Testimonianze

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6 – 1619. François de Rosset (1570-1630).

De l’execrable Vanini, autrement nommé Luciolo: de ses horribles impietez, & blasphemes abominables, & et de sa fin enragee, Histoire v, in Les histoires memorables et tragiques de ce temps, où sont contenuës les morts funestes & lamentables de plusieurs personnes, arrivées par leurs ambitions, amours desreiglees, sortileges, vols, rapines, & par autres accidens divers. Composées par François de Rosset, Et dediees, à Monseigneur le Marquis de Rovïllac, A Paris, Chez Pierre Chevalier, ruë S. Iacques, à l’enseigne S. Pierre, prés les Mathurins, mdcxix. Avec Privilege du Roy, 733 p. (Vanini pp. 185-213).

Il privilegio reale è datato 21 agosto 1619 (ed. recente: F. de Rosset, Histoires tragiques, a c. di A. de Vaucher Gravili, Paris, Le Livre de Poche, 1994). Rosset riproduce il testo del secondo anonimo del 1619, ma è verosimile che egli non sia l’autore dello stesso; anzi, tenuto conto che nelle sue Histoires mémorables saccheggiò a piene mani canards pubblicati anonimi, v’è da supporre il contrario. Sue sono in ogni caso le numerose aggiunte.

/185/ O siecle le plus infame de tous les siecles, & la sentine où toutes les immondices du temps passé se sont ramassees. Est il possible que nous voyons naistre tous les jours, & mesme parmy ceux qui ont esté regenerez par le Baptesme, des impies dont la bouche puante & execrable fait dresser d’horreur les cheveux à tous ceux qui ont quelque sentiment de la Divinité? Si nous vivions parmy l’Idolatrie, treuverions nous ces exemples prodi/186/gieux? Nous qui vivons parmy le culte du vray Dieu, & la cognoissance de la verité? Ie ne le croy pas, puis que les Payens mesmes, ont tellement abhorré l’impieté, que les plus idolatres d’entr’eux crient tout haut, que grandes & rigoureuses peines sont establis aux Enfers pour la punition des impies. A peine venoit on de faire le juste chastiment de certain execrables, dont l’un se disoit le Pere, & l’autre le Fils, & l’autre le sainct Esprit. Un equitable Senat venoit de purger par le feu, & exterminer ces ames infernales, lors qu’à la ville de Tholose l’on vit paroistre une autre ame endiablee, & telle que le recit de ceste Histoire fera peur à ceux qui prendront la peine de la lire. En fin ce ne sont pas des contes forgez à plaisir, comme ceux que l’on invente ordinairement pour amuser les hommes. L’Arrest de ce juste Parlement prononcé depuis peu de iours contre un Athée & tant de milliers de personnes, qui ont assisté au supplice de cet abominable, tesmoigneront la verité de l’Histoire, que j’escriray naïfvement de la sorte.

Aux champs riches & delicieux de /187/ la Campanie, & dans un grand bourg proche de ceste belle & gentille ville, à qui iadis Parthenope donna son nom, & que l’on appelle auiourd’huy Naples, l’on voit une famille nommee les Vaninis. De ceste race sont sortis des hommes gens de bien, & bons Catholiques, & notamment des sçavans personnages. Mais comme parmy les fleurs il y a souvent des espines, & parmy les bon bled des chardons & de l’ivroye: l’on a veu de ceste race un si meschant & si execrable Vanini, qu’il rendra desormais ce nom remply d’horreur & d’infamie. C’est celuy de qui nous descrivons l’Histoire, & qui au grand deshonneur de sa patrie, & au grand scandale de la France, mourant sur un infame Theatre taschoit de donner vie à l’impieté mesme. Ce Vanini fut envoyé en son jeune aage par ses parents aux meilleures Academies de l’Italie. Il y profita si bien, que tous ceux qui le cognoissoient, faisans un bon jugement de son bel esprit, croyoient qu’un iour il seroit l’honneur de son pays. Mais que les hommes sont subiects à s’abuser en leurs jugemens!

/188/ Il n’est rien plus divers que le cœur des humaines / Et nul autre que Dieu ne peut sonder les reins. Comme ce Vanini eust long temps estudié à Bologne & à Padouë, il luy prit envie d’aller en Espagne & de voir Salamanque. Apres avoir fait sa Philosophie, & sa Theologie en ceste celebre Université, il s’y arresta quelque temps. Sa curiosité, outre l’Astrologie, luy fit mettre encores le nez dans la noire Magie, de sorte que c’estoit un marchand meslé en toutes sciences. Folle curiosité, le premier degré de l’orgueil qui cause tant de mal au monde. Nous devrions tousiours nous ressouvenir de ce que nous conseille une grande lumiere de l’Eglise, qu’il faut que l’humaine temerité se contienne, & qu’elle ne recherche iamais ce qui n’est pas, autrement elle rencontrera ce qui est en effect. Si le Docteur Vanini eust esté sage, il ne se fust iamais amusé à des choses vaines & execrables, & par mesme moyen il n’eust point esté delaissé de la grace de celuy, qui nous confere tousiours plus que nous ne luy sçaurions demander. En fin enflé de son sens charnel, & de sa science, il voulut sçavoir que /189/ c’estoit que de l’Atheisme, que l’on lit couvertement en ceste mesme ville. Et dans peu de temps il eut une telle creance, que bannissant de son ame tout ce qui la pouvoit rendre glorieuse, il creut qu’il n’y avoit point de Dieu: Que les ames meurent avec les corps: & que nostre Seigneur Iesus-Christ, eternel fils de Dieu, & lequel nous a rachetez de la mort eternelle, estoit un imposteur.

Non content d’avoir ceste maudite & damnable creance, qui le conduisoit au profond des Enfers, il la voulut communiquer à d’autres, afin d’avoir des compagnons en sa perte. C’est pourquoy il ne cessoit parmy ceux qui hantoient familierement, de mesdire des escrits de Moyse, de nommer fables, & iustement comparables à la Metamorphose d’Ovide, tant de mysteres sacrez, & tant de miracles qui sont contenus au Genese, & en l’Exode. Et comme l’impieté n’a que trop de sectateurs, parce que d’abord elle est plaisante & agreable, & qu’elle introduict la liberté parmy les hommes, cét abominable ne manquoit pas de disciples. Mais pour perdre mieux ceux qui ne bouchoient point les oreilles à ceste Sirene tromperesse, il /190/ fit revivre sourdement ce meschant & abominable livre, de qui l’on ne peut parler qu’avec horreur, & que l’on intitule, Les trois Imposteurs. Ie ne veux point inserer icy les raisons diaboliques contenuës dans ce pernicieux & detestable livre, que l’on imprime à la veuë, & au grand scandale des Chrestiens. Les oreilles chaste et fidelles ne les sçauroient souffrir. Contentez vous que ce meschant homme quittant le nom de Vanini, se faisoit appeler Luciolo. Ie ne vous sçaurois bien dire, si son nom estoit Lucius. Neantmoins i’estime qu’il avoit emprunté ce nom infame, pour l’amour qu’il portoit à Lucian, qui jadis fut le plus grand Athée de son siecle.

Tandis que cét execrable abreuve de son poison venimeux les esprits qui sont destinez à la perdition, la crainte d’estre saisi des Inquisiteurs de la Foy, luy fait quitter Salamanque, & se retirer à Ossune ville renommee de l’Andalusie. L’on ne sçauroit dire combien d’ames disposees à recevoir la nouveauté, y furent perduës par ce meschant & execrable Athee. Il s’insinuoit dans la maison des grands, ou ordinairement l’on voit toute sorte de licence, /191/ les abbreuvoit de vive voix de son opinion, & leur donnoit mesmes des escrits qui avec leur autheur meritoient cent & cent fois le feu. Il fit encores un voyage à la Cour d’Espagne, mais il ne s’y arresta gueres; parce qu’ayant esté descouvert, il y eut bien tost receu le juste salaire de ses impietez, s’il ne s’en fust enfuy. Voyant doncques qu’il couroit fortune de la vie, il resolut de voir la France, & particulierement la ville de Paris, où l’on ne treuve que trop de complices en toutes sortes de meschancetez.

