomponace & Lucilio. 4. Nos nouveaux Libertins, qui sont comme les restes de toutes les Heresies passées.

/879/Apres les Calvinistes sont venus certains profanes & Libertins qui se sont appellés, La famille d’Amour, qui a grande vogue en Angleterre, ces Epicuriens, qui se disent comme surgeons de Calvin, tiennent qu’il y /880/ a quelques ames immortelles, mais non pas toutes; & font ce privilege à celles qui ont eu bel esprit, & qui ont esté enroolées dans leur Famille amoureuse, car quant aux autres qui n’ont eu que l’esprit commun, ou qui n’ont pas eu l’honneur d’estre escrits dans la Famille amoureuse, leur ame meurt avec celles des femmes & des chevaux: voyla d’estranges sottises qui sont suyvies & secondées par des horribles blasphemes, couchées au long par le mal’heureux Lucilio au livre De Admirandis Naturae Deae Reginaeque mortalium arcanis, au Dialogue xlvi. pag. cccxxviii.

/885/ Apres tous ces mal’heureux Escrivains sont venus les nouveaux Libertins de nostre siecle, qui ont enchery sur le marché de Cardan & de Lucilio, en ce que publiquement, & sans honte ils avancent cette maudite Maxime, Qu’il n’est pas asseuré que l’ame de l’homme soit immortelle, & que par consequent il vaut mieux tenir le present qu’abbayer à l’avenir, & prendre en ce monde ses plaisirs, que de courir apres une felicité incertaine, & imaginaire de l’autre monde.

/886/ C’est ainsi que Lucilio Vanino le plus infame Atheiste de nos iours, a cependant escrit contre les Atheistes, ainsi qu’un usurier crie contre les autres, quoy que ce soit avec un dessein bien different.

/893/ Il faut bien que cette Maxime soit meschante, puis que les bons & les meschans la condamnent, car pour les bons voyla ce qu’en dit Sainct Iean Chrysostome, & quant aux meschans, Hierosme Cardan, & Lucilio Vanino qu’on peut appeller le Consulat d’Atheisme, trouvent que c’est discourir en beste, dire, Nostre ame est mortelle, donques remplissons-nous de plaisirs infames & vilaines.

/894/ Et pour Lucilio Vanino, il avoit ordinairement en bouche, que quant aux plaisirs du corps, il faut laisser faire la nature, que l’Immortalité de l’Ame n’y fait bien ny mal, que quand vos sens vous demanderont quelque chose, vous la leur donniez sans considerer, mourray-ie ou ne mourray-ie pas. C’est à di/895/re, Qu’il faut vivre en beste brute, suivant les Maximes de nos Epicuriens, soit que l’ame soit immortelle ou non: Car cét antecedant à leur dire, ne s’attache point à cette consequence.

I’ay grande honte que nostre siecle ait porté des bestes si desnaturées au milieu du Christianisme.

/908/ Quand il se verront tels que se descrit le sieur Theophile en la Satyre de ses sueurs infames, quand ils tomberont à pieces & lambeaux, quand leurs os seront cariez par les gouttes, leurs reins greslez par une certaine de cailloux, leur poil au vent, leur corps dans un hospital, ou entre les mains d’un bourreau pour vomir leur ame malheureuse, comme Fontanier & Lucilio Vanino, lors ils commenceront à voir que leur ame est immortelle, leurs corps une carcasse.

/935/ Il est vray que parlant à la rigueur & en termes purement Theologiques, le peché est un Rien, d’autant que c’est une privation [...] & que nos Epicuriens disent mieux qu’ils ne pensent, quand ils disent que pour rien les Anges ont esté chassés du Ciel, Pour rien nos parens ont esté bannys du Paradis terrestre, Pour rien Iudas, Cain, Luther, Calvin, Vanino, Pomponace, Cardan, & ces deux mal’heureux Theophiles de Constantinople sont damnés à tout iamais.

/943/ Or nos nouveaux Epicuriens, lesquels ie puis appeller fort egalement aprés le devot Pere Pierre de Bloys en son Epistre troisiesme, Culinarios histriones, sont d’advis que l’ame de l’homme est de mesme /944/ espece, & de mesme essence que l’ame d’un cheval: le premier Atheiste de nostre temps qui a publié impunément cette maudite doctrine, ç’à esté Hierosme Cardan, & le miserable Lucilio Vanino au quatriesme livre de ses Dialogues au Traicté de la Resurrection des corps.

/964/ Le mal-heureux Lucilio Vanino Atheiste tres envenimé, tesmoigne en ses Dialogues qu’il a recogneu dans Geneve, un Ministre Flamand qui se moquoit de tout ce qu’on appelle scrupule, nommément en matiere de vilainies, & dogmatisoit publiquement dans cette Bethaven, que les incestes en premier & seconde degré, ne sont pas plus grand peché que les actions iournalieres de boire & manger; Et rendoit une raison du tout horrible, pour laquelle il s’imaginoit que les Loix humaines seulement, & et non pas les Ordonnances divines eussent defendu les incestes. Meschant & abominables surgeon de Gomorrhe, qui meritoit avec Lucilio Vanino d’estre bruslé tout vif à petit feu, s’il eust trouvé des Magistrats aussi zelez à punir les villainies.

/965/ Voyla ce que les Libertins & Atheistes de nostre temps, qualifient du nom de scrupule, & encores ce mot de scrupule n’est pas agreable au miserable Lucilio Vanino, ny a nos ieunes Epicuriens; car il ne les /966/ appellent point autrement que, L’Inquisition d’Espagne, ou bien, la Tyrannie du Pape.

/972/ Toutes ces conditions se sont naïfvement verifiées en la personne de trois meschans Libertins, sçavoir en la personne de Lucilio Vanino, depuis que Francon l’eust deferé, en Fontanier dés l’heure que le Lieutenant Criminel l’eust surpris, dictant ses impietez dans sa maison de la ruë de Botizy, & en la personne d’un ie ne sçay qui, lequel est si surpris & interdit depuis le retour du Roy, que quand il voit parler du nom du Magistrat, ou qu’il void la barre des Sergens, le sang luy glace dans les veines: ie n’en veux autre tesmoin que luy mesme, car il disoit il n’y a pas un moys à une personne, laquelle il redoubte, Ie campe maintenant, depuis le retour du Roy [...].

/972 (ripetuto)/ Les deux plus impertinens, que ie sçache, de tous les Atheistes, sont le malheureux Lucilio Vanino, & un homme de neant son disciple: car qui voudroit croire ces deux faineans à leur simple parole, s’engageroit à de grandes extravagances? Quant au maudit Lucilio Vanino, il ne fit iamais action que de poltron, ou d’enragé: tandis qu’il fut en sa liberté c’estoit le plus lasche vilain, que la terre porta iamais: il crioit & declamoit iournellement contre les Atheistes, & avoit tant de peur d’estre estimé Libertin, qu’il a faict /973/ des livres contre eux, ausquels il dit des merveilles de leurs malheureuses Maximes, & crie au loup aussi vaillamment que le plus courageux Pasteur de l’Eglise, il ne faut que veoir la Preface qu’il fait au Lecteur devant son Amphitheatre de la divine Providence: qui commence par ces mots, Ἀθεότητος Secta pestilentissima quotidie latius & latius vires acquirit eundo.

Ayant faict ceste protestation, que le seul dessein qui luy a mis les armes aux mains, n’a esté que le seul desir qu’il avoit d’exterminer cette meschante & venimeuse Secte des Atheistes, qu’elles protestations est-ce qu’il ne faict de bon & Religieux Catholique? Quelles iniures ne dict-il contre le Libertins? Quelles loüanges ne donne t’il aux Peres de nostre Compagnie, comme aux plus vaillants champion de l’Univers, à son dire, pour terrasser cet horrible monstre de l’Atheisme? Estant à Tholose & rodant la Gascogne, devant qu’on eust descouvert sa malice, quelles paroles sainctes & sacrees, quels propos doüillets & sucrez ne tenoit-il? combien de confessions a t’il faict dans nos Eglises mesmes? Qu’elles predications a t’il perdu dans Tholose? combien de fois est-il venu voir & visiter nos Peres, pour leur demander des cas de conscience? le tout couvert d’une lasche hypocrisie, comme celle de ce maudit homme de neant, dont parle Photius, qui s’en alloit voir les Religieux appellez Fratres Longi, pour entretenir le simple peuple de Constantinople, soubs l’apparence de quelque feinte & dangereuse pitié.

Mais aussi-tost que ce meschant homme de Lucilio /974/ Vanino fut descouvert & deferé par Francon, ainsi que i’ay declaré au premier livre, il se porta iusques à une rage desesperee, qui luy tira du cœur & de la bouche des blasphems si horribles, qu’ils font cognoistre que le bon Dieu est grandement patient [...]. Lucilio en estoit de mesme, tousiours lasche, ou tousiours enragé, iamais en la mediocrité, car le vice qui n’est que plomb, ne sçait que c’est de la mediocrité d’or.

Apres le malheureux & traistre Lucilio, il faut que i’examine les lasches & poltrones rodomontades du meschant homme de neant, qui ne vaut pas plus que luy.

/982/ Le mal’heureux Lucilio, & Cardan devant luy, n’avoit aucun suiet de faire cette question au livre de l’Immortalité de l’ame, D’où vient que ceux qui ne croyent pas l’Immortalité de l’ame sont ordinairement plus gens de bien & plus genereux que les autres?

A Cela ie dis que c’est un Probleme chimerique moulé dans la teste creuse de Cardan & de Lucilio; c’est tout au contraire, & faudroit pour faire un bon Probleme demander la raison pour quoy ceux qui ne croyent pas l’Immortalité de l’ame, sont des poltrons, atteins & combatus ordinairement de frayeurs paniques, & le probleme ou la question de Lucilio & de Cardan est semblable iustement à celle que pourroit faire un estourdy: pourquoy les barres de fer nagent si bien sur l’eau, pourquoy les grenoüilles volent si /983/ bien en l’air, & d’où vient que les citroüilles sont courtes de plume?

/986/ Apres Machiavel les deux plus meschans Libertins que ie cognoisse en cette matiere ont esté le miserable Lucilio Vanino: & le bon homme Estienne /987/ Pasquier, il est vray que l’un a esté plus fin & rusé que l’autre, mais ils sont egalement venimeux, si on regarde leur façon de faire. Lucilio Vanino en son Dialogue lviii, qui est de la Resurrection des morts, marche si subtilement en besoigne, & pose si iustement ses relais, qu’il faut estre bien fin & rusé pour s’eschapper de ses filets: car ce Diable incarné ayant entrepris d’esteindre & aneantir la creance de la Resurrection generale des morts, & de l’immortalité de l’ame, commence par la persone de son disciple Alexandre, auquel il fait dire de grandes & excessives loüanges de Platon & de Socrate, ausquelles s’estant accordé, comm’estant de mesme advis, & recognoissant en Socrate quelque divinité par dessus le commun des hommes, c’est à dire, cet esprit qu’il avoit appellé Esprit de demon, ou esprit excellent, en fin il vient finement à ses intentions [...].

Alexandre iouänt son roolet, dit: Socrates fuit vir integerrimus, et puis Lucilio respond en sa personne: Ipse posteros docuit expedire Reipublicae, ut plebs confictis prodigiis in Religione decipiatur, comme s'il disoit plus clairement: Vous dites vray, mon enfant, Socrate estoit un grand homme: or voyez comment il s'est comporté, et apprenés que c'est luy qui nous a le premier enseigné cette Maxime, qu'il faut se servir du pretexte de la religion pour tromper et abuser la populace. Et puis il fait un grand denombrement de miracles controuvés, de resurrections fabuleuses, qui ont eu vogue parmy la Gentilité, et credit pour amuser le simple peuple, et à la lecture de tout le Dialogue, il se void clairment l'intention de ce meschant homme, estoit de nous persuader que nostre creance touchant la Resurrection generale des morts n'est qu'un amusement, ou un espouvantail dans une cheneviere.