Il s’embarqua à Bayonne, & ayant pris port à Roüen, il se rendit puis apres dans peu de temps à Paris. Comme il ne manquoit pas d’artifice, ny de sçavoir pour s’insinuer dans la maison des grands de la Cour: un certain Escossois homme sçavant, & qui avoit servy de Precepteur à Monsieur l’Abbé de Rhedon, à present Evesque de Marseille, & frere de Monsieur de sainct Luc, luy donna entree chez ce digne Prelat. Monsieur l’Evesque de Marseille qui ayme les hommes sçavans, ayant gousté le Docteur Vanini, lequel estoit meslé en toutes sortes de /192/ sciences, il le retint dans sa maison, & luy donna une honneste pension, & sa table. Estant de la maison d’un tel Seigneur, il avoit par mesme moyen l’entree de toutes les meilleurs maisons de la Court, & particulierement celle de Monsieur de Bassompierre, beau frere de Monsieur de sainct Luc. Ce dangereux & execrable Athee dissimula pour quelques iours son impieté, ne laissant pas pourtant de faire tousiours couler quelque petit mot, au des-honneur du grand Dieu, de son fils nostre Seigneur Iesus-Christ, & des mysteres de la foy. Ceux qui l’entendoient parler de la sorte n’y prenoient pas garde au commencement, & attribuoient plutost à une certaine liberté de parler, que l’on pratique en France ce qu’il disoit, qu’à quelque malice cachee. Mais quand il eust acquis un peu de reputation parmy une infinité de personnes qu’il frequentoit, il se mit à publier l’Atheisme, & mesmes en ses predications (car il preschoit quelquesfois en des Eglises renommees) ceux qui sont versez aux controverses, & aux mysteres des Chrestiens, remarquoient tousiours quelque traict d’impieté. Et de fait, ayant un iour presché à /193/ sainct Paul, sur le commencement de l’Evangile de sainct Iean, où le plus haut des mysteres est contenu, il fut accusé puis apres de damnable opinion. Cela le descria de telle sorte, que ceux qui ont la charge des ames luy deffendirent la chaire.

Toutes ces circostances fascherent l’ame de Monsieur l’Abbé de Rhedon, lequel a esté nourry.
Dans le branlant berceau du laict de pieté: Et desormais il ne fit plus si grand conte de Vanini qu’il faisoit auparavant. L’Athee voulut pourtant r’habiller sa faute, & contrefit l’homme de bien durant l’espace de quelque mois, si bien qu’il parla plus sobrement que de costume. Mais si sa langue se retint, sa main eust bien tost produit des fruicts de son execrable impieté. Il composa un livre des causes naturelles, & le dedia à un Cavalier, dont le merite ne se peut descrire en peu d’espace: Ce fut à Monsieur de Bassom-pierre, que Mars & les Muses honorent également. Dans ce livre il avoit inseré mille blasphemes & mille impietez, comme celuy qui donnoit à la nature, ce qui n’appartient proprement qu’au Createur de l’Univers, /194/ & de la nature mesmes. Aussi ce meschant livre fust bien tost censuré. La Docte Sorbonne de Paris, arbitre des matieres de la Foy, ayant veu ce livre, le declara pernicieux, & le condamna au feu. L’execution publique en fut faicte par la main du bourreau: de sorte que son autheur, qui meritoit encores d’estre ietté dans le feu, ayant receu cét affront, & se voyant estre mal avec Monsieur de Marseille, qui abhorre tels impies, resolut de quitter Paris, & de faire un voyage à Tholose.

Le renom de ceste grande ville fleurissante en beaux & rares esprits, le conviant de la voir, il part doncques de la capitale ville du Royaume, & arrive à deux lieuës pres de Tholose quinze iours apres. Outre la Philosophie & la Theologie, & autres pareilles sciences, il avoit fort bien estudié en droict, de sorte qu’il ne pouvoit long temps demeurer sans party. Mais comme il estoit prest d’entrer dans Tholose, deux ieunes & braves Gentils-hommes qui avoient passablement estudié, passerent par une petite ville où Vanini s’estoit arresté, & allerent loger au logis de ce Docteur. Ayants recognu à table quelques traicts /195/ de son sçavoir, ils deviserent privement dans une chambre apres disner avec luy, & furent si satisfaicts de cét homme, qu’ils luy offrirent leurs maisons, & promirent de le recompenser dignement, s’il vouloit prendre la peine de leur lire quelques mois les Mathematiques. Vanini qui n’estoit pas alors des plus accommodez, ainsi que nous avons desia dit, accepta ceste condition, & s’en alla avec eux. L’un de ces Gentils-hommes avoit une maison extremement delicieuse, environnee de ruisseaux, & de petites fontaines. Quand ces Cavaliers estoient lassez de l’estude des lettres, ils alloient à la chasse, ou bien soubs un arbre planté aux bords d’une eau claire & coulante. Ils s’entretenoient de la lecture de quelque bon livre, & tousiours Vanini estoit avec eux. Lors que le temps luy eust acquis leur familiarité, ce dangereux homme, qui avoit caché son venin, commença de l’espandre sur ceste ieunesse. Il les entretenoit à toute heure de l’eternité du monde, des causes naturelles, & leur preuvoit par des raisons damnables que toutes choses avoient esté faites à l’aventure. Que ce qu’on nous racontoit de la Divinité /196/ n’estoit que pour retenir les hommes soubs une forme de Police, & par consequent que les ames mouroient avec les corps. Ces Gentils-hommes croyoient au commencement que leur Docteur proferoit ces paroles pour exercer son bel esprit. Mais quand ils recogneurent que son cœur estoit conforme à sa langue: eux qui avoient succé le laict de pieté dans le berceau, luy tesmoignerent bien tost qu’ils ne prenoient pas gueres de plaisir d’entendre ces blasphemes, & principalement ceux qu’il vomissoit contre l’Eternel fils de Dieu. Ce cauteleux renard voyant qu’il ne pouvoit rien gaigner sur ces ames religieuses, tourna puis apres en risee tout ce qu’il avoit dit de la Divinité. Et neantmoins peu de temps apres il leur demanda congé pour aller à Tholose. Ces deux Cavaliers le luy accorderent fort volontiers, comme ceux qui ne desiroient rien tant que de se deffaire de la compagnie d’un si pernicieux homme. Si tost qu’il fut arrivé à Tholouze, un ieune Conseiller le logea chez luy, par l’entremise d’un Docteur Regent qu’il estoit allé voir. Le bruit de son sçavoir s’espandit incontinent par toute ceste ville renom/197/mee, si bien qu’il n’y avoit fils de bonne mere qui ne desirast de le cognoistre. Le premier Président mesmes, dont le sçavoir & la pieté ont acquis un renom qui ne mourra iamais, le voyoit de fort bon œil. Mais parmy ceux qui en faisoient de l’estat, Monsieur le Comte de Cremail admiroit le sçavoir de cét homme, & le loüoit publiquement. Et ceste loüange n’estoit pas peu honorable à Luciolo, puis que ce brave Comte est sans flatter, l’honneur des lettres, aussi bien que des armes.

Au commencement cét hypocrite dissimuloit son impieté, & contrefaisoit l’homme de bien; mais si sa bouche proferoit paroles bonnes, & dignes d’estre ouyes, son cœur remply de malice parloit autrement. Cependant Monsieur le Comte de Cremail, croyant de cest Athee toute autre chose qu’il n’estoit pas, luy fit par quelque sien amy offrir le gouvernement de l’un de ses neveux, avec une honneste pension. Luciolo accepta ceste condition, & commença d’instruire ce ieune Seigneur au contentement de son Oncle, en s’acquittant assez dignement de sa charge. Il entretenoit bien souvent le Comte, qui est un /198/ esprit extremement curieux. & par ses artifices acqueroit tous les iours de plus en plus son amitié. Comme il se vit aymé d’un tel Seigneur, & appuyé de beaucoup d’amis, le detestable recommença petit à petit à semer sa doctrine diabolique: toutesfois ce ne fut pas tout à coup ouvertement, mais par maniere de risee. Iamais il ne se treuvoit en bonne compagnie, qu’il ne iettast quelque brocard contre la Divinité, & particulierement contre l’humanité du Fils de Dieu, nostre seule & asseuree reconciliation envers son Pere eternel. Comme la licence de parler n’est que trop grande en France, par la liberté qu’on y a introduite, chacun qui entendoit ses paroles execrables, attribuoit plutost à une certaine bouffonnerie d’esprit, ce qui procedoit d’un cœur remply de toute malice. Et par ce moyen ce venimeux serpent glissa peu à peu dans l’ame de plusieurs ausquels il prescha clairement l’Atheïsme quelque temps apres, & quand il vit qu’ils estoient disposés de recevoir son poison.

Ie me suis estonné cent fois, comme il se trouve des esprits, qui de gayeté de cœur, & de malice deliberee, osent blasphemer le nom de Dieu, & nier son es/199/sence. Il faut bien dire qu’ils ont esté bien gaignez par les artifices de Sathan. Car quelque raison qu’ils alleguent, qu’il n’y a point de Divinité, leur conscience les accuse de mensonge & par les effects il font cognoistre que ce n’est qu’une pure malice, iointe à une ostetation, & à un bruit de vaine gloire qu’ils veulent acquerir. C’est pourquoy les Chrestiens doivent soigneusement prendre garde de ne se laisser point encores attraper dans les pieges de Sathan. Nostre ancien adversaire ne manque iamais de nous tendre ses fils. Il se transforme bien souvent pour ce sujet en Ange de lumiere, afin de nous perdre. Il sçait ceux qui sont enclins aux plaisirs de la chair, ou aux delices de la bouche, & ne cesse de verser son poison aux uns & aux autres en divers manieres. Il a pareillement cognoissance des hommes vains, & superbes, comme le Docteur Vanini, & par consequent il remplist l’ame de telles personnes de vent & de fumee. Mais la malice de ce Docteur execrable se descouvre encores, en ce qu’avant qu’il preschast l’Atheisme, il lisoit à Salamnque la Magie, invoquoit les demons, & conferoit ordinairement avec /200/ eux. Et iugez maintenant, il sçachant qu’il y avoit des demons, il ne sçavoit pas encores qu’il y avoit un Dieu, qui exerce sa iustice sur Sathan, & sur ses sectateurs.

Mais sans doute estoit-il seduit de telle sorte par cét ennemy du genre humain, que comme l’execrable Prestre de Marseille, il se figuroit qu’un iour apres sa mort il seroit un de ces esprits diaboliques: Et avoit encores ceste creance, que les demons ne souffrent aucune peine, puis qu’ils ont la liberté d’aller d’un costé & d’autre (ainsi que disent ces esprits damnez à ceux qu’ils veulent perdre) & qu’ils sont possesseurs de tous les thresors du monde. Opinion trompeuse, qui abusant les ames disposees à les croire, fait naistre puis apres ces martyrs du diable. Car Sathan, qui comme un singe imite les ouvrages de Dieu, ne manque pas de martyrs: selon le tesmoignage mesme du vaisseau d’election.

Tandis qu’il tasche de perdre les ames par sa detestable doctrine, Monsieur le Comte de Cremail, de qui le clair iugement ne se trompe iamais, & à qui la nature & le maniement des affaires ont /201/ donné la cognoissance de toutes choses. Ce prudent & sage Seigneur, dis-ie, recognut bien tost l’intention de Luciolo, & apprit en peu de temps ce qu’il avoit dans l’ame. Neantmoins il dissimula quelques iours ce qu’il en pensoit, & sceut si bien tirer le ver du nez de ce meschant homme en devisant privément avec luy, qu’il s’esclarcist entierement de sa doute. Cét execrable luy confessa librement qu’il croyoit que tout ce qu’on nous disoit de la Divinité, & qui est contenu dans les escrits de Moyse n’est que fable, & que mensonge: Que le monde est eternel, & que les ames des hommes, & celles des bestes n’ont rien de different, puis que les uns & les autres meurent avec le corps. Et pour nostre Seigneur Iesus Christ, que tous ses faicts n’estoient qu’imposture, de mesme que ceux de Moyse. O bonté de Dieu, que vous estes grande, de souffrir si long temps cét abominable! o iustice divine! où est vostre foudre? o terre! que ne t’ouvres-tu pour engloutir cét esprit d’enfer!

Monsieur le Comte fut fort scandalisé de ce discours, & ceste ame non moins religieuse que genereuse, s’efforça de reduire par de vives et pressantes raisons, /202/ que les bornes de ce recit ne peuvent contenir ce mal-heureux Athee. Mais tout cela ne servit de rien, puis qu’il traictoit avec un esprit le plus impie que l’on ayt veu iamais parmy les hommes, & d’autant plus remply d’impietez, qu’il ne pechoit point par ignorance, ains resistoit ouvertement au sainct Esprit, ainsi que nous verrons en la suite de ceste Histoire. Ce que voyant ce Seigneur, & ialoux du nom de celuy qui pour nous sauver pris nostre chair humaine, & nasquit d’une Vierge, il tesmoigna bien tost à Luciolo le desplaisir qu’il sentoit de sa perte, & le regret qu’il avoit de luy avoir baillé la charge d’instruire son nepveu. Et comme il estoit prest de le luy oster, de peur que ceste ieune plante abbreuvee d’une si dangereuse doctrine, n’en retint quelque mauvaise odeur, la Cour de Parlement de Tholose deputa deux de ses Conseillers vers le mesme Comte. Ce iuste & Religieux Senat ayant esté informé, que Luciolo non content de mesdire publiquement de l’eternel Fils de Dieu, avoit des sectateurs en ses execrables opinions, luy eust des-ia fait mettre la main sur le collet; mais auparavant elle voulut sçavoir du sieur Comte /203/ s’il avoüoit un si meschant homme. Les deux Conseillers ayans exposé leur commission au Seigneur de Cremail, ils eurent telle satisfaction de luy, que le lendemain Luciolo fut saisi & mené en la Conciergerie.

Le sieur de Bertrand Conseiller en la dite Cour de Parlement de Tholoze, fut Commissaire pour interroger cét Athee, sur certains points dont il estoit accusé. La premiere chose qu’il luy demanda, apres s’estre informé de son nom, & de ses qualitez, & autres formes ordinaires, s’il ne croyoit point en Dieu; Luciolo avec une effronterie la plus grande que l’on sçauroit imaginer, luy respondit, Qu’il ne l’avoit iamais veu, & par consequent qu’il ne le cognoissoit nullement. Ledit sieur Conseiller repart, & dit, que quoy que nous ne le voyons point, nous ne laissons pas de le cognoistre, tant par ses ouvrages, que par les escrits des Prophetes, & des Apostres. A quoy Luciolo repliqua, que tout ce qu’on nous publioit de la creation du monde, n’estoit que mensonge & invention, & que tous ces Prophetes avoient esté atteints de quelque maladie d’esprit, qui leur avoit fait escrire des extravagances; & /204/ qu’en fin le monde estoit de toute eternité, & dureroit eternellement.

Ledit Sieur Commissaire estonné des raisons damnables de cét Athée, poursuivit & luy demanda ce qu’il croyoit de Iesus Christ: Ie croy (repart cét execrable) qu’il estoit un imposteur, & que pour acquerir du renom il se disoit Fils de Dieu. Mais (dit le Sieur Conseiller) nous avons tant de miracles qu’il a faits, & qu’il fait encores tous les iours, tant de predictions & tant d’autres tesmoignages, que quiconque les nie, nie sans doute la clarté du Soleil. En fin Luciolo se mocquoit de toutes ces paroles, & en riant les tenoit pour fables. Et mesmes estans tombez sur le discours des tourmens que nostre Seigneur souffrit, quand il se livra à la mort pour nous, ce mal-heurex, cét execrable, & plus impie que l’impieté, se mit à proferer une parole que l’enfer mesme n’oseroit proferer. Ie ne la veux point icy inserer, parce qu’en y pensant seulement la plume me tombe de la main, & les cheuveux m’en dressent d’horreur. Que ceux qui liront ceste Histoire, se contentent de sçavoir que ceste peste, vouloit dire que lors que nostre Seigneur estoit prest d’aller souffrir la /205/ mort ignominieuse de la croix, il suoit comme un homme sans courage, & luy ne suoit nullement quoy qu’il vist bien qu’on le feroit bien tost mourir. Et sur cela il usoit de termes les plus impies et les plus detestables que l’on puisse imaginer. O iustice de Dieu, pouvez vous bien souffrir ces blasphemes, & ces outrages! Le sieur Conseiller fut tellement scandalisé des paroles abominables de cét Athée, que sans le vouloir plus entendre, il commanda qu’on l’enfermast dans un profond cachot, tandis qu’il alla faire son rapport à la Cour de ce qui s’estoit passé entre luy, & Luciolo.