/988/ Il en dit quasi le mesme en substance au Dialogue des Apparitions, en celuy des Oracles, & en celuy de la Religion des Payens, & à parler proprement, tous ses quatres livres de Dialogues ne sont autre chose qu’un continuel descry de nostre Religion; & i’estime que ce mal’heureux livre, qui sert de breviaire à nos Libertins, est le plus abominable & le plus meschant ouvrage qui fut iamais escrit de main d’homme.

L’autre Libertin, qui seroit bien dangereux, si on ne cognoissoit ses bavardises, c’est le bon homme Estienne Pasquier: il n’est à la verité, ny fin ny ingenieux, & il y a cette differance entre luy & Lucilio Vanino, que Vanino estrangle ses lecteurs avec un filet de soye, tant il est deslié en sa malice, & le bon homme Estienne Pasquier le faict avec un lasset d’estouppe, il est grossier en ses pensées, mais il n’est pas moins malicieux que l’autre [...].

I’en dis le mesme du bon homme Maistre Estienne Pasquier, auquel la charité Chrestienne m’oblige de porter compassion, car d’un costé ie voy qu’il est excusable, d’autant que c’est faute d’esprit & de science, /989/ qu’il seme les Atheismes & impietez dans ses Œuvres: mais de l’autre, ie voy que ses ignorances & ses defauts d’esprit ont le mesme effect dans les ames, que les malices noires de Lucilio.

/998/ Or le plus abominable & enragé qui fut iamais en cette matiere, sans preiudice de Cain, Iudas, & de Carpocras, c’est le maudit Lucilio Vanino: car ce /999/ belistre a faict des Dialogues exprez pour aneantir les Sacremens de l’Eglise, & les rendre entierement profanes ou ridicules, sa malice est d’autant plus à craindre qu’il fait du marmiteux, & par des paroles sacrées en apparence, il inspire le venin iusques dans les moëlles des ieunes Atheistes & Libertins, qui sont assez capables pour recevoir ses malheureuses impressions, & ne le sont pas assez pour les cognoistre, devant que d’avoir avalé le poison. Il faut que ie descouvre icy le desespoir enragé du personnage, affin de des-abuser ceux qui pourroient se laisser aller à la lecture de son livre, soubs pretexte qu’ils l’ont imprimé par appobation & privilege, d’autant que nous sçavons, que ce pernicieux Atheiste apres avoir receu le Privilege & l’Approbation des Docteurs, changea malicieusement son dessein, & supposa cet avorton d’Atheisme aux cayers qu’il leur avoit faict voir pour monstre de toute la piece, & qui plus est attacha sur le front dudit enfant bastard un tiltre plein d’impieté, qui n’eut iamais passé ny soubs le Seau de France, ny soubs la plume des Docteurs, s’ils eussent veu ces mots en face, De Admirandis Naturae Reginae Deaeque mortalium arcanis.

Cela supposé avec l’autre finesse que i’ay descouverte au premier Livre, touchant les entreparleurs de son Dialogue, ie viens à mon suiet, & dis que le plus horrible blasphemateur qui fut iamais contre les Sacremens de l’Eglise, voire par dessus Cain, Iudas, & Carpocras, ça esté ce malheureux fortbanny, & voicy comment. Apres qu’il a forcé son naturel & contrefait le devot, disant à tous propos des merveilles de l’eau beniste, /1000/ des Dialogues de S. Gregoire, de la lecture des livres defendus, de la frequentation des Sacremens: en fin n’en pouvant plus il leve le masque, & en deux divers Dialogues, il dit qu’à la verité l’usage de certain Sacremens est loüable, & qu’il le faut retenir, mais qu’apres tout, c’est le mariage en qualité de sacrement, qui faict naistre les hommes comme bestes & sans esprit: & pour moy, dict-il, ie desirerois de tout mon cœur estre né hors de legitime mariage, & estre bastard, car ie serois asseuré que i’en aurois meilleur esprit, & meilleure complexion de corps.

/1004/ Ainsi en faisoit le miserable Lucilio Vanino, quand il se glissa dans la familiarité du sieur Fiançon: c’est le train que pratiquoit le maudit Mezentius, quand il gagna l’esprit de Ronsard & de Rapin, c’est la methode que tenoit Cosme Ruggeri cét infame Atheiste, qui se couvroit du voile de pieté pour avoir l’entrée dans les maisons des Seigneurs vos ancestres: En somme c’est ainsi que Fontanier ce miserable renegat s’introduisoit dans la cognoissance des grands, ayant pris pour enseigne de son logis le nom de Iesus, pour abuser les foibles esprits de la ieunesse.

/1005/ A t’on pas veu le miserable Lucilio Vanino roder de maison en maison, & parcourir toute la Gascogne, se glissant dans les Noblesses pour escumer le pot, & faire des complimens de parasite? a t’on pas veu le maudit Cosme Ruggeri faire publiquement le mestier d’escornifleur, de plaisantin, de preneur d’Horoscopes, les plus favorables qu’il pouvoit, & conformes aux humeurs de ceux qu’il vouloit gagner à son party?

/1007/ Le plus meschant renard qui ait usé de cette malicieuse finesse a esté le mal’heureux Lucilio Vanino, qui /1008/ a fait des livres remplis d’une dangereuse impieté, car dans son Amphitheatre il parle en Catholique, dans sa Sapience, il parle en Philosophe Payen, mais dans ses Dialogues il discourt en parfaict Atheiste, en sorte neantmoins qu’il peut desadvoüer toutes les impietés, d’autant qu’il se couvre d’un sac mouïllé, il les faict prononcer à son disciple Alexandre, il les rapporte de quelque mal’heureux Atheiste, lequel il aura, dit-il, cogneu à Amsterdam ou à Geneve, & au bout du conte, il se void que ce n’est autre que luy mesme qui nous estalle ses blasphemes sous le nom de quelque homme de paille. Sa finesse git en ce qu’il avance des propositions horribles, disant ie me trouvay à Geneve, où ie vis un mal’heureux homme, qui soustenoit telle & telle Maxime, qui disoit tel & tel propos scandaleux, & prouvoit son dire par telles & telles raisons, mais ie luy respondis bien, & luy remonstray, qu’il faut en cela se soubmettre au iugement de la sacrosaincte Eglise Romaine [...]. De mesme Lucilio /1009/ Vanino, esprit enragé contre Dieu, a faict des livres abominables, lesquels en apparence sont contre l’Atheisme, car son Amphitheatre porte nommément pour tiltre adversus Atheos, & neantmoins le dedans n’est qu’une pure introduction à l’Atheisme: & pour plastrer son affaire plus favorablement, aprés qu’il a prononcé quelque horrible blaspheme, disant pour toute solution, qu’en cela il faut s’en remettre au iugement de l’Eglise, il introduit son disciple, qui est faict au badinage, qui luy tient de discours: Tam acute adversus Atheos disseris, ut eorum Antagonista, iure merito ab omnibus vociteris. Au Dialogue lvi, page ccccxxii [...]. Voyla l’humeur de nos ieunes Atheistes, c’est ainsi que Lucilio Vanino le pratiqua iusques à son emprisonnement.

/1013/ Le premier rang contient le Pomponace, le Paracelse, & Machiavel, car pour la Clavicule de Salomon, ce ne sont que des imaginations de quelque teste creuse, c’est la quadrature du cercle des Atheistes, elle ne se trouve point pourtant à ce que disent les vrays & parfaicts Cabalistes, pour le Pomponace ie n’en puis dire autre chose, sinon que c’est un tres-meschant homme à ce que ie puis voir dans le miserable Lucilio, car n’ayant iamais graces à Dieu perdu le temps à la lecture de ses impietés, ie n’en sçaurois porter tesmoignage sinon sur le rapport d’autruy. Il est vray que dedans les Dialogues de ce miserables vilain ie le voy tousiours qualifié de ces titres par Alexandre, Tuus Pomponatius, ou bien Pomponatius Philosophorum Deus, & lisant les impietez par luy rapportées ie dis que cet homme devoit estre quelque Diable incarné, comme Cornelio Agrippa.

/1014/ Le second rang de la Bibliotheque de nos Atheistes, contient Hierosme Cardan, Charron, & Lucilio Vanino [...]. /1015/ Quant à Lucilio Vanino i’en ay dit icy dessus mon advis fort amplement. Ie n’ay veu de luy que trois livres differens: sçavoir son Amphitheatre, sa Sagesse, & ses Dialogues, dans son Amphitheatre il parle en Hypocrite, en sa Sagesse il parle en Cynique, en ses Dialogues il parle en parfaict Atheiste, & c’est le plus pernitieux ouvrage qui soit sorty en lumiere il a cent ans en matiere d’Atheisme, ce que ie suis obligé de dire pour desabuser quelques simples esprits, qui l’ont /1016/ parcouru avec une dangereuse innocence, d’autant qu’ils se sont persuadez qu’un livre qui se vend publiquement avec approbation des Docteurs, & Privilege du Roy se peut lire impunement: mais i’ay d’escouvert cy devant la voye que ce maudit homme avoit faict pour obtenir Approbation, & Privilege.

/1024/ A l’imitation & à la suytte de ces Libertins, sont venus nos Atheistes qui ont tenu le mesme train, & comme brigans de peur d’estre recogneus ont changé leurs noms propres, pour se cacher comme Chameleons [...]. Ainsi le miserable Lucilio changea de nom trois ou quatre fois, & à mesure qu’il gaignoit pays, il se donnoit de nouveaux titres, car estant en Gascogne il se faisoit nommer le sieur Pompeio, & par les noblesses on ne le cognoissoit point sous autre titre. En Hollande il s’appelloit /1025/ Iulio Caesare, à Paris lors qu’il voulut imprimer il se qualifia du nom de Iolio Caesare Vanino, à Lyon imprimant son Amphitheatre, il adiousta le mot de Taurizano: En somme estant à Tholoze devant la prise durant qu’on luy fit son procés il s’appella le sieur Lucilio.