Cepandant on ne manqua pas de tesmoins pour la preuve de son impieté, qu’il vouloit de premier abord aucunement nier. Les deux Gentils-hommes, a qui il avoit appris la Philosophie, le neveu du Comte, & plusieurs autres personnes honorables, deposerent contre luy, & lors qu’il luy furent presentez en iugement, il ne voulut plus dissimuler sa detestable impieté, ains la soustint ouvertement. Ce venerable Senat curieux de sauver ceste ame damnee, n’avoit point envie de proceder à son /206/ iuste iugement, sans avoir premierement tasché de le reduire à salut: de grands Predicateurs pour ce sujet le virent souvent dans la prison, & y apporterent le soin que l’on peut apporter en des actions si necessaires. Mais quoy? leur travail estoit inutile, puis qu’outre la possession que le diable avoit prise de cét esprit infernal, il estoit de ceux, qui abandonnants les vertus, veulent que l’on croye qu’ils ignorent Dieu, & sa Maiesté souveraine. Ils pensent acquerir de la gloire, & faire une grande œuvre, lors qu’ils soustiennent que ceste machine du monde, qui demeure tousiours en mesme estat, est eternelle. Et par mesme moyen ils ressemblent proprement à ceux qui destournent leur veuë de quelque belle & agreable peinture, & iettent leurs regards sur des images prodigieuses.

Quand l’equitable Parlement de Tholoze vit que le salus de ce pernicieux homme estoit desesperé, il ne voulut plus differer sa condemnation. Il se resouvint que Dieu & le Roy luy ayant mis la balance à la main, il estoit obligé de la tenir sans pancher ny d’un costé, ny d’autre. C’est pourquoy apres avoir meurement digeré une action autant execrable pour /207/ son impieté, que digne de punition pour la consequence, donna bien tost un Arrest memorable. Car apres les auditions, depositions & confessions, retractations, & secondes confessions volontaires de cét abominable esprit infernal, & autres choses contenuës au procés, qui le rendoient coupable des crimes qu’on luy imposoit, il le declara attaint & convaincu de crime de leze Majesté divine & humaine au premier chef: & pour reparation d’iceux le condamna d’estre livré entre les mains de l’executeur, pour estre conduit & mené par tous les carrefours accoustumez, & au devant de la porte de l’Eglise Metropolitaine, pour y faire amende honorable, teste nüe, & pieds nuds, la hart su col, & tenant un flambeau ardent en ses mains, & là demander pardon à Dieu, au Roy, & à la Iustice, & puis estre mené à la place de S. Estienne, où l’on punist les malfaicteurs, pour là avoir la langue coupee, & y estre ars, & bruslé tout vif, iusques à la consommation de ses ossements, dont les cendres seroient iettees au vent.

Quand on commença d’executer ce iuste Arrest, & qu’on luy voulust faire demander pardon à Dieu, il dit tout haut qu’il ne /208/ sçavoit que c’estoit que Dieu, & par consequent qu’il ne demanderoit jamais pardon à une chose imaginaire. Les Ministres de la iustice le presserent neantmoins de le faire, de sorte qu’en fin il tint ce discours, Et bien, ie demande pardon à Dieu, s’il y en a. Et lors qu’il fallust aussi qu’il demandast pardon au Roy, il dit qu’il luy demandoit pardon, puis qu’on le vouloit, & qu’il ne croyoit pas estre coupable envers sa Majesté, laquelle il avoit tousiours honoree le mieux qu’il avoit peu: mais pour Messieurs de la iustice, qu’il les donnoit à trente mille chartees de diables. Et nous voyons par ce dernier discours comme ce miserable se prenoit luy-mesme par ses propres paroles. Il nie tantost qu’il n’y a point de Dieu, & maintenant il avoüe qu’il y a des diables. Choses qui sont du tout contraires, puis que l’un presuppose l’autre. Or il falloit bien que cét homme fut extremement possedé de Sathan, puis que ces horribles blasphemes sortoient de sa bouche, & qu’il resistoit si ouvertement au sainct Esprit. Il falloit bien encores (ainsi que nous avons desja dit) que les amorces de cét adversaire, ou le desir de vaine gloire, & d’estre re/209/nommé apres sa mort, comme celuy qui brusla le temple de Diane, le portast à des vanitez rares & inouyes.

Cependant apres qu’on eust fait toutes ces ceremonies, & actes de iustice, il fut mené à la place, où on luy avoit destiné son supplice. Estant monté sur l’eschaffaut il ietta les yeux d’un costé & d’autre, & ayant veu certains hommes de sa cognoissance parmy la grande foule du peuple, qui attendoit la fin de cét execrable, il leur tint ce langage: Vous voyez (leur dit-il tout haut) quelle pitié, un miserable Iuif est cause que ie suis icy. Or il parloit de nostre Seigneur Iesus-Christ le Roy des Roys, & Seigneur des Seigneurs, dont ce chien enragé taschoit de deschirer la divine Majesté au grand scandale d’une infinité de peuple, qui crioit qu’on exterminast cét execrable blasphemateur: car il usoit encores d’autres termes que ie ne sçaurois escrire sans horreur, & sans offencer les oreilles de ceux qui prendront la peine de lire ceste Histoire.

En fin on voulut arracher la langue à ce martyr du diable: mais quelque constance qu’il tesmoignast en ses paroles, comme celuy qui se disoit plus constant /210/ & plus resolu que le Fils de Dieu, il descouvrit bien tost qu’il luy faschoit de mourir. On ne peut du premier coup que luy emporter le bout de la langue parce qu’il la retiroit. Mais au second coup on y mit si bon remede, qu’avec les tenailles on la luy arracha toute entierement avec la racine. Ce fait, son corps fust ietté dans le feu, & ses cendres au vent, tandis que son ame alla recevoir aux enfers le iuste chastiment de ses horribles blasphemes & impietez.

C’est l’Histoire de l’execrable Docteur Vanini, que j’ay descrite sommairement, afin de n’exceder point les bornes que i’ay accoustumé de garder en mes histoires Tragiques. Il reste de considerer combien la patience de Dieu est grande, de souffrir ces abominables blasphemes, & ces execrables impietez. Ie m’estonne comme son iugement redoutable, n’a des-ia fait sentir aux mortels les effects de son iuste courroux. Ie m’en estonne, dis-je, puis que Vanini ne manque point de compagnons en ses blasphemes.

Un de mes amis qui assista à l’execution de l’Arrest de cét execrable, me racontoit dernierement une chose estrange. /211/ Estant à Castres ville du Languedoc, & renommee pour la Chambre de l’Edit que le Roy a restablie, y vit un certain Prestre Grec, que i’ay moy-mesme veu à Paris chez le Prieur du Convent des Iacobins, il y a environ quatre ou cinq annees. Le Prestre disoit la Messe en Grec, & les Conseillers Catholiques de la Chambre de l’Edit entendirent sa Messe, & apres luy donnerent chacun de l’argent pour l’assister en ses voyages. Ce mal-heureux allant de Castres à Tholose, se mit en la compagnie de deux honnestes hommes. Or en devisant du Docteur Vanini, qui tout fraischement avoit esté executé pour ses impietez, ce detestable Prestre se mit à proferer ces paroles: C’est à tort qu’on a fait mourir un si sçavant homme: Il n’a iamais rien creu, que ie n’en croye autant, & il n’y a homme de sain iugement qui ne soit tousiours de mon opinion. Toutes les lois que l’on nous figure de Dieu ne sont qu’inventions humaines, pour retenir les hommes en crainte, & que les plus puissants ont imposez aux plus foibles, afin de se conserver. Car à la verité il n’y a point de doubte que toutes choses n’aillent à l’avanture, que le monde /212/ ne soit eternel, & que les ames ne meurent avec les corps.

Le discours de cét hypocrite rendit fort esbahis ces honnestes hommes, qui rapporterent puis apres dans Tholose sa damnable opinion. La iustice le fit chercher pour luy faire mettre la main dessus, mais on ne le peut iamais apprehender. Et puis faictes des aumosnes à telles gens, qui sous pretexte de requerir l’assistance des gens de bien pour la redemption des captifs, vont de Province en Province abbreuver de leur poison ceux que la credulité laisse emporter à ces maudites impietez. Voyant des exemples si execrables, il ne faut point douter que la fin du monde ne soit prochaine, & que Dieu n’extermine bien tost ceste grande Machine, pour en former une autre d’une matiere plus noble & plus pure.

Heureux cependant, qui faisant proffit de telles choses rares & inouyes, ne se separe iamais de la pierre, le premier fondement de salut. Bien heureux, dis-ie, celuy, qui n’ayant autre desir d’acquerir la gloire qui procede de la douce servitude de Iesus-Christ, tasche d’honorer ce nom, soubs qui tout ge/213/noüil flechit, & à qui toutes les choses qui sont au Ciel, en terre, & sous la terre, rendent hommage. Cependant il faut que nous implorions sa misericorde, & la requerions de reduire à sa vraye cognoissance ces ames desesperees. Que ce debonnaire Sauveur daigne oster d’entre nous ces scandales, & changer la langue de ces blasphemateurs. Ou bien si les impies perseverent en leurs abominables meschancetez, & infections de leurs bouches puantes, qu’il permette que la iustice qu’il a establie en terre y tienne si bien la main, que ces martyrs du diable soient exterminez à la confusion de Satan, & à la ioye des iustes, & à l’honneur de celuy de qui procede toute loüange, & toute gloire.

/185/ O secolo dei più infami, sentina che ha accumulato tutte le immondizie del passato. È possibile che si debba assistere ogni giorno alla nascita, persino tra coloro che sono stati rigenerati dal Battesimo, di persone empie la cui bocca puzzolente ed esecrabile fa drizzare per l’orrore i capelli di tutti coloro che hanno qualche sentimento della divinità? Se vivessimo tra gli idolatri, troveremmo esempi altrettanto /186/ strabilianti come quelli che troviamo noi che viviamo nel culto del vero Dio e nella conoscenza della verità? Io non lo credo affatto, poiché gli stessi pagani hanno talmente aborrito l’empietà che hanno gridato ad alta voce che grandi e rigorose pene sono state stabilite negli Inferi per la punizione degli empi. Si era appena dato il giusto castigo a certi spiriti esecrabili, di cui l’uno diceva di essere il Padre, l’altro il Figlio e l’altro ancora lo Spirito Santo. Un equo Senato aveva appena purgato e sterminato con il fuoco queste anime infernali, allorché nella città di Tolosa si vide comparire un’altra anima indiavolata e tale che il racconto di questa storia farà paura a coloro che si prenderanno la briga di leggerla. Dopo tutto non sono racconti destinati al piacere, come quelli che di solito ci si inventa per divertire gli uomini. La sentenza di questo giusto Parlamento, pronunciata da poco contro un ateo e le migliaia di persone che hanno assistito al supplizio di quest’uomo abominevole faranno fede alla storia che io riferirò fedelmente.

Nei ricchi e deliziosi campi della Campania, in un borgo prossimo a quella bella e gentile città a cui un tempo Partenope diede il proprio nome e che oggi è chiamata Napoli, dimora una famiglia che porta il nome dei Vanini. Da questa stirpe sono usciti uomini dabbene, buoni cattolici e soprattutto personaggi sapienti. Ma come vi sono sovente spine tra i fiori ed anche al buono grano sono mescolati i cardi, così  da questo ceppo è uscito un rampollo miserabile e degenere che coprirà il proprio nome d’infamia e d’orrore. È di lui parliamo nella nostra storia con grande vergogna della sua patria e con grande scandalo della Francia che con lui ha fatto morire in un infame teatro l’empietà stessa. Questo Vanini fu inviato in giovane età dai suoi genitori nelle migliori Accademie d’Italia, ove trasse tale profitto che tutti coloro che lo conoscevano, esprimendo un bel giudizio sul suo audace spirito, erano certi che un giorno egli sarebbe stato l’onore del suo paese. Come sono soggetti ad ingannarsi gli uomini nel loro giudizio!


/188/ Non c’è niente di più mutevole del cuore umano
e nessuno, tranne Dio, può scandagliarne le reni.

Dopo che questo Vanini ebbe studiato a lungo a Bologna e a Padova, gli venne voglia di recarsi in Spagna e di vedere Salamanca. Dopo aver studiato la filosofia e la teologia in questa celebre Università, egli vi si fermò per qualche tempo. La sua curiosità, oltre che nell’astrologia, gli fece mettere il naso nella magia nera, di modo che era introdotto in tutte le scienze. Folle curiosità, primo grado dell’orgoglio che causa tanti mali nel mondo. Dovremmo sempre tenere a mente ciò che ci consiglia un grande luminare della Chiesa, che cioè bisogna che l’umana temerità si contenga e che non cerchi mai ciò che non è, altrimenti essa incontrerà ciò che esiste in effetti. Se il Dottore Vanini fosse stato saggio, non si sarebbe mai divertito con cose vane e esecrabili e nel contempo non si sarebbe mai liberato della grazia di colui che ogni giorno ci elargisce più di quanto non sapremmo chiedergli. Infine, gonfio del suo sentimento carnale e della sua scienza, volle sapere qualcosa /189/ dell’ateismo che in quella medesima città è oggetto di letture nascoste. E in poco tempo si convinse che, bandendo dal suo animo tutto ciò che avrebbe potuto dargli gloria, maturò l’idea che Dio non esiste affatto, che le anime muoiono con il corpo e che nostro Signore Gesù Cristo, eterno figlio di Dio, che ci ha redenti dalla morte eterna, era un impostore.

Non contento d’avere queste convinzioni maledette e dannabili, che lo avrebbero condotto al fondo dell’inferno, egli volle parteciparle agli altri, al fine di avere compagni nella sua perdizione. Perciò, trovandosi tra persone che gli erano familiari, non cessava di denigrare gli scritti di Mosè, facendo passare per favole, in tutto paragonabili alle Metamorfosi ovidiane, tanto i sacri misteri quanto i miracoli narrati nel Genesi e nell’Esodo. E poiché l’empietà, per essere gradevole e allettante e per essere portatrice di libertà tra gli uomini, abbonda di seguaci, a quel miserbile non mancarono i discepoli. Ma per meglio destinare alla perdizione coloro che prestavano orecchio a quella sirena ingannatrice, egli /190/ fece rivivere sordamente quel cattivo e abominevole libro di cui si sente parlare con orrore e che si intitola Les trois Imposteurs. Non voglio qui riferire le diaboliche argomentazioni contenute in questo pernicioso e detestabile libro che si stampa alla luce del giorno con grande scandalo dei Cristiani. Le caste orecchie dei fedeli Cristiani non potrebbero tollerarle. Accontentatevi di sapere che quest’uomo maligno, lasciando il nome di Vanini, si faceva chiamare Luciolo. Non saprei dire se il suo nome era Lucio. Nondimeno credo che egli abbia preso a prestito tale nome infame per l’amore che aveva nei riguardi di Luciano, che un tempo fu il più grande ateo del suo secolo.

Mentre questo miserabile dava da bere il suo venefico veleno agli spiriti destinati alla perdizione, il timore di essere preso dall’inquisitore della fede lo indusse a lasciare Salamanca e a ritirarsi ad Ossuna, celebre città dell’Andalusia. Non si saprebbe dire quante anime disposte a recepire le novità siano state perdute a causa di questo maligno ed esecrabile ateo. Egli si insinuava nelle case dei magnati, ove solitamente si assiste ad ogni sorta di licenza, le inondava a viva voce con le sue opinioni e le riempiva di scritti che, come il loro autore, avrebbero meritato centinaia e centinaia di volte il rogo. Egli fece altresì un viaggio alla corte di Spagna, ma non vi si fermò affatto, perché prima di essere scoperto, avrebbe ricevuto ben presto la giusta ricompensa per le sue empietà, se non si fosse dato alla fuga. Vedendo dunque che la sua vita era in pericolo, decise di venire in Francia e in particolare nella città di Parigi, ove si possono trovare fin troppi complici per ogni sorta di cattiveria.