/31/ Lucilio Vanini, che fu bruciato a Tolosa per i suoi ateismi, come diremo avanti più ampiamente, ha rincarato la dose più dei due precedenti,[13] poiché ha scritto quell’infelice libro intitolato De Arcanis Naturae, Reginae Deaeque Mortalium, nel quale ha seminato la semenza delle sue empietà, trincerandosi ad ogni piè sospinto in questa clausola proditoriamente estesa: In his tamen me submitto Sanctae Romanae Ecclesiae iudicio. Quest’uomo maledetto ha dato una suddivisione degli spiriti più pericolosa di quella di Cardano e di Charron, affermando in più punti dei suoi dialoghi, e in particolare nel dialogo sulla Resurrezione dei morti e in quello sugli Oracoli che gli spiriti si dividono in Spiriti superstiziosi, che corrispondono /32/ agli spiriti delle bestie introdotti da Cardano e agli spiriti bassi inventati da Charron; in spiriti popolari, che sono in effetti gli spiriti mediocri di Cardano e gli spiriti comuni di Charron. Al vertice ci sono gli spiriti di demone, che sono – a suo dire – gli stessi che Cardano chiama spiriti di profeti e Charron spiriti deviati.
I superstiziosi, dice Vanini, prendono tutto per denaro contante, credono a tutto ciò che si dice loro intorno al purgatorio, all’inferno, alle indulgenze, all’acqua benedetta quam Alexander Christianorum Doctor & Pontifex, divinae legis interpres, dice questo infelice ateista, innumeris privilegiis condecoravit; essi accolgono ogni cosa come pane benedetto e vanno per il loro grande cammino. Gli spiriti popolari scelgono e credono ciò che sembra loro buono; essi usano il loro giudizio, non si tengono sempre in curatela, posto che credono solo alle cose essenziali e ciò è per loro sufficiente; ma gli spiriti di demone vanno al di là di tutto ciò che si può immaginare.
E di questi ultimi – egli dice – ci sono tre specie; perché gli uni sono spiriti che eccellono nelle attività manuali, come la pittura, l’architettura, gli strumenti musicali; e costoro sono animati – a suo dire – dallo spirito melancolico che si chiama Daemon inferior. I secondi hanno spirito che eccelle nelle cose naturali, come la filosofia, la medicina, la giurisprudenza, l’eloquenza; costoro sono animati da uno spirito posato e razionale che si chiama Daemon medius. I terzi hanno lo spirito atto a penetrare i segreti della divinità, a scuotere il giogo pesante della tirannia /33/ a guadagnarsi la libertà; costoro sono animati da uno spirito purificato che si chiama Daemon sublimis. Ecco le chimere [...] ridicole e perniciose [...].
Insomma dopo poco si è formata una banda di ateisti che hanno fatto una brodaglia marcia di tutte le sue fantasie e hanno introdotto una nuova distinzione di spiriti [...]. La prima specie di spiriti è quella degli spiriti meccanici, che sono in effetti gli spiriti che Cardano chiamava di bestie, Charron spiriti bassi e Vanini spiriti superstiziosi [...]. La seconda specie di spiriti [...] è quella degli spiriti nobili, che sono pressappoco quelli che Cardano chiamava spiriti d’uomo, Charron spiriti comuni e Vanini spiriti popolari. [...]
/34/ [...] La terza specie è quella degli spiriti trascendenti, che volano centocinquanta braccia sopra tutti gli altri, si perdono nelle nuvole, emulano la dolce natura, non sono nemici crudeli dei loro sensi e sfarfallano per i cabarets di prestigio [...] Sono in una parola gli stessi spiriti che Cardano chiamava spiriti di profeti, i quali dicono cose meravigliose quando sono pieni di vino, Charron spiriti deviati, che tuttavia non deviano mai dal cammino che li conduce alla taverna, Vanini spiriti di demone, perché quando sono ebbri questi buoni signori somigliano a dei folletti incarnati. Tale è la distinzione dei loro spiriti.
/43/ Il più sciocco a ragione è stato Lucilio Vanini, povero farfallone che dal sud dell’Italia è venuto a farsi abbrustolire sul fuoco della Linguadoca, come se il fuoco del Vesuvio o dell’Etna non fosse altrettanto caldo e altrettanto capace di fargli espiare le sue lordure, quanto i bracieri della Francia. Ora per segnalare l’orgoglio insopportabile e la bestialità di questo personaggio, bisogna sapere che egli ha scritto un libro, de Arcanis Naturae, Reginae Deaeque Mortalium, che noi esamineremo più avanti più ampiamente; e questo libro egli lo ha scritto in forma dialogica, secondo il costume dei Platonici, e vi ha introdotto due interlocutori, cioè Alessandro il Grande e il signor Lucilio Vanini, che gli risponde nelle vesti del giureconsulto, come se Aristotele rispondesse ai dubbi del suo discepolo Alessandro. Noti il lettore che egli aveva un po’ di spirito poiché a suo dire le bestie ne hanno abbastanza; non è del tutto sciocco, perché ha seminato la sua dottrina in forma di dialogo per due ragioni principali: la prima perché quando avesse proposto qualche forma di ateismo – ciò che egli fa ad ogni pagina – avrebbe potuto più facilmente sconfessarla, dicendo che non è per lui o per la sua bisogna che tali massime sono pubblicate, ma che egli le scrive né più né meno di quanto San Tommaso scriveva gli argomenti e le obiezioni contrarie alla sua dottrina per aver modo di rispondervi. La seconda è perché avesse più /44/ libertà di pronunciare le sue lodi impunemente e senza scrupoli; ciò che egli fa quasi con la stessa franchezza gallicana usata dal signor Etienne Pasquier nelle Recherches e nelle Epistres. Poiché ad ogni proposito introduce il buon Alessandro che si meraviglia delle sue risoluzioni, come se Aristotele non avesse mai avuto pensieri uguali ai suoi e sovente gli fa dire queste: O quam sapientia a te Vanino dictum est!
Ma per non sovraccaricare il libro delle sue impertinenze, mi basta riportarne un esempio che da solo ne vale un centinaio. Alla fine del Dialogo liv che tratta degli indemoniati e che esamineremo nel lib. vii, dopo una infinità di chiacchiere da lui pronunciate, fa in modo che il buon Alessandro, meravigliato come Cestio Mirato, non sappia quale contegno tenere e infine, come rapito dalla pretesa raffinatezza delle sue meravigliose sentenze, dice: Non ego Thomae Mori exemplum imitabor, qui cum Erasmum accuratissime disserentem excepisset ignoto habitu, ita dixit, vel Daemon es, vel Erasmus. Non so, dice Alessandro, se devo dire come Tommaso Moro, il quale, avendo udito discorrere Erasmo travestito, gli disse: o voi siete un demone o siete Erasmo. E subito dopo aggiunge alla p. 409: Sed ita de tua sapientia eloquar; vel Deus es, vel Vaninus. Bisogna che io confessi, parlando della vostra saggezza, che voi siete o Dio o Vanini.
A tale folle iattanza aggiungo che Alessandro non aveva tratto alcun profitto nella disciplina di Aristotele, perché il suo dilemma non ha alcun valore. Avrebbe argomentato meglio se avesse detto come disse Seneca Retore /45/ quando ascoltò Cestio che in un’arringa declamava le proprie lodi: vel Pecus es, vel Vaninus, o siete una bestia o siete il signor Vanini e aggiungo, per tirarne le conseguenze: Utrumque recte dicitur.
/144/ Le due più nobili esecuzioni che sono state fatte ai nostri giorni mostrano con evidenza che la fine degli Ateisti dogmatizzanti è sempre accompagnata da una particolare maledizione di Dio e degli uomini. La prima ebbe luogo a Tolosa l’anno 1619, il 9 di febbraio, nella persona di Lucilio Vanini, uomo d’un coraggio disperato. La seconda ebbe luogo nella place de Greve, l’anno 1621, nella persona di Jean Fontanier, giovane scapestrato e spirito vagabondo, come si vedrà dal racconto della sua vita.
iv. Quanto a Lucilio Vanini, egli era napoletano, uomo di nessun valore che aveva gironzolato per tutta l’Italia alla ricerca di mangiate a sbafo e per una buona parte della Francia in qualità di pedante. Questo maligno bellimbusto, venuto in Guascogna nel 1617, faceva di tutto per seminarvi vantaggiosamente la sua ubriachezza e per fare una ricca messe di empietà, credendo di aver trovato degli spiriti suscettibili /145/ di accogliere le sue proposizioni, si insinuava sfrontatamente nella nobiltà per guadagnarsi così  francamente un pasto come se fosse stato di casa e avesse familiarizzato da sempre con l’umore del paese; ma si imbatté in spiriti più forti e risoluti nella difesa della verità più di quanto avesse immaginato. Il primo che fece la scoperta delle sue orribili empietà fu il signor di Francon, gentiluomo di buono spirito e di grandissimo coraggio, come ha dimostrato fino alla sua morte al servizio della religione e del Re, suo Maestro.
Accadde che verso la fine dell’anno 1618 Francon, recatosi a Tolosa ed avendo fama di essere bravo gentiluomo di buona e piacevole compagnia, si vide ben presto visitato da un italiano, del quale si parlava come di un eccellente filosofo e d’uno spirito proponente molte curiosità, tutte nuove. Questi, tuttavia, non si scoprì di primo acchito, poiché è massima di siffatti spiriti maligni [...] di insinuarsi dolcemente nella buona fede e di fare come gli aghi che entrano nel drappo con la punta e ingrandiscono l’apertura per uscirne e per lasciarvi attaccato il filo.
Quest’uomo proponeva così  belle curiosità, proposizioni così  nuove, punti così  attraenti, che agganciò facilmente Francon con la simpatia dei suoi umori ipocriti, arrendevoli e servili. Avendo fatto l’apertura con le sue punte, cominciò a mostrare la stoppa e a poco a poco si lasciava sfuggire talune massime ambigue, pericolose, a doppio senso, fino a che, non potendo più nascondere il veleno della sua malizia, sbottò d’un tratto /146/ e pronunciò così  strane bestemmie contro la sacra umanità di Gesù Cristo che Francon confessò che poco dopo i capelli gli si rizzarono in testa e che mise due volte mano al suo pugnale per affondarlo nel suo seno, ma che fu trattenuto da una forte considerazione, poiché, vedendo che la cosa era accaduta senza testimoni, avrebbe potuto essere in pena dopo l’assassinio.
Prese quindi una migliore decisione e deferì tale empio al Primo presidente, che, dopo aver valutato la vicenda, lo fece imprigionare sulla base di altre deposizioni segrete. Fu ascoltato ed esaminato pubblicamente e, benché il suo spirito irrequieto gli fornisse delle scappatoie in apparenza assai plausibili e taluni giudici si fossero convinti di non avere prove sufficienti (come è ben difficile in questa materia), la sentenza passò con la maggioranza dei voti ed egli fu condannato a fare ammenda onorevole, ad essere appeso, bruciato, e le sue ceneri gettate al vento, essendo colpevole di empietà e di ateismo.
Ben presto dopo la sua condanna egli levò la maschera e, intuendo di non avere più speranza di salvezza, dichiarò pubblicamente che – a suo avviso – non esiste altro Dio al mondo che la natura; profferì molte empietà contro Gesù Cristo, confessò di essere partito da Napoli con undici compagni che, come dodici apostoli di Satana, si erano sparsi in diverse località dell’Europa per introdurvi questa nuova credenza e che la Francia gli era toccata in sorte per quartiere; diceva di aver composto dei libri relativi ai principi della sua dottrina /147/ i quali erano come l’introduzione all’Ateismo; che per suo conto non aveva di che pentirsi, né aveva bisogno di modificare alcuna delle sue proposizioni. Quanto all’ammenda onorevole che la Corte gli imponeva di chiedere, secondo la forma abituale, a Dio, al Re e alla giustizia; riguardo a Dio, disse: «io non credo affatto; quanto al Re non l’ho punto offeso; quanto alla giustizia, che i diavoli la mandino in rovina, se pure ci sono dei diavoli al mondo». Stando sul palo, profferì ancora tre o quattro frasi notevoli per empietà e morì arrabbiato.
/178/ Quanto ai beaux esprits, essi sono ben felici di essere riconosciuti come convinti e ostinati nella loro credenza. Se non sono solo pochi coloro che credono nella buona e dolce natura, quale sovrana dell’universo, e non si lasciano prendere in inganno dalla fede comune, non bisogna meravigliarsi, perché sono pochissimi al mondo i buoni spiriti che hanno pensieri forti e tali da penetrare in un libro come il De Arcanis Omnipotentis Naturae del miserabile Lucilio ed hanno così generoso coraggio /179/ da disprezzare l’opinione del volgo e sconfiggere la superstizione come un mostro meccanicamente servile. Tale è la massima dei nostri dogmatizzanti quando in segreto si confidano tra di loro.
/221/ Ho detto che i beaux esprits di questo tempo e gli eretici hanno pari malizia e stupidaggine, in modo che lo zoppo non abbia occasione di burlarsi del cieco. Gli atei fingono di essere filosofi e in effetti questi anni passati, appena ci fu questione di fare il processo al miserabile Lucilio in Tolosa, c’erano di quelli /222/ che lo scusavano, dicendo che egli era un filosofo, e quando uscì dalla prigione per essere arso nella piazza di S. Etienne [
lapsus di Garasse: non place de S. Etienne, ma place du Salin], egli disse consolandosi: andiamo e moriamo da filosofi.
/255/ Il miserabile Lucilio Vanini, che era ciarlatano di professione, bellimbusto di estrazione, ateista in religione e vagabondo per inclinazione naturale, benché abbia cercato di mostrare e con gli esempi e con la sua pessima dottrina che i filosofi e i medici sono comunemente ateisti, non è mai riuscito a fornire una prova di tale affermazione, la quale è ingiuriosa a quella onorevole vocazione e contraria alla verità tant’è che, grazie a Dio, conosciamo abilissimi medici che sono anche migliori cattolici e credono in Dio.
/301/ È la risposta che mi ha dato questo inverno passato un bravo giovane che, per la grande misericordia di Dio e per la sua buona inclinazione naturale, si era felicemente salvato dal naufragio e, trattosi fuori dall’infelice compagnia di libertini e di ateisti in cui per sua sventura si era trovato ingaggiato un po’ più di quanto servisse alla sua salvezza [...] soprattutto egli non poteva nascondere le sue falle quando si affrontava la questione del maligno e abominevole Lucilio, con il quale aveva avuto dimestichezza sia nelle compagnie /302/ che attraverso i suoi libri, dicendomi – ciò che sapevo già assai chiaramente – che egli è il più infelice e il più indiavolato villano che mai sia stato al mondo. Voglio provarlo con un esempio senza allontanarmi dal tema.

Questo maledetto ateista ha scritto un Dialogo che porta il titolo De Resurrectione mortuorum, nel quale fa credere, come in tutti gli altri suoi dialoghi, di affidarsi al giudizio della Chiesa in ordine alla resurrezione generale dei morti che avverrà alla fine del mondo e a quella particolare che è prodotta – secondo quel che si crede – per intercessione di qualche santo in parecchie persone decedute; ma egli manda in rovina in modo proditorio la verità di questo mistero con tre stratagemmi tutti e tre di cattivo gusto. Il primo è quello di riferire una infinità di resurrezioni false e fabulose che tuttavia sono state stimate veritiere dai pagani; e lo fa per dire subito dopo che lo stesso vale per le resurrezioni che noi stimiamo vere.
Il secondo è quello di dire che la superstizione del popolo semplice imputa tali prodigi alla potenza dei demoni. Ma – egli dice – quanto a questa opinione Numquam ego subscribam, donec naturali ratione esse Daemones mihi probaverint. Io – dice – che non credo che ci sia diavolo al mondo, non sarò mai del loro avviso fino a che non mi abbiano fatto vedere chiaramente e per via di buone ragioni naturali che ci sia un diavolo in natura. Il terzo è quello di dire che tutte le resurrezioni che, per quel che si tramanda, sono avvenute, sono state prodotte con i rimedi naturali di certe erbe che hanno forza e proprietà di riportare in vita un animale morto. [...].
/303/ Il primo stratagemma è molto malizioso, perché raccontare un centinaio di favole intorno alle supposte resurrezioni degli antichi per provare la resurrezione dei morti significa mettere la verità delle nostre sullo stesso piano di quelle antiche sciocchezze; è come se io volessi giustificare il mutamento della moglie di Loth in statua di sale e, per raggiungere lo scopo, ammassassi tutte le Metamorfosi di Ovidio e alla fine dicessi, come fa appunto quel maledetto Lucilio Vanino nel Dialogo sulla resurrezione dei morti: Lucianus responderet fabulosas esse has narratiunculas a mendacibus Graeculis excogitatas, et ab hypocriticis Platonicis sanctitatis fuco depictas. Ma riferire le resurrezioni di Alcesti, figlio di Pelia, di Lamia, di Elio Tuberone, di Corfidio, di Gabieno e di pochi altri riportati in vita e ricordare subito dopo quella di Lazzaro, del fanciullo di Naim e la resurrezione generale di tutti gli uomini, non significa forse essere manifestamente un traditore e un prevaricatore della causa di Dio?
[...]
/304/ Il secondo stratagemma impiegato dall’infelice Lucilio Vanini per sovvertire la verità della resurrezione era quello di dire che tutte queste resurrezioni sono incantesimi e opere di Satana: [...]. È sì vero che Lucilio, il quale dichiarava di credere che non esiste né Dio né Diavolo, ponendosi sulla scia delle dottrine di Cosimo Ruggeri, trova un altro espediente per salvare la verità delle suddette resurrezioni /305/ ma è così  ridicolo e fabuloso che avrebbe avuto maggiore interesse per la verità se avesse rapportato tutto ad operazioni dei demoni; poiché egli dice, seguendo le fantasie di qualche platonico e del suo maestro Pomponazzi, che le anime separate dai corpi hanno una violenta inclinazione a ricongiungersi con essi tanto che non mancherebbero di farlo alla minima occasione loro offerta e che proprio per questo gli antichi celebravano tanti sacrifici sulle tombe dei trapassati per invitare le anime all’odore della carne bruciata; e in Omero, egli dice, pur considerando ciò una favola, la stessa Circe insegnava ad Ulisse l’arte di ricondurre le anime dei morti nei loro corpi con l’uso di latte, miele, uova, vino, olio e farina, amalgamati insieme. [...]. Ad ascoltare i discorsi pieni di spropositi di Lucilio, sembra che le anime siano attratte dall’odore della carne arrostita. Egli ha un po’ di spirito quando fa una riflessione, che mi sembra cadere a proposito, cioè che se l’anima di coloro che amano il vino potesse essere richiamata dall’odore di quel dolce liquore, ci sarebbero molte più resurrezioni in Olanda e in Germania che in tutte le altre regioni del mondo, /306/ perché in quei paesi il giorno dei funerali si sversa una grande quantità di vino [...].
Il terzo rimedio fantasioso di Lucilio Vanino merita una Sezione particolare per essere illustrato come si deve, poiché contiene una malizia particolare che non si può esporre in poche parole.
[...].
/307/Ora io vedo nel Dialogo di Lucilio Vanini sulla resurrezione dei morti che tutti gli interlocutori fanno mostra di non essere ignoranti o fanno la parte degli schiocchi, delle persone che si meravigliano di tutto e che, con il loro stupore, dimostrano di avere poco spirito. Alessandro fa la parte del discepolo a giusta ragione il più ignorante, Giulio Cesare fa la parte del maestro e mostra evidentemente di non saperne più del discepolo; Giulio Cesare dice cose stravaganti, Alessandro ne resta sbalordito; e tutta la vicenda trova la propria conclusione con le parole: Pensate voi! Quando Giulio Cesare, che fa la parte del dottore, propone qualche sentenza, che i morti possono ritornare dalla morte alla vita Adhibitis herbarum succis, per mezzo di radici ed erbe medicinali, resta egli stesso stupefatto e Alessandro per tutta risposta gli dice: Pensate voi! È davvero possibile? Lo pensate davvero? Potreste crederlo? Potete persuadervi di ciò? E tutta la sua argomentazione si risolve nella testimonianza di Plinio il quale dice a proposito di Xanto non so quale chimera e parla di un drago che riportò in vita il suo cucciolo morto dopo averlo sfregato con un’erba che si chiama Balis, benché lo stesso Plinio, dopo aver ricordato l’episodio, aggiunga queste parole: /308/ Quae etsi fide careant, admirationem tamen implent.
/311/ Tale è il comune linguaggio dei nuovi cabalisti, come si può vedere in termini espressi nella prefazione che l’infelice Lucilio Vanino ha allegato al suo Amphitheatre de la Providence, in cui quel maledetto ipocrita, che gettò la maschera del suo ateismo in Tolosa poco prima /312/ della sua morte, finge di dolersi che quella perversa dottrina abbia guadagnato e devastato come una cancrena perniciosa quasi tutti gli spiriti del mondo, che erano – a suo dire – Opiniones de Superis atque Inferis ad concionatoriam plebeculam in officio servitioque continendam valere.
Egli dice che ciò che tra noi si racconta sull’inferno e sul paradiso non ha altra funzione se non quella di vincolare al proprio dovere il popolino attraverso un timore meccanico; che tutti i beaux esprits non ne sono convinti e non credono in tali cose più di quanto credano ai campi elisi o all’Acheronte. Che tuttavia è una buona sottigliezza politica ed è utile a far progredire gli affari di Stato, dal momento che gli sciocchi ne sono tutti presi come se fossero fanciulli alla vista di una mela o di un’immagine o malfattori alla presenza della forca; ma essi – grazie a Dio – hanno uno spirito troppo fine per credere in tali cose.
/373/ Noi non asseriamo – dicono i nostri dogmatizzanti – che bisogna precipitarsi nel caos e gettarsi alla cieca attraverso le alabarde o nel mezzo delle onde, poiché /374/ ciò equivarrebbe a prevenire il destino, ma diciamo che non bisogna far uso di alcun discorso, di alcuna cautela, di alcun antidoto e di non lasciare che il cuore sia preso e avvinto da alcun timore panico, come accade agli spiriti deboli, ma esporsi arditamente all’azzardo, affrontare il destino, e fare come Lucilio che morì in Tolosa, potendo salvare la vita, e non volle farlo per il timore di perdere l’occasione di morire da filosofo.
/445/ A quel che vedo i pretesi beaux esprits e il loro maestro, il miserabile Lucilio, nel suo libro sulla onnipotenza della natura, trovano incredibile ciò che si racconta nel Genesi a proposito della lunga vita /446/ dei primi uomini.
/465/ Tali sono stati Pomponazzi, l’Aretino, Cardano, Vanini e uno che non so chi fosse, bandito dalla Corte, che fa gran copia di giustificazioni cadute in disuso. Questi ateisti leggono in verità la sacra scrittura e mettono il piede in questo Santuario.
/641/ Insomma il maledetto Lucilio Vanini, grande patriarca degli atei, che fu bruciato vivo in Tolosa per le sue empietà, benché si desse le arie di sapiente e cercasse di raccogliere le più belle /642/ frasi di Cicerone, parla nondimeno da vero ignorante che non intende nient’altro che i principi della Grammatica, come quando nei suoi dialoghi De Admirandis Naturae, a proposito di Apollonio di Tiana, il Vanini o il Théophile del suo secolo, dice a p. 354: Apollonius Tyanus multos mortuos resurrexit.
/650/ Riguardo alla creazione del primo uomo, io vedo che il maledetto Lucilio Vanino è un maligno bellimbusto, perché nel suo libro De Admirandis Naturae, nel Dialogo xxxvii, ne parla tanto che, benché sotto la scorza di una terza persona, mostra assai bene ai lettori esperti e penetranti la sua empietà e il veleno della sua malizia. Il titolo è il seguente: De prima hominis generatione. Quindi, facendosi interrogare da Alessandro a proposito delle credenze relative alla creazione del primo uomo, risponde: Diodorus Siculus prodidit primum hominem fortuito, ex limo terrae genitum, nec desunt alij qui hanc fabellam pro vera historia crediderunt. E per quanto finga di ricondurre questa versione ad una cosa chimerica, nondimeno la consolida quanto più può con prove, argomenti e autorità e insomma conclude che è vera l’opinione degli ateisti: ma egli la propone così  crudamente, la combatte così  debolmente e la espone così  nettamente che non c’è bisogno di metterlo alle strette: le sue parole sono chiarissime.
La sua principale sciocchezza consiste in ciò: mettendo da parte il racconto del primo capitolo del Genesi, che è il solo che in tale materia contiene la verità, egli dice che taluni hanno stimato che l’uomo fosse nato dal putridume, come /651/ i topi, e che di tale avviso sono Cardano e Pomponazzi, due testimoni ben degni di essere ammessi in materia di religione; altri, come Maometto, stimano che l’uomo si è generato dalle lordure dei porci e delle rane; altri, come taluni ateisti di buono spirito che egli chiama Mitiores Atheos, hanno pensato che l’uomo viene dalla semenza delle scimmie e dei gorilla, la quale, dopo essersi sviluppata, si perfeziona e prende le sembianze umane. Questi signori Ateisti di buono spirito provano le loro affermazioni con l’esperienza: poiché in passato gli uomini camminavano a quattro zampe è segno che sono stati fabbricati e formati in questa postura fin dall’inizio e se ci sono al mondo bestie che hanno potuto dare all’uomo i natali, queste debbono essere le scimmie e i gorilla.
Quest’uomo era un pernicioso furfante, il quale come un filosofo pirroniano, revocando tutto in dubbio e scambiando per menzogna tutte le migliori ragioni che conosceva, ha talmente indebolito la verità da renderla alquanto ridicola per queste sue virate velenose. Poiché dopo aver di buon proposito avanzato le sue massime di empietà, finge di rimettersi al giudizio della Chiesa, e spacciandosi per disgraziato, chiude il suo dialogo con queste parole: Sed quaeso haec doctis Sorbonae senibus relinquamus. È così  che fa Buchanan, il quale, dopo aver vomitato diecimila imprecazioni contro i Re e lo Stato monarchico, alla fine si scusa dicendo di non essere teologo e di lasciare quelle questioni ai teologi.
/652/ La malizia di Lucilio appare altresì da questo: dopo aver detto che la condizione dell’uomo è peggiore di quella delle bestie, fa sì che il suo discepolo gli chieda se la ribellione delle bestie contro l’uomo non sia conseguenza del peccato dei nostri primi genitori e quindi aggiunge che era un gran piacere essere nei campi elisi dell’innocenza, quando le bestie, per quel che si dice, obbedivano ai nostri progenitori. Al suo discepolo dà questa consolazione: Ne ingemiscas, nam & post peccatum oviculae parent homini, & ante peccatum serpens.
Il suo discepolo, che sta allo scherzo, fa l’epilogo di tutta la questione, dicendo: Dictum puto, penso che così  sia stato detto. Ed è così  che questo infelice profana la verità dei nostri misteri, proponendo l’errore in termini efficaci e la verità il più debolmente che gli sia possibile: finezza diabolica, usata fin da tempi antichi tra i maligni e soprattutto tra i manichei, come possiamo costatare dalle risposte di S. Agostino a Giuliano e a Fausto, i due principali ministri di questa infelice setta.
/657/ Il miserabile Lucilio Vanini nel quarto [libro] dei suoi dialoghi fa quanto gli è possibile per discreditare questa storia e, dopo aver riferito l’opinione di Giustino [