Si imbarcò a Baiona [Da., p. 128], e dopo una sosta nel porto di Rouen, giunse in poco tempo a Parigi. Poiché non gli mancavano le strategie, né il sapere per insinuarsi nelle case dei magnati della Corte, un tale scozzese, uomo dotto che era stato precettore di Mr. l’Abate di Redon, attualmente vescovo di Marsiglia e fratello del Signore di Saint-Luc, lo introdusse presso questo degno prelato. Mr. il vescovo di Marsiglia, che ama gli uomini sapienti, avendo ascoltato con gusto il Dottor Vanini, che era introdotto in ogni sorta di /192/ scienza, lo trattenne nella propria casa e gli conferì un’onesta pensione e la propria tavola. Trovandosi nella casa di un tale Signore, egli ebbe con lo stesso mezzo l’entratura in tutte le migliori casate della Corte e soprattutto in quella del Signore di Bassompierre, cognato del Signore di Saint-Luc. Questo pericoloso ed esecrabile ateo dissimulò per qualche giorno la sua empietà, non trascurando tuttavia di lasciarsi scappare talune brevi espressioni in dispregio del Gran Dio, di suo figlio Nostro Signore Gesù Cristo, e dei misteri della fede. Coloro che lo ascoltavano mentre parlava in tal modo all’inizio non facevano caso e attribuivano ciò che egli diceva ad una certa libertà di parlare, che si pratica in Francia, piuttosto che ad una celata malizia. Ma quando ebbe acquisito un po’ di reputazione presso un’infinità di persone che frequentava, egli cominciò a rendere pubblico il suo ateismo, e anche nelle sue prediche (poiché talvolta predicava in chiese rinomate) coloro che sono versati nelle controversie e nei misteri della fede, segnalavano costantemente qualche piccolo tratto di empietà. Ed infatti, avendo un giorno predicato in /193/ Saint Paul [nel quartiere del Marais], sull’incipit del Vangelo di San Giovanni, ove sono contenuti i più alti misteri, fu accusato di sostenere apertamente opinioni condannabili. Ciò lo discreditò tanto che coloro che hanno in carico la cura delle anime gli impedirono la cattedra.

Tutte queste circostanze turbarono l’animo di Mr. Abate di Redon, che lo aveva nutrito con il latte di pietà in una culla barcollante. E ormai non fece più gran conto di Vanini, come aveva fatto prima. L’ateo volle tuttavia riabilitarsi dalla caduta e per lo spazio di qualche mese si finse uomo dabbene, tanto che parlò con più castigatezza di quanta ve n’è per costume. Ma se la sua lingua si trattenne, la sua mano produsse ben presto i frutti della sua esecrabile empietà. Egli compose un libro sulle cause naturali [il De admirandis] e lo dedicò a un Cavaliere, i cui meriti non si possono enumerare in poco spazio. Si tratta del Signore di Bassompierre che Marte e le Muse onorano in pari grado. In questo libro egli aveva inserito mille affermazioni blasfeme e mille empietà, come chi dava alla natura ciò che propriamente appartiene al Creatore dell’Universo, /194/ e alla medesima natura. Sicché questo libro maligno fu ben presto censurato. La dotta Sorbona di Parigi, arbitra in materia di fede, avendo visto questo libro, lo dichiarò pernicioso e lo condannò al fuoco. L’esecuzione pubblica fu fatta per mano del carnefice: così  che il suo autore, che meritava di essere anch’egli gettato sul fuoco, ricevuto tale affronto, sapendo di essere mal visto dal Signore di Marsiglia, che ha in odio tali empietà, decise di lasciare Parigi e di fare un viaggio a Tolosa.

La fama di questa grande città, fiorente di buoni e rari spiriti, lo indusse a visitarla. Egli dunque parte dalla capitale del regno e quindici giorni dopo giunge a due leghe da Tolosa. Oltre la filosofia e la teologia ed altre consimili scienze, egli aveva studiato moltissimo il diritto, di modo che non fu mai per lungo tempo senza un impegno. Poiché, essendo ormai prossimo ad entrare in Tolosa, due giovani e bravi gentiluomini che avevano studiato discretamente, passarono da una cittadina, ove Vanni si era fermato e andarono a dimorare nella casa di questo Dottore. Avendo apprezzato a tavola taluni aspetti /195/ del suo sapere, dopo il pranzo ragionarono con lui privatamente in una camera e furono così  soddisfatti di questo uomo che gli offrirono la loro casa e promisero di compensarlo degnamente se avesse voluto prendersi la pena di insegnare loro per qualche mese le matematiche [intendi l’astrologia]. Vanini che allora versava in condizioni niente affatto rassicuranti, come abbiamo già detto, accettò tale incarico e se ne andò con loro. Uno di questi gentiluomini aveva una casa estremamente deliziosa, circondata di ruscelli e di piccole fontane. Quando questi cavalieri erano affaticati dallo studio delle lettere andavano a caccia o piuttosto riposavano sotto un albero piantato ai bordi d’una acqua chiara e fluente. Essi si intrattenevano nella lettura di qualche buon libro e Vanini era sempre in loro compagnia. Quando con il tempo ebbe acquistata la loro familiarità, quest’uomo pericoloso, che aveva tenuto nascosto il suo veleno, cominciò a diffonderlo presso tale gioventú. Egli li tratteneva ogni momento sulla eternità del mondo e sulle cause naturali e dimostrava loro con argomentazioni dannabili che tutte le cose sono state prodotte dal caso; diceva che ciò che ci vien raccontato della divinità /196/ aveva solo il fine di tenere gli uomini sotto una forma di polizia, e che, di conseguenza, le anime muoiono con i corpi. All’inizio questi gentiluomini credevano che il loro Dottore profferisse tali parole per esercitare il suo bello spirito. Ma quando capirono che il suo cuore era conforme alla sua lingua; essi, che avevano succhiato il latte della pietà nella culla, gli dichiararono ben presto che non avevano affatto piacere di intendere simili affermazioni blasfeme, soprattutto quelle che egli vomitava contro l’eterno figlio di Dio. Questo astuto volpone, vedendo che non aveva da trarre alcun profitto da queste anime religiose, voltò in breve in derisione tutto ciò che aveva detto intorno alla divinità. E tuttavia poco tempo dopo chiese di potersi congedare da loro per recarsi a Tolosa. I due Cavalieri glielo accordarono ben volentieri, non avendo altro desiderio che di privarsi della compagnia di un uomo così  pernicioso. Appena giunse a Tolosa, un giovane consigliere, per interposizione di un Dottore Reggente che fu da lui visitato, lo ospitò nella propria casa. La fama del suo sapere si diffuse subito in tutta questa città rinomata, /197/ tanto che non c’era figlio di madre dabbene che non desiderasse conoscerlo. Lo stesso Primo Presidente, il cui sapere e la cui pietà hanno acquisito una fama che non avrà mai fine, lo guardava di buon occhio. Ma tra coloro che contavano di più il Signor Conte di Cramail ammirava il saper di quest’uomo e lo lodava pubblicamente. E tale elogio non era di poco conto per Luciolo, poiché questo bravo conte era, senza volerlo lusingare, l’onore delle lettere, così  come delle armi.