Da., p. 361] a proposito della pretesa empietà di Mosè, che si gettò – egli dice – in un abisso per farsi stimare un Dio, come fecero Romolo, Maometto, Plinio e taluni altri impostori; infine egli giunge alla storia di Elia, che mette a confronto con le altre e poi riporta i suoi pensieri con queste parole: Mittamus has nugacissimas fabellas, includendo tra i racconti di vecchiette la storia del rapimento estatico di Elia e della morte di Mosè [Da., p. 361], che – egli dice – per l’ambizione che avevano di essere stimati dèi si sono nascosti in luoghi sconosciuti o sono precipitati in qualche abisso per far credere agli altri di essere stati rapiti in cielo. Il più scopertamente ambizioso, secondo questo infelice ateista, è stato Mosè, che non ha fatto misteri, né ha dissimulato la voglia di essere reputato Dio, quando disse che il gran Dio lo aveva istituito Dio del Faraone.
/683/ Il miserabile Lucilio Vanini ha scritto un libro assai pernicioso che è come l’introduzione alla vita non devota e il tirocinio dell’ateismo. Il titolo è tanto specioso quanto empio: De Admirandis naturae, reginae deaeque Mortalium Arcanis. Questo titolo non prometteva altro che meraviglie a proposito delle curiose ricerche sulla natura e sui misteri nascosti della filosofia, e tuttavia è simile a quello delle Recherches di Maestro Pasquier,[14] che ci aveva promesso curiosità ricercatissime intorno al Regno di Francia e poi ci ha preso per il naso di maestro phy phy, e del motto di Carcaillet, con Margot la maneggiona & Patroüillet il magliaio. Lo stesso è il libro di Lucilio Vanini, poiché reca sul frontespizio un elogio specialissimo che promette meraviglie De admirandis Naturae, Reginae, Deaeque Mortalium Arcanis.
Per conto mio avevo nutrito grandi speranze e all’interno vi ho trovato grullerie ridicole: 1. Perché le gocce d’acqua sono rotonde quando cadono sulla sabbia; 2. Perché i soffi fanno vento; 3. Come bisogna fasciare una balestra; 4. Perché le mosche muoiono d’inverno; 5. Perché l’uomo non ha /684/ quattro piedi. Mi attendevo che aggiungesse la questione tanto celebre del sofista menzionato da Seneca: Quare alaudae volant, cucurbitae vero non volant o meglio perché il vetro va in frantumi cadendo e la spugna non si rompe? Perché il fuoco brucia e l’acqua inumidisce; perché i gatti si pettinano con la zampa e i cani si leccano con la lingua; perché i topi hanno la barba e le rane non hanno coda; e poi che apponesse sul frontespizio di siffatte galanterie il titolo specioso: De Admirandis Naturae, Reginae, Deaeque Mortalium Arcanis.
/686/ così  i nostri giovani ateisti abusano con l’empietà del nome di Dea e di Regina e, dandolo a quella parte animale che ci rende simili alle bestie, dicono /687/ nel titolo dei loro libri: De Admirandis Naturae, Reginae Deaeque mortalium Arcanis. Poiché è come se dicessero: delle meravigliose grandezze della Regina brutalità, della Dea ingordigia, della Principessa sbornia e dell’Imperiale impudicizia.
/698/ Il miserabile Lucilio Vanini nel Dialogo De prima hominis generatione, riportando e approvando la sciocca opinione di Cardano, il quale diceva che l’uomo si può generare dalla putredine e dalla corruzione delle bestie e che, di conseguenza, se una bestia può mutarsi in uomo, per necessaria conseguenza è obbligo credere anche nel processo inverso per cui un uomo può mutarsi in bestia.
/704/ Il maledetto Lucilio Vanini per dare autorità al suo ateismo e annientare il sacramento del matrimonio, faceva un augurio degno della sua empietà nel Dialogo xlvi, quando diceva che avrebbe preferito essere nato fuori del sacramento ed essere, di conseguenza, /705/ bastardo, seguendo in ciò i sogni di quel vecchio ipocondriaco che scrisse paradossi ridicoli circa cento anni or sono; e tentava di provare che vale più essere bastardi che figli legittimi, tanto più – egli aggiungeva, seguito da Lucilio Vanini – che i bastardi hanno più bello spirito dei figli legittimi. Massime falsissime e piene di empietà, come mostrerò più chiaramente nel libro ottavo.
/716/ Tra i più velenosi che ho conosciuto in questa materia è il miserabile Lucilio Vanini, grande avvocato dell’empietà, quando dice nel suo Dialogo xxxvii: Profecto si feras capit homo, saepius capitur ab ipsis, Crocodilus e Nilo sola cauda venatur bibentes, nexibusque implicitos ad se trahit: item flagelis polypus urinatores, denique si interfecit homo, interficitur quoque, si vorat, voratur. Se l’uomo prende gli uccelli, gli uccelli prendono l’uomo; se uccide gli uccelli, l’uomo è ucciso da essi o dalle bestie della terra. Ma buon Dio, dove aveva lo spirito questo bellimbusto?
/785/ La rabbia smascherata, cioè, la disperazione della rabbia si percepisce in cinque o sei scrittori infelici che il nostro secolo ha abortito come progenie maledetta; il primo e il capo di tutti è Pomponazzi, spirito maligno e arrabbiato; il secondo è Gerolamo Cardano che con le sue curiosità si è spinto fino alla censura e alla condanna delle opere di Dio, il terzo è il miserabile Lucilio Vanino, che è tanto più maledetto e pernicioso da seminare le sue empietà sotto un onorevole pretesto: quello di abbattere l’ateismo, ma sotto mano fa di tutto per rafforzarlo e per radicarlo nello spirito dei suoi lettori. Ma il più trascurato di tutti è l’autore principale [Théophile de Viau] del Parnasse Satyrique, che si rivolge al destino e alla natura con parole infami e con imprecazioni da /786/ sodomita, come se Dio fosse geloso e invidioso delle sue impudicizie.
/801/ Per una cosa tanto importante essi dovrebbero avere il coraggio di farsi bruciare vivi, poiché tengono in gran conto il miserabile Lucilio Vanini, che portò la sua disperazione non soltanto nelle bettole e nelle taverne, ma anche sul fuoco e agonizzò per la sua empietà fino alla morte.
/814/ Il miserabile Lucilio Vanini aveva una maledettissima massima per degradare e annientare gli angeli, poiché diceva abitualmente /815/ tra i suoi confidenti che quanto agli uomini e agli angeli non bisogna riempire il mondo di fannulloni. Riguardo agli uomini, diceva, bisognerebbe fare come fanno ogni anno i boscaioli nelle grandi foreste: essi entrano per visitarle e per riconoscere la legna secca o gli alberi morti e uniformare la foresta, asportando tutto ciò che è inutile e superfluo o dannoso e conservando solo gli alberi buoni o i giovani alberi da riserva.
Pertanto, diceva questo ateista maligno, ogni anno bisognerebbe fare una rigorosa visita tra gli abitanti delle grandi e popolose città e mettere a morte tutto ciò che è inutile e che impedisce al resto degli uomini di vivere. Sono tali le persone che non hanno alcun mestiere di pubblica utilità, come i vecchi decadenti, i vagabondi e i fannulloni. Bisognerebbe, per impedirne la crescita, uniformare la natura, dar lustro alle città, mandare a morte ogni anno un milione di persone che per gli altri sono come rovi e ortiche.
Riguardo agli angeli egli era dell’avviso di rinviare tutto ciò in qualche nuovo mondo, come gli spazi di Democrito o i nuovi paesi di Luciano, che egli scopre nel globo della luna.
/836/ Quanto ai Dialoghi di S. Gregorio[15] che parlano di apparizioni notturne, egli li considerava solo dei racconti. In ciò mi è parso anche meno maligno dell’infelice Lucilio Vanini, che da vero traditore manda in rovina la vera credenza nei diavoli e negli Inferi nel Dialogo De Oraculis & Sibuyllis, dicendo che quanto alla verità egli si rimette alla fede della Chiesa Romana, ma che tra i più potenti argomenti che ci inducano a prestar fede ai demoni, agli Inferi e all’immortalità dell’anima ci sono i Dialoghi del glorioso San Gregorio, che egli come una vipera deride chiamandoli Venerabili Dialoghi; ed aggiunge che si atterrà a ciò che in essi è raccontato come ad articoli di fede.
/849/ Io trovo che ci sono cinque maliziosi e perniciosi scrittori che si sono incaricati di rendere questa verità disprezzabile e profana con le loro infelici invenzioni, cioè Paracelso, Pomponazzi, Cardano, Agrippa e Lucilio Vanini. Paracelso era un sognatore ipocondriaco, Pomponazzi un perfetto ateista, Cardano un profano, Agrippa un indiavolato, Lucilio Vanini il sunto degli altri quattro.
Mi riferisco a quest’ultimo per essere stati gli altri confutati e diffamati nelle loro proposizioni diaboliche. Io vedo che costui, per essere il più recente e il più velenoso di tutti, svolazza, benché sotto la /850/ cappa, e si presta sotto mano come la Clavicola di Salomone[16] e i quadri dell’Aretino tra gente del mestiere.
Per venire, dunque, al maledetto Vanini, leggendo i suoi scritti, non ho potuto far altro che persuadermi che egli ha il diavolo in corpo, tanto è malizioso e arrabbiato, come testimoniò di fronte alla morte dicendo che il diavolo lo aveva ingaggiato con undici suoi simili, come aveva un tempo ingaggiato Giovanni il Grammatico, di cui ho parlato nella prima sezione del primo libro. Questo infelice bellimbusto ha scritto un Dialogo intitolato De Daemoniacis, ed è il cinquantaquattresimo di numero, nel quale alla p. 304, dopo aver riferito a lungo le fantasie di Cardano, comincia la disputa con questi termini messi in bocca al suo discepolo Alessandro: Tu vero quid de phrenaeticis vulgo Daemoniacis iudicas: Che pensate dei frenetici volgarmente detti demoniaci?
Ecco un inizio ben propizio e due sinonimi ben infilati! [...] /851/ Dopo un tale avvio da ateista, Vanini risponde in prima persona ed avvia così  il suo discorso: Caeterum Sacrosanctae Romanae Ecclesiae me subijcio etc. In questa materia mi sottometto al giudizio della Chiesa. Ma per il resto il codardo, che altri non era, non ha altro scudo che quello dell’ipocrisia [...]. Ma verrà il tempo che Dio farà bruciare pubblicamente il miserabile Lucilio, con il suo scudo di paglia: Scuta comburet igni.
Avendo fatto questa protesta di Giuda, egli adduce quattro o cinque argomenti per capovolgere o indebolire la verità delle possessioni e dei nostri esorcismi: 1. che le persone soggette a tali possessioni immaginarie non sono altro che i melanconici, le giovani e le vedove per la medesima ragione. Avrebbe dovuto aggiungere alla sua proposizione che egli mente in modo impudico, poiché di tutti gli autentici posseduti, di cui si fa menzione nei testi evangelici non ce n’è uno di tale qualità, ma sono uomini o in gran parte [...]
/852/ 3. Vanini passa dalla febbre al delirio, e dal fumo alla brace, quando dice: Quare, in Hspania & Italia duntaxat Demoniaci esse creduntur; in tota Gallia vix unus, in Germania & Britannia nullus. Si crede, dice questo sfrontato, che ci siano indiavolati solo in Italia e in Spagna, perché in Francia, in Germania e in Inghilterra non ve n’è neppure uno. Bisogna aver perduto i sensi per proporre con tale sfrontatezza menzogne così  strampalate? Che ci siano indiavolati in Italia lo si vede dall’esempio dato dallo stesso Vanini e dai suoi undici compagni, che il Diavolo ha inviato /853/ in tutte le parti d’Europa per farvi seminare la zizzania dell’ateismo, ma che non ci siano punto indemoniati in Francia è smentito dall’esempio di dieci milioni di persone che spesso sono state viste ivi [...].
Il discorso scade in preda all’ubriachezza e all’ipocondria quando tocca la conoscenza e l’uso delle lingue straniere e quando egli scrive che gli ossessi parlano l’ebraico o il siriano [...]. Noi abbiamo nella nostra anima, dice questo stordito, il seme di tutte le lingue straniere che sono nascoste sotto le pieghe delle meningi del cervello, come fuoco sotto la cenere, di modo che quando la malinconia, che è l’ingrediente principe delle possessioni immaginarie, invia i suoi fumi al cervello, Peregrini idiomatis notitiam, quae in eo latebat, quodammodo extorquent, non secus quam ex silicis collisione emicantes scintillas [...].
Non saprei cosa rispondere a questa follia se non che io penso che l’umore ipocondriaco e la malinconia avevano offuscato lo spirito di Vanini quando egli scriveva simili sciocchezze, tanto che non è punto scusabile [...].
/855/ È così  che
i Begards, i Beguins, i Barillets, i Frerots dell’anima semplice[17] e quest’altra canaglia turlupinesca, quando avevano ben bevuto, credevano Coeli coelorum e immaginavano di vedere nell’aria meraviglie: è così  che Cardano e Vanini, quando erano brilli e quando i fumi del vino si erano mescolati /856/ con la debolezza del loro piccolo cervello, finivano col credere di parlare greco, cinese e arabo [...] Perché non è a caso che Vanini prenda il signor Orazio per testimone degli ossessi e provi le sue affermazioni con questo verso così  celebre: Foecundi calices, quem non fecere disertum? [...].
È necessario che un mentitore si ricordi delle sue proposizioni, altrimenti resta imbrigliato in grandi contraddizioni, come è capitato a Lucilio, il quale a p. 307 aveva detto che non ci sono possessioni che in Italia e in Spagna tra le giovani che non bevono vino [...] la soluzione di tali antinomie è che Vanini era brillo e che la melanconia, dovuta al vino, lasciava dei vuoti nel suo cervello.
Insomma la frenesia di questo scervellato è evidente nei suoi discorsi, i quali sono appena stati da me confutati. La sua empietà prorompe in due circostanze di rilievo. La prima in ciò che aggiunge dicendo che quando gli apostoli nel giorno della pentecoste parlavano diverse lingue, Veteres philosophi, cum exciperent, ebrios dixerunt. Dopo aver mostrato – o tentato di farlo – che /857/ il vino apre il cervello degli ipocondriaci e sprigiona la loro lingua in modo che essi parlano ogni sorta di linguaggio, egli aggiunge immediatamente due esempi a conferma del suo discorso: il primo è quello dei preti di Bacco nelle taverne della Tracia, che non rendevano mai gli oracoli se non erano brilli; il secondo è quello degli apostoli che, dice Vanini, furono stimati ubriachi dagli antichi filosofi [...].
La seconda circostanza, che mette a nudo l’empietà di Lucilio Vanini, è data da ciò che egli dice a proposito dell’acqua benedetta, perché /858/ dopo averla grandemente approvata, quia Alexander pontifex innumeris eam decoravit elogiis, parlando della forza che si presume essere nella benedizione dell’acqua, capace di cacciare i demoni dai corpi degli ossessi, scopre il proprio pensiero in questi termini: «Ho mostrato – egli dice – che queste stravaganze e queste lingue straniere vengono dall’eccesso di calore, causato dal vino». Fatta questa supposizione, osserva: Quid mirum, si aqua frigida capiti admota, morbi servorum, qui sua vi varias inde voculas extorquebat, discutit? «Non c’è da restar sorpresi – dice questo giocherellone – se l’acqua fredda, gettata sulla testa, spegne il calore eccessivo che aveva causato quella tempesta al cervello e alla lingua».
A ciò rispondo che il suo discorso ateistico potrebbe avere qualche credibilità se si bagnasse la testa degli indemoniati lungo una riva o se si battezzasse alla maniera degli Eunomiani[18] con la testa in basso in una bacinella, ma l’uso è quello di gettare solo due o tre gocce di acqua benedetta sulla testa del posseduto, le quali gocce in gran parte non lo toccano affatto, poiché si dissipano nell’aria. Bisogna avere la testa fatta a lampione, come l’aveva Lucilio, per ragionare in questo modo.
/860/ Accadde questi anni passati che un ministro ugonotto, predicando ad Amsterdam, profferì grandi ed orribili bestemmie contro Dio. Fortunatamente l’infelice Lucilio Vanini, che all’epoca si accompagnava al giudeo errante[19], essendosi trovato ad Amsterdam, assistette alla sua predica e ascoltò le sue massime perniciose e, trovandovi materia suscettibile di discussione, le riferì /861/parola per parola nel quarto libro De Arcanis Deae Naturae, nel Dialogo lvi, p. 320: esse consistono in due proposizioni, di cui la prima è vera, la seconda è piena di bestemmie.
La sua prima proposizione è che il diavolo è potentissimo, e in ciò egli non dice nulla di nuovo che non ci sia già stato detto da Giobbe, da S. Pietro e in mille altri luoghi della Sacra Scrittura. La seconda proposizione è che il diavolo è ben più potente di Dio, sul quale riesce ad avere sovente ragione, come è evidente, egli dice, nei testi della Bibbia. E a tal proposito enumerava tre vittorie che il diavolo ha riportato su Dio: la prima è la cacciata dei nostri genitori dal paradiso terrestre; la seconda è la morte di Gesù Cristo e la terza è il gran numero dei dannati in confronto a quelli che si salvano [...].
/865/ così  questo ministro come fosse il grande geometra del mondo, fa la spartizione tra Dio e il diavolo così  da dare al diavolo mille volte più che a Dio. Perché egli dice da buon aritmetico: di tutto il mondo che contiene le quattro grandi regioni climatiche conosciute, l’Europa, l’Asia, l’Africa e l’America, non c’è che una /866/ sola parte dell’Europa che è cattolica; tutto il resto è piombato nell’idolatria e appartiene al diavolo. Inoltre in questa piccola parte d’Europa il diavolo ha una parte pari a quella di Dio in Germania, in Polonia, in Transilvania, in Francia, nel Paesi Bassi. Il diavolo divide con Dio, ma Dio non divide con il diavolo verso il Regno della Cina, nel Magot, in Turchia, in Florida, tra i Topinambous[20], e, di conseguenza – diceva questo ministro – il diavolo è più potente di Dio.
A sentir parlare questo predicatore ateista, sembra che metta davanti ai nostri occhi il diavolo, suo maestro, come l’erede universale del mondo e nostro Signore come un cadetto d’Armagnac o di Bretagna, che va alla ricerca di una dimora con cinque soldi nella borsa, la cappa sulle spalle e la spada al fianco in cerca di fortuna. Ora al suo calcolo fornisco due risposte [...]
/877/ Voglio solo vedere qui i sogni pieni di bestemmie che sono saliti nella testa dei vagabondi e dei libertini, che posso collocare in quattro ordini differenti: 1. Lutero e i suoi discepoli; 2. i Calvinisti; 3. Cardano, Pomponazzi e Lucilio; 4. i nostri nuovi Libertini, che sono come i resti di tutte le eresie passate.
/879/Dopo i calvinisti sono venuti certi profani e libertini che si sono chiamati La famille d’Amour, che è in gran voga in Inghilterra; questi epicurei che si dicono polloni di Calvin, ritengono che vi sono sì /880/ taluni dotati di anima immortale, ma non tutti, e attribuiscono tale privilegio a coloro che hanno avuto un bello spirito e che sono stati arruolati nella loro famiglia amorosa, poiché quanto agli altri che hanno avuto spirito comune o che non hanno avuto l’onore di essere iscritti nella famiglia amorosa, la loro anima muore come quella delle femmine e dei cavalli: ecco le strane sciocchezze che sono sostenute e assecondate dalle orribili bestemmie a lungo coltivate dall’infelice Lucilio nel libro De Admirandis Naturae Deae Reginaeque mortalium arcanis, nel Dialogo xlvi, p. 327.
/885/ Dopo tutti questi infelici scrittori[21] sono venuti i nuovi libertini del nostro secolo, che si sono arricchiti sulle tracce di Cardano e di Lucilio, per ciò che pubblicamente e senza vergogna avanzano questa maledetta massima: che non è affatto certo che l’anima umana sia immortale e che, di conseguenza, vale più vivere nel presente che sperare nel futuro e prendere in questo mondo i propri piaceri piuttosto che correre dietro alla felicità incerta e immaginaria dell’altro mondo.
/886/È così  che Lucilio Vanini, il più infame ateista dei nostri giorni, ha tuttavia scritto contro gli ateisti, come un usuraio che grida contro gli altri, benché lo faccia con un disegno ben diverso.
/893/ Questa massima è necessariamente cattiva, poiché è condannata tanto dai buoni quanto dai cattivi. Riguardo ai buoni ecco ciò che ne dice Giovanni Crisostomo; riguardo ai cattivi, Gerolamo Cardano e Lucilio Vanini, che si possono definire il consolato dell’Ateismo, trovano che è un ragionare da bestie dire: la nostra anima è mortale, dunque diamo sfogo ai piaceri infami e villani.
/894/ Quanto a Lucilio Vanini, egli aveva abitualmente in bocca che in ordine ai piaceri del corpo bisogna lasciar fare alla natura, che l’immortalità dell’anima non fa né bene, né male, che quando i vostri sensi vi chiedono qualcosa, bisogna soddisfarli senza stare a considerare se morremo o non morremo. Cioè /895/ bisogna vivere come le bestie brute, seguendo le massime dei nostri epicurei sia che l’anima sia immortale sia che non lo sia, perché – a loro avviso – questa premessa non ha legami con quella conseguenza.
Io mi vergogno moltissimo che il nostro secolo abbia prodotto bestie così  snaturate nel bel mezzo del Cristianesimo.
/908/ Quando si vedranno tali, quali li descrive il signor Theophile nella Satira[22] con i loro sudori infami, quando cadranno a pezzi e brandelli, quando le loro ossa saranno corrose dalle gocce e i loro reni saranno rosi dai calcoli, il loro pelame al vento, i loro corpi in un ospizio o nelle mani di un carnefice che faccia vomitare la loro anima infelice, come accadde a Fontanier e a Lucilio Vanini, allora cominceranno a scoprire che la loro anima è immortale e che il loro corpo è una carcassa.
/935/ È vero che parlando con rigore e in termini puramente teologici il peccato non è nulla, in quanto non è che una privazione [...] e i nostri epicurei parlano meglio di quanto pensino, quando dicono che per nulla gli angeli sono stati cacciati dal cielo, per nulla i nostri genitori sono stati banditi dal paradiso terrestre, per nulla Giuda, Caino, Lutero, Calvino, Vanini, Pomponazzi e Cardano e quei due infelici Teofili di Constantinopoli[23] sono stato condannati.
/943/ Ora i nostri nuovi epicurei, che posso richiamare altrettanto a proposito dopo il devoto padre Pierre de Blois[24] nella sua tredicesima Epistola Culinarios histriones, sono dell’avviso che l’anima dell’uomo è della medesima /944/ specie e della medesima essenza di quella di un cavallo. Il primo ateista del nostro tempo che ha impunemente pubblicato questa maledetta dottrina è stato Gerolamo Cardano e il miserabile Lucilio Vanini nel quarto libro dei suoi Dialoghi nel Traicté de la Resurrection des corps [Da., dial. lviii, pp. 452-67].
/964/ L’infelice Lucilio Vanini, ateista molto avvelenato, afferma nei suoi Dialoghi di aver conosciuto a Ginevra un ministro fiammingo che si burlava di tutto ciò che si chiama scrupolo, soprattutto in materia di villania e dogmatizzava pubblicamente in questa Bethaven che gli incesti di primo e di secondo grado non sono un peccato più grande delle azioni giornaliere del bere e del mangiare. E dava di ciò una ragione affatto orribile, perché immaginava che solo le leggi umane e non gli ordinamenti divini avessero proibito gli incesti. Malizioso e abominevole pollone di Gomorra che meritava di essere bruciato vivo e a fuoco lento con Lucilio Vanini se si fosse trovato un magistrato assai zelante che avesse voluto punire le sue villanie.
/965/ Ecco ciò che i libertini e gli ateisti del nostro tempo qualificano con il nome di scrupolo. Questa parola “scrupolo” non è punto gradita al miserabile Lucilio Vanini, né ai nostri giovani epicurei, poiché egli non /966/ considera lo scrupolo nient’altro che una materia dell’inquisizione spagnola o meglio della tirannia del papa.
/972/ Tutte queste condizioni si sono semplicemente verificate nella persona di tre maliziosi libertini, cioè in quella di Lucilio Vanini, dopo che Francon l’ebbe deferito, in Fontanier, dopo che il luogotenente criminale l’ebbe sorpreso mentre dettava le sue empietà nella propria casa di rue de Botizy, e in quella di uno che non so chi sia, il quale fu talmente sorpreso e interdetto dopo il ritorno del Re, che quando sente parlare di magistrato o quando vede la barra degli ufficiali, gli si ghiaccia il sangue nelle vene: io non voglio altro teste che lui stesso, perché neppure un mese fa egli diceva a una persona, da lui temuta: «dopo il ritorno del Re, io vegeto» [...]
/972 (ripetuto)/ I due più impertinenti che io conosca tra tutti gli ateisti sono l’infelice Lucilio Vanini e un uomo da nulla, suo discepolo. Perché chi desse credito sulla semplice parola a questi due fannulloni, non si troverebbe coinvolto in grandi stravaganze? Quanto al maledetto Lucilio Vanini, non è mai stato altro che un traditore o un arrabbiato: finché fu in libertà fu il più vile zoticone della terra. Egli gridava e protestava ogni giorno contro gli ateisti ed aveva tanta paura di essere stimato libertino che ha scritto /973/ dei libri contro di essi, nei quali dice meraviglie delle loro massime infelici e grida al lupo altrettanto strenuamente quanto un pastore della Chiesa. Basta leggere la prefazione che egli ha scritto al lettore nel suo Amphitheatre de la divine Providence, che comincia con queste parole:
AJeothtoV Secta pestilentissima quotidies latius & latius vires acquirit eundo.
Avendo protestato che il solo fine che gli aveva fatto prendere in mano le armi non era altro che il desiderio di sterminare questa maliziosa e velenosa setta degli ateisti, quali proteste egli non aggiunge da buon e religioso cattolico? Quali ingiurie non dice contro i libertini? Quali lodi non tesse ai Padri della nostra compagnia, presentati quali i più valenti campioni dell’universo, capaci, a suo dire, di devastare questo terribile mostro dell’ateismo? Stando in Tolosa e gironzolando per la Guascogna, prima che si fosse scoperta la sua malizia, quali parole sante e sacre, quali propositi delicati e inzuccherati non aveva? Quante confessioni non ha fatto nelle nostre stesse chiese? Quali prediche non ha tenuto a Tolosa? Quante volte è venuto a vedere e visitare i nostri Padri, per interrogarli su taluni casi di coscienza? Il tutto coperto da una vile ipocrisia, come quella di quel maledetto uomo da niente di cui parla Fozio,[25] il quale si recava a visitare i religiosi chiamati Fratres Longi, per potersi poi intrattenere con il popolo semplice di Costantinopoli sotto le apparenze di una pietà finta e pericolosa.