All’inizio questo ipocrita dissimulava la sua empietà e si faceva passare per uomo dabbene, ma se la sua bocca profferiva parole buone e degne d’essere udite, il suo cuore, pieno di malizia, parlava diversamente. Tuttavia il Signor Conte di Cramail, reputando questo ateo ben altra cosa rispetto a ciò che egli era, gli fece offrire per mezzo di un suo amico la cura di uno dei suoi nipoti con una onesta pensione. Luciolo, appena ebbe notizia di tale incarico, lo accettò e cominciò a istruire questo giovane Signore, espletando, con soddisfazione di suo zio, molto dignitosamente il suo compito. Egli si intratteneva sovente con il Conte, che è uno /198/ spirito estremamente curioso e con i suoi artifici consolidava ogni giorno di più la sua amicizia. Allorché si vide amato da un tal Signore e appoggiato da molti amici, questo detestabile cominciò a seminare a poco a poco la sua dottrina diabolica, non però in modo scoperto, ma nella forma dello scherno. Tutte le volte che si trovava in buona compagnia gettava qualche frecciata contro la divinità, soprattutto contro l’umanità del figlio di Dio, nostra unica e sicura fonte di riconciliazione con il suo eterno Padre. Poiché la licenza di parlare in Francia è fin troppo grande a causa della libertà che vi è stata introdotta, chiunque ascoltava le sue esecrabili parole le attribuiva piuttosto ad una certa spavalderia di spirito, prodotta da un animo pieno di ogni malizia. E grazie a questa strategia questo serpe velenoso si insinuò a poco a poco nell’animo di parecchi ai quali egli poco dopo, allorché si accorse che erano disposti ad assumere la sua pozione, predicò chiaramente l’ateismo.

Io mi sono stupito cento volte che ci siano spiriti che con gaiezza d’animo e con deliberata malizia osino bestemmiare il nome di Dio e negare la sua essenza. /199/ Bisogna ben dire che essi sono stati ben conquistati dagli artifizi di Satana. Poiché quali che siano i loro argomenti per dimostrare che Dio non esiste, la loro coscienza li accusa di menzogna e, dai risultati ottenuti, fanno sapere che non vogliono conseguire altro che una pura malizia, congiunta ad ostentazione e ai fragori della vanagloria. Perciò i Cristiani debbono scrupolosamente guardarsi di non lasciarsi intrappolare nelle reti di Satana. Il nostro antico nemico non trascura mai di tesserci la tela. Assai spesso si trasforma a questo scopo in Angelo della luce nell’intento di destinarci alla perdizione. Conosce coloro che sono inclini ai piaceri della carne o alle delizie della bocca e non cessa di mescere il suo veleno agli uni e agli altri in diversi modi. Ha parimenti conoscenza degli uomini vani e superbi, come il Dottore Vanini, e, di conseguenza, riempie l’anima di tali persone di vento e di fumo. Ma la malizia di questo Dottore esecrabile si scopre anche perché, prima di predicare l’ateismo, egli insegnò in Salamanca la magia, invocando i demoni e dialogando abitualmente con /200/ essi. Ed ora giudicate: sapendo che esistono i demoni, non avrebbe egli potuto riconoscere che esiste anche un Dio che esercita sui demoni e sui suoi seguaci la sua giustizia?

Senza dubbio egli era talmente sedotto da questo nemico del genere umano, che, come l’esecrabile prete di Marsiglia,[3] immaginava che dopo la sua morte, sarebbe diventato un giorno uno degli spiriti diabolici. E credeva altresì che i demoni non soffrono alcuna pena, poiché hanno la libertà di andare da una parte all’altra (come dicono questi spiriti dannati a coloro che vogliono destinare alla perdizione) e sono possessori di tutti i tesori del mondo. Opinione ingannevole che, illudendo le anime disposte a credere, fa nascere in poco tempo questi martiri del diavolo. Perché Satana, che imita alla maniera di una scimmia le opere di Dio, non manca di martiri secondo la testimonianza di questo medesimo vaso di elezione.

Mentre egli si assume il compito di destinare le anime alla perdizione attraverso la sua detestabile dottrina, il Signor Conte di Cramail, il cui giudizio non è mai soggetto ad inganno e al quale la natura e il maneggio degli affari hanno /201/ dato la conoscenza di ogni cosa, questo saggio e prudente Signore, dico, riconobbe ben presto l’intento di Luciolo e in breve si reso conto di ciò che aveva nella sua anima. Tuttavia dissimulò per qualche giorno ciò che pensava e in ragionamenti privati seppe così  bene assecondare quest’uomo maligno che egli ammise di credere che tutto ciò che ci vien detto della divinità e che è contenuto negli scritti di Mosè non è che favola e menzogna; che il mondo è eterno e che le anime degli uomini e quelle delle bestie non sono in nulla diverse, poiché le une e le altre muoiono con il corpo. E riguardo a nostro Signore Gesù Cristo diceva che tutti i suoi fatti non erano altro che impostura, come quelli di Mosè. Oh bontà di Dio, quanto sei grande per tollerare così  a lungo quest’uomo abominevole! Oh divina giustizia! dov’è il tuo fulmine? Oh terra! Perché non ti apri per inghiottire questo spirito infernale!

Il Signor conte fu molto scandalizzato da questi discorsi e la sua anima, non meno religiosa che generosa, si sforzò di confutare quest’ateo infelice con vive e pressanti argomentazioni che non possono essere contenute /202/ nei termini di questo racconto. Ma tutto ciò non servì a nulla, poiché agli aveva a che fare con lo spirito più empio che mai si sia visto tra gli uomini, e pieno di empietà tanto che non predicava affatto per ignoranza, ma resisteva apertamente allo spirito santo, come diremo nel seguito di questa storia. Vedendo ciò, questo Signore, geloso del nome di colui che per la nostra salvezza ha assunto la carne umana ed è nato da una Vergine, diede ben presto prova del dolore che sentiva per la sua perdita e rimpianse di avergli affidato la cura di istruire suo nipote. E quando era sul punto di toglierla, per il timore che quella giovane pianta si colmasse di un cattivo odore, la Corte del Parlamento di Tolosa incaricò due suoi consiglieri presso il medesimo Conte. Questo giusto e pio Senato, essendo stato informato che Luciolo, era ben contento di maledire pubblicamente l’eterno figlio di Dio ed aveva seguaci delle sue esecrabili opinioni, gli avrebbe fatto già mettere la mano sul collo; ma prima volle sapere dal Signor Conte /203/ se lo aveva riconosciuto come uomo maligno. I due consiglieri, avendo esposto la loro commissione al Signore di Cramail, ebbero da lui tale soddisfazione che l’indomani Lucilio fu preso e condotto nella Conciergerie.

Il signor Bertrand, consigliere nella detta Corte del Parlamento di Tolosa, fu il commissario incaricato di interrogare questo ateo su taluni punti di cui era accusato. La prima cosa che gli domandò, dopo essersi informato del suo nome e delle sue qualità e dopo altre formalità abituali, fu quella di sapere se non aveva alcuna fede in Dio. Lucilio, con la più grande sfrontatezza che si sarebbe potuta immaginare, gli rispose che non lo aveva mai visto e, di conseguenza, che non lo conosceva affatto. Il detto signor consigliere ribatté dicendo che, benché non lo vediamo, non cessiamo di conoscerlo sia per mezzo delle sue opere sia attraverso gli scritti dei profeti e degli apostoli. Al che Luciolo replicò che tutto ciò che ci vien detto della creazione del mondo non è che menzogna e invenzione e che tutti i profeti sono affetti da qualche malattia dello spirito che ha fatto sí che scrivessero delle stravaganze e che, dopo tutto, il mondo esiste da tutta l’eternità ed avrà una durata eterna.

Il detto Signor Commissario, sbalordito dalle argomentazioni dannabili di questo ateo, proseguì e gli domandò che cosa pensava di Gesù Cristo. Credo – rispose quell’esecrabile – che fosse un impostore e che per farsi una reputazione si fosse detto figlio di Dio. Ma – osservò il Signor Commissario – abbiamo tanti miracoli da lui fatti ed altri che fa di giorno in giorno, una predicazione così  importante e tante altre testimonianze che chiunque le neghi, nega senza alcun dubbio lo splendore del sole. Ma Luciolo si burlava di tutte le sue affermazioni e, ridendo, diceva di tenerle in conto di favole. Ed essendo caduti sul discorso dei tormenti sofferti da Nostro Signore, allorché si abbandonò alla morte per noi, questo infelice, questo esecrabile, empio più dell’empietà, si mise a profferire parole che lo stesso Satana non oserebbe pronunciare. Non voglio qui inserirle, perché solo a pensarci la penna mi cade dalla mano e i capelli mi si rizzano per l’orrore. Coloro che leggeranno questa storia si contenteranno di sapere che questa peste voleva dire che quando Nostro Signore era sul punto di patire la morte ignominiosa della croce, sudò come un codardo, mentre lui non sudava affatto benché avesse previsto di essere destinato a morire. Oh giustizia di Dio, potete voi tollerare queste affermazioni blasfeme e questi oltraggi! Il Signor consigliere fu talmente scandalizzato dalle parole di questo ateo che, non volendo più ascoltarlo, ordinò che lo si relegasse in un carcere profondo, mentre egli andò a fare il suo rapporto alla Corte su ciò che era successo tra lui e Luciolo.