Ma ben presto questo maligno uomo che era Lucilio /974/ Vanini fu scoperto e deferito da Francon, come ho dichiarato nel primo libro; egli si spinse fino ad una rabbia disperata, che gli fece uscire dal cuore e dalla bocca orribili bestemmie tanto da convincersi che il buon Dio è grandemente paziente [...] Lucilio era a lui del tutto simile, sempre vile o sempre arrabbiato, mai nella mediocrità, perché il vizio, che non è che piombo, non sa cos’è la mediocrità dell’oro.
Dopo l’infelice e traditore Lucilio, bisogna che io esamini le vili e codarde fanfaronate di un malizioso uomo da niente, che non vale più di lui.
/982/ L’infelice Lucilio, e Cardano prima di lui, non avevano alcun motivo per porre questa questione nel libro dell’immortalità dell’anima, da cui viene questa tesi secondo cui chi non crede nell’immortalità dell’anima è comunemente gente dabbene e più generosa degli altri?
A ciò dico che si tratta di un problema chimerico formulato dalla testa vuota di Cardano e di Lucilio; è vero il contrario e, per farne un buon problema, bisognerebbe domandare la ragione per cui coloro che non credono nell’immortalità dell’anima sono dei codardi, lesi e comunemente combattuti da terrori panici; il problema o la questione di Lucilio e di Cardano è giustamente simile a quella che potrebbe porre uno stordito sul perché le barre di ferro galleggiano sull’acqua o perché le rane volano così  bene nell’aria o per quale ragione le zucche hanno la piuma corta.
/986/ Dopo Machiavelli i due più maligni libertini che io conosca in questa materia sono stati il miserabile Lucilio Vanini e il buon Etienne /987/ Pasquier. È vero che l’uno è stato più fine e più astuto dell’altro, ma essi sono ugualmente velenosi se si considera il loro modo di fare. Lucilio Vanini nel Dialogo lviii, che tratta della resurrezione dei morti, procede così  sottilmente in vista della bisogna e pone così  giustamente i suoi collegamenti che occorre essere ben fini e astuti per sottrarsi alle sue reti. Perché questo diavolo incarnato, avendo intrapreso di demolire e annientare la credenza nella resurrezione dei morti e nell’immortalità dell’anima, comincia attraverso il suo discepolo Alessandro, al quale mette in bocca le lodi più grandi ed eccessive per Platone e per Socrate, e, dopo averle approvate come egli fosse dello stesso avviso, e dopo aver riconosciuto in Socrate una qualche divinità per il fatto che sentiva dentro di sé lo spirito del demone o comunque uno spirito eccellente, infine giunge ai suoi veri propositi [...].
Alessandro giocando il suo ruolo dice: Socrates fuit vir integerrimus; poi Lucilio risponde in prima persona: Ipse posteros docuit expedire Reipublicae, ut plebs confictis prodigiis in Religione decipiatur, come se dicesse più chiaramente: Dite il vero, mio giovane amico, Socrate era un grand'uomo; vedete come si comportava e apprendete che è stato lui il primo ad insegnare la massima secondo cui bisogna servirsi del pretesto della religione per divertire e ingannare il popolino. Dopo di ché Lucilio cita un gran numero di miracoli contraffatti, di resurrezioni fabulose, le quali hanno avuto diffusione presso il mondo pagano e sono state ritenute utili per ingannare i sempliciotti. Dalla lettura del Dialogo emerge chiaramente l'intento di quest'uomo malevolo, cioè quello di persuaderci che la nostra credenza nella resurrezione generale dei morti non è che un inganno o uno spaventapasseri in una canapaia.
/988/ Dice quasi le stesse cose nel dialogo delle apparizioni, in quello degli oracoli e in quello della religione dei pagani. E per parlare propriamente tutti e quattro i suoi libri dei dialoghi non sono altro che un continuo discredito della nostra religione e io stimo che quell’infelice libro che funge da breviario ai nostri libertini è l’opera più abominevole e più maligna che mai sia stata scritta da mano umana.
L’altro libertino, che sarebbe ben pericoloso, se non fossero ben note le sue chiacchiere, è il buon Etienne Pasquier. Egli non è, per la verità, né fine né ingegnoso e c’è una certa differenza tra lui e Lucilio Vanini: Vanini strangola i suoi lettori con un filo di seta tanto è libero nella sua malizia; il buon Etienne Pasquier lo fa con un laccio di stoppa; è grossolano nei suoi pensieri, ma non è meno pericoloso dell’altro [...].
Lo stesso dico del buon maestro Etienne Pasquier, per il quale la carità cristiana mi obbliga a sentire compassione, perché da una parte vedo che egli è scusabile, in quanto semina nelle sue opere l’ateismo e l’empietà in difetto di spirito e di scienza, /989/ ma dall’altra trovo che la sua ignoranza e la sua mancanza di spirito hanno sulle anime lo stesso effetto che ha la nera malizia di Lucilio.
/998/ Ora il più abominevole e arrabbiato che ci sia mai stato in questa materia, senza recare pregiudizio a Caino, a Giuda e a Carpocrate,[26] è il maledetto Lucilio Vanini, perché questo bellimbusto /999/ ha scritto dei Dialoghi a bella posta per annientare i sacramenti della chiesa e renderli interamente profani e ridicoli; la sua malizia è tanto più da temere in quanto egli si finge sfortunato e, con parole all’apparenza sante, ispira il veleno nei midolli dei giovani ateisti e libertini che sono assai pronti a ricevere le sue infelici impressioni e, prima di aver digerito la pozione, non sono troppo capaci per riconoscerle come tali. Bisogna che io scopra qui la disperazione arrabbiata del personaggio per disingannare coloro che potrebbero lasciarsi andare nella lettura del suo libro con il pretesto che è stato stampato con approvazione e privilegio, in quanto sappiamo che questo pericoloso ateista, dopo aver ricevuto il privilegio e l’approvazione dei dottori, mutò maliziosamente il suo disegno e sostituì questo aborto di ateismo ai quaderni che aveva dato loro in visione come vetrina dell’intero scritto e per di più attaccò alla fronte di detto figlio bastardo un titolo pieno di empietà, che non sarebbe mai passato né sotto il sigillo di Francia, né sotto la penna dei dottori se avessero letto sul frontespizio tali parole: De Admirandis Naturae Reginae Deaeque mortalium arcanis.
Aggiunta a ciò l’altra finezza che ho scoperto nel primo libro riguardo agli interlocutori del suo dialogo, vengo al mio proposito e dico che il più orribile bestemmiatore che mai ci fu contro i sacramenti della Chiesa, orribile più di Caino, di Giuda e di Carpocrate, è stato questo infelice pirata ed ecco come. Dopo aver forzato la sua natura ed essersi finto devoto, dicendo ad ogni proposito meraviglie intorno all’acqua benedetta, /1000/ ai Dialoghi di S. Gregorio, alla lettura dei libri proibiti, alla frequentazione dei sacramenti, alla fine, non potendone piú, tolse la maschera e in due diversi dialoghi disse che per la verità l’uso di certi sacramenti è lodevole e che bisogna conservarlo, ma dopo tutto è il matrimonio, in qualità di sacramento, che fa nascere gli uomini come le bestie e senza spirito e per me – aggiunge – avrei desiderato con tutto il cuore di essere nato fuori del matrimonio ed essere bastardo, perché sono certo che in tal caso avrei avuto migliore spirito e più forte complessione del corpo.
/1004/ così  faceva il miserabile Lucilio Vanini, quando si guadagnava la familiarità del signor Francon. È il tipo di vita che conduceva il maledetto Mezenzio, quando guadagnò lo spirito di Ronsard e de Rapin; è il metodo seguito da Cosimo Ruggeri, quell’infame ateista che si nascondeva sotto un velo di pietà per avere l’entratura nelle case dei Signori, vostri antenati. Insomma è così  che Fontanier, quel miserabile rinnegato, si guadagnava la conoscenza dei magnati, avendo assunto per insegna della sua casa il nome di Gesù per meglio ingannare gli spiriti deboli della gioventú.
/1005/ Si è mai visto il miserabile Lucilio Vanini gironzolare di casa in casa e percorrere la Guascogna, insinuarsi tra i nobili per mangiare a sbafo e fare complimenti da parassita? Si è mai visto il maledetto Cosimo Ruggeri[27] fare pubblicamente il mestiere dello scroccone, del buffone, del venditore di oroscopi più favorevoli che possibili e conformi agli umori di coloro che voleva attrarre nel suo partito?
/1007/ Il più maligno volpone che abbia fatto uso di questa maliziosa finezza è stato l’infelice Lucilio Vanini, che /1008/ ha scritto dei libri pieni di una pericolosa empietà, perché nel suo Amphitheatrum parla da cattolico, nella sua Sapientia[28] parla da filosofo pagano, ma nei dialoghi ragiona da perfetto ateista, in una maniera, tuttavia, che gli permette di sconfessare tutte le empietà, poiché si copre d’un sacco bagnato e le fa pronunciare dal suo discepolo Alessandro, le attribuisce a qualche infelice ateista, conosciuto – egli dice – ad Amsterdam o a Ginevra; alla fine di tutto si vede che egli non è altro che se stesso che ostenta le sue bestemmie sotto il nome di qualche uomo di paglia. La sua finezza consiste in ciò che egli avanza delle proposizioni orribili, dicendo: io mi trovavo a Ginevra ove ho visto un uomo infelice, che sosteneva tale e talaltra massima, diceva tale e talaltro scandaloso proposito e dimostrava le sue affermazioni con tali e talaltre argomentazioni, ma io gli rispondevo a dovere e gli facevo le mie rimostranze dicendo che in ciò bisogna sottomettersi al giudizio della sacrosanta Chiesa Romana [...]. Lo stesso Lucilio /1009/ Vanini, spirito arrabbiato contro Dio, ha scritto dei libri abominevoli, i quali in apparenza sono contro l’ateismo, perché il suo Amphitheatrum reca espressamente per titolo adversus Atheos, e tuttavia dentro non è che una pura introduzione all’ateismo e per imbellettare il più favorevolmente possibile il suo progetto, dopo aver pronunciato qualche orribile bestemmia, dando per soluzione che in ciò bisogna rimettersi al giudizio della Chiesa, introduce il suo discepolo che, pronto alla burla, gli dà l’avvio del discorso: Tam acute adversus Atheos disseris, ut eorum Antagonista, iure merito ab omnibus vociteris (nel Dialogo lvi, p. 322) [...]. Ecco l’umore dei nostri giovani ateisti; è così  che Lucilio Vanini si comportò fino alla prigione.
/1013/ [La biblioteca dei libertini] contiene al primo livello Pomponazzi, Paracelso e Machiavelli, perché quanto alla Clavicola di Salomone non è altro che un frutto immaginario di qualche testa vuota; è la quadratura del cerchio degli ateisti e non corrisponde affatto a ciò che dicono i veri e perfetti cabalisti. Riguardo a Pomponazzi non posso dire altro se non che egli è un uomo molto maligno da quanto ho potuto leggere nel miserabile Lucilio, perché non avendo mai perso il tempo, grazie a Dio, nella lettura delle sue empietà non ne saprei addurre alcuna testimonianza se non di seconda mano. È vero che nei dialoghi di questo miserabile villano trovo che egli è sempre qualificato da Alessandro con questi titoli: Tuus Pomponatius, oppure Pomponatius Philosophorum Deus, ma, leggendo le empietà da lui riferite, dico che quest’uomo doveva essere qualche diavolo incarnato, come Cornelio Agrippa.
/1014/ Il secondo livello della Biblioteca dei nostri ateisti, contiene Gerolamo Cardano, Charron, e Lucilio Vanini [...]. /1015/ Quanto a Lucilio Vanini ho già detto sopra il mio pensiero molto ampiamente. Di lui non ho visto che tre libri diversi, cioè il suo Amphitheatre, la sua Sagesse e i suoi Dialogues. Nel suo Amphitheatre parla da ipocrita, nella Sagesse da cinico, nei Dialogues da perfetto ateista ed è l’opera più perniciosa che da cent’anni sia mai uscita alla luce in materia di ateismo; ragion per cui sono obbligato, per disingannare taluni spiriti semplici che lo hanno /1016/ compulsato con dannosa innocenza, essendo convinti che un libro che si vende pubblicamente, con approvazione dei Dottori e con Privilegio del Re, si può leggere impunemente; ma io ho scoperto qui sopra la via che questo maledetto ha seguito per ottenere l’approvazione e il privilegio.
/1024/ Ad imitazione e al seguito di questi libertini sono venuti i nostri ateisti che hanno tenuto lo stesso tenore di vita e, come briganti, nel timore di essere riconosciuti, hanno cambiato i loro nomi propri per camuffarsi come camaleonti [...]. così  il miserabile Lucilio cambiò il nome tre o quattro volte e cambiando il paese assumeva nuovi titoli; stando in Guascogna si faceva chiamare Pompeo e i nobili non lo conoscevano sotto nessun altro titolo; in Olanda si chiamava /1025/ Giulio Cesare; a Parigi, quando volle stampare, si qualificò con il nome Giulio Cesare Vanini; a Lione, stampando il suo Amphitheatre, aggiunse il termine di Taurisano; infine a Tolosa, prima e durante il processo, si chiamò il signor Lucilio.

Indice

(l’ordine cronologico, almeno per alcuni testi, si riferisce alla data di produzione e non di pubblicazione)

1619

1- Histoire Véritable de tout ce qui s’est fait et passé depuis le premier janvier 1619, Paris, Alexandre, 1619.

2- Mercure François, t. v, Paris, Richer, 1619.

3- D’Autreville, Inventaire général des affaires de France, Paris, Ian Petit-Pas, 1620.

4- C. Malingre, Histoire générale des derniers troubles, Paris, Ian Petit-Pas, 1622.

5- Histoire véritable de l’exécrable docteur Vanini, Paris, Soubron, 1619.

6- F. De Rosset, Les Histoire mémorables et tragiques, Histoire v, Paris, Chevalier, 1619.

7- G. de Catel, Lettera a Nicolas-Claude Fabri de Peiresc del febbraio 1619.

1621

8- J. Gaultier, Table chronographique de l’Estat du Christianisme, Lyon, Rigaud, 1621.

1622

9- M. A. De Dominis, Lettera a Giacomo I d’Inghilterra dell’11 febbraio 1622.

1623

10- M. Mersenne, Quaestiones in Genesim, Paris, Cramoisy, 1623.

11- Ch. Sorel, Histoire comique de Francion, Paris, Billaine, 1623.

12- Effroyables pactions faictes entre le diable et le pretendus Invisibles, 1623.

13- G. Naudé, Instruction à la France, Paris, Iulliot, 1623.

14- F. Garasse, La doctrine curieuse, Paris, Chapelet, 1623.

15- F. Ogier, Iugement et censure du livre de la doctrine curieuse, Paris, 1623.

16- F. Garasse, Lettres justificative del 6 novembre 1623.

17- M. Molé, Mémoires, t. i, Paris, Renouard, 1855.

1624

18- F. Garasse, Apologie, Paris, Chappelet, 1624.

19- J. de Silhon, Lettre à l’evesque de Nantes, 1624.

20- M. Mersenne, L’Impiété des Déistes, t. i, Paris, Bilaine, 1624.

21- M. Mersenne, L’Impiété des Déistes, t. ii, Paris, Bilaine, 1624.

22- Théophile de Viau, Apologie, 1624.

23- A. Remy, Deffence pour Estienne Pasquier, Paris, Ruelle, 1624.

24- F. Garasse, Epistre à Monsieur d’Oignon, Paris, Quesnel, 1625.

1625

25- F. Garasse, La somme théologique, Paris, Chappelet, 1625.

26- Ch. Besold, Dissertatio politioco-juridica de Majestate, Argentorati, Zetzner, 1625.

1626

27- J. de Silhon, Les deux vérités, Paris, Sonnius, 1626.

1628

28- R. Burton, The anatomy of melancholy, London, Crips, 1628.

29- Von dess Doctoris Julii Caesaris Vanini, sonsten Luciolus genandt, erschröcklicher gottloser Lehr, in M. Zeiller, Theatrum tragicum, Tübingen, Brunn, 1628.

1629

30- Ch. Cotin, Discours à Theopompe, 1629.

31- R. Fludd, Sophia cum Moria certamen, Frankfurt, Rötel, 1629.

1630

32- E. Richer, Vindiciae doctrinae, Coloniae, Egmond, 1683.

33- R. Descartes, Lettera del 17 ottobre 1630.

34- M. Mersenne, Questions rares et curieuses, Paris, Billaine, 1630.

1632

35- G. Franzosi, De divinatione per somnium, Francofurti, Beyer, 1632.

1634

36- J. de Silhon, De l’immortalité de l’ame, Paris, Billaine, 1634.

1635

37- C. Clemens, Musei, sive Bibliothecae, Lugduni, Prost, 1635

38- J. J. De Loyac, Le libertin converty, Paris, Toussainct du Bray, 1635.

39- J. A. de Richelieu, Mémoire, mss.

40- J. Gaches, Mémoires mss.

41- S. Dupleix, Histoire de Louis le Juste XIII, Paris, Sonnius, 1635.

1637

42- J. Cluver, Historiarum totius mundi Epitome, Lugduni Batavorum, Marcus, 1637.

43- F. de la Mothe le Vayer, Petit discours de l’immortalité de l’ame, Paris, Courbé, 1637.

1639

44- G. Voet, De atheismo, Utrecht, Roman, 1639.

1641

45- H. Sponde, Annalium Emin.mi Card. Caes. Baronii continuatio, Lutetiae, La Noue, 1641.

46- A. D’Abillon, La divinité defendue, Paris, Iosse, 1641

47- M. Ruar, Lettre à Mersenne del 13 settembre 1641

48- M. Mersenne, Lettre à Ruar del 1° dicembre 1641.

1642

49- F. Grenaille, La mode ou le charactère de la religion, Paris, Gasse, 1642.

1643

50- G. Patin, Lettre à Ch. Spon del 16 novembre 1643.

51- G. B. de Gramond, Historiarum Galliae, Toloae, Colomerius, 1643.

52- M. Schoock, Admiranda methodus, Utrecht, Waesberge, 1643.

53- R. Descartes, Epistola ad cel. virum Gisbertum Voetium, Amsterdam, Elzevir, 1643.

1645

54- R. Descartes, lettera del 16 giugno 1645.

55- S. Desmarets, Ultima patientia, Groningae, Nicolai, 1645.

1646

56- M. Schoock, Necessaria et modesta defensio, Groningae, Nicolai, 1646.

57- S. Desmarets, Bonae fidei sacrum, Groningae, Nicolai, 1646.

1647

58- C. van Baerle, Epistolarum liber, Amsterdam, Blaev, 1647.

1650

59- Naudaeana et patiniana, Paris, Delaulne, 1701.

60- Patiniana, ms. 7071 della Österreichische Nationalbibliothek di Vienna.

1653

61- Zacharie de Lisieux, Saeculi genius, Paris, Cramoisy, 1653.

62- Th. Raynaud, Erotemata de malis ac bonis libris, Lugduni, 1653.

1655

63- Ch. Sorel, La science universelle, t. iv, Paris, Le Gras, 1655.

1657

64- L. Guez de Balzac, Socrate chrestien, Paris, Courbé, 1657.

65- G. Tallemant des Reaux, Historiettes, t. i, Paris, Levavasseur, 1834.

1690

66- J. E. Schwelling, Exercitationes cathedrariae, Bremae, Brauer, 1690.