Tuttavia non mancarono i testimoni per provare la sua empietà che egli stesso non volle negare di primo acchito. I due gentiluomini a cui aveva insegnato la filosofia, il nipote del Conte e parecchie altre persone onorevoli, deposero contro di lui e quando gli furono presentate in giudizio, egli non volle più dissimulare la sua detestabile empietà e la sostenne apertamente. Quel venerabile Senato, desideroso di salvare la sua anima dannata, non avrebbe voluto procedere al suo /206/ giusto giudizio senza aver preventivamente tentato di ricondurlo alla salvezza: grandi predicatori lo visitarono a tal proposito nella prigione e vi approntarono le cure che si possono apportare in azioni così  necessarie. Macché? La loro fatica era inutile, poiché oltre ad essere soggetto alla possessione diabolica, questo spirito infernale era di quelli che, abbandonando le virtú, vogliono che si creda che essi ignorano Dio e la sua Maestà sovrana. Essi pensano di poter conseguire la gloria e di fare un’opera grande quando affermano che questa macchina del mondo, che riposa ogni giorno nel medesimo stato, è eterna. E in questo modo somigliano propriamente a coloro che distolgono il loro sguardo da qualche bella e piacevole pittura e lo volgono invece su immagini prodigiose.

Quando l’equo Parlamento di Tolosa vide che la salvezza di quest’uomo pernicioso era senza speranza, non volle più differirne la condanna. Avendo ricevuto nelle sue mani da Dio e dal Re la bilancia della giustizia, esso era obbligato a tenerla senza farla pendere dall’uno o dall’altro lato. Perciò, dopo aver puramente digerito una causa tanto esecrabile per la /207/ sua empietà quanto conseguentemente degna di punizione, pronunciò ben presto una sentenza memorabile. Dopo le audizioni, le deposizioni, le confessioni, le trattazioni, le ulteriori confessioni spontanee di questo abominevole spirito infernale e, dopo altre cose contenute negli atti processuali, comprobanti la sua responsabilità in ordine ai crimini contestatigli, lo dichiarò, colpevole e convinto del crimine di lesa Maestà divina al primo capo, e per riparazione lo condannò ad essere consegnato nelle mani del boia per essere condotto attraverso il consueto percorso davanti alla porta della chiesa metropolitana per farvi onorevole ammenda con la testa scoperta e i piedi nudi con la corda al collo ed una torcia ardente nelle mani; lì avrebbe domandato perdono a Dio, al Re e alla giustizia e poi sarebbe stato condotto nella piazza di S. Stefano, ove sono puniti i malfattori; gli sarebbe stata tagliata la lingua, sarebbe stato arso vivo fino alla consunzione delle ossa e le ceneri sarebbero state sparse al vento.

Quando si cominciò ad eseguire questa giusta sentenza e si volle che chiedesse perdono a Dio, egli disse ad alta voce di non /208/ sapere se esiste un Dio e che di conseguenza non avrebbe mai domandato perdono a un’entità immaginaria. I ministri della giustizia lo invitarono a farlo in ogni caso, sicché egli tenne questo discorso: Orbene io domando perdono a Dio, se esiste. Quando poi bisognò domandare il perdono al re, disse che lo faceva perché gli veniva comandato ma che non credeva di essere reo verso Sua Maestà, che era stata sempre da lui onorata come meglio gli era stato possibile: ma per i magistrati della Corte disse che li mandava con le loro trentamila carte al diavolo. Vedete attraverso questo suo ultimo discorso come questo miserabile si lasciava prendere dalla sue stesse parole. Egli ha appena testè negato che Dio esiste e subito dopo riconosce l’esistenza dei demoni. Cose affatto contraddittorie, poiché l’una presuppone l’altra. Perciò bisogna che quest’uomo fosse fortemente posseduto da Satana, poiché dalla sua bocca uscivano orribili bestemmie e egli si opponeva apertamente allo Spirito Santo. Occorreva altresì – come abbiamo già detto – che le esche che lusingavano questo avversario dello Spirito, il desiderio di una gloria vana o il desiderio di essere ricordato /209/ dopo la morte, come quel tale che bruciò il tempio di Diana, lo inducesse a perseguire le più rare ed inaudite vanità.

Ad ogni modo, dopo che furono eseguite tutte queste cerimonie ed atti di giustizia, egli fu condotto in piazza, ove gli era già stato preparato il patibolo. Salito sul rogo, gettò lo sguardo a destra e a sinistra e, avendo visto tra la grande folla di popolo che attendeva la sua fine miserabile taluni uomini di sua conoscenza, tenne questo discorso: «Voi vedete – disse a voce alta – quale pietà. Un miserabile ebreo è la causa per cui io sono qui». Ed alludeva a nostro Signore Gesù Cristo, il Re dei Re e Signore dei Signori, la cui divina Maestà questo cane arrabbiato tentava di straziare con grande scandalo di una infinità di persone che a gran voce chiedevano di farla finita con quell’esecrabile bestemmiatore. Egli usò anche altre frasi che non saprei scrivere senza orrore e senza offendere le orecchie di coloro che si prenderanno la pena di leggere questa storia.

In fine si volle strappare la lingua a questo martire del diavolo, ma per quanto le sue parole testimoniassero qualche fermezza, come quella di chi si dichiarava più costante e più risoluto del figlio di Dio, tuttavia egli scoprì ben presto di non gradire la morte. A primo colpo non gli si poté strappare se non l’estremità della lingua, perché egli la ritirava; ma al secondo colpo si rimediò, poiché con le tenaglie essa gli fu strappata fino alla radice. Ciò fatto, il suo corpo fu gettato nel fuoco e le sue ceneri sparse al vento, mentre la sua anima andò a ricevere all’inferno il giusto castigo delle sue inaudite ed orribili bestemmie ed empietà.

È questa la storia dell’esecrabile Dottor Vanini, che ho raccontato sommariamente perché non volevo uscire dai limiti che mi ero prefissati per le mie Storie Tragiche. Resta da considerare quanto è grande la pazienza di Dio per tollerare queste orribili bestemmie e queste empietà. Mi meraviglia che il suo temibile giudizio non abbia già fatto sentire ai mortali gli effetti del suo giusto corruccio. Mi sorprende – aggiungo – che non manchino a Vanini compagni di bestemmia.

Uno dei miei amici, che assistette all’esecuzione della sentenza di questo esecrabile, mi raccontava recentemente una cosa strana. /211/ Trovandosi a Castres, città della Linguadoca rinomata per la Camera dell’Editto che il Re vi ha stabilito, vide un certo prete greco che io stesso ho incontrato a Parigi presso il priore del Convento dei Giacobini quattro o cinque anni fa circa. Il prete diceva la messa in greco e i consiglieri cattolici della Camera dell’Editto ascoltarono la messa e dopo ciascuno gli offrì denaro per assisterlo nei suoi viaggi. Questo infelice, recandosi da Castres a Tolosa, si accompagnò a due oneste persone. Ora, ragionando del Dottore Vanini, che appena di recente era stato condannato per le sue empietà, questo detestabile prete cominciò a profferire simili parole: «A torto si manda a morte un uomo così  sapiente. Egli non ha mai creduto niente che non credessi anch’io e non c’è uomo di sano giudizio che non sia sempre della mia opinione. Tutte le religioni che ci rappresentano Dio non sono altro che umane invenzioni per mantenere gli uomini nel timore; i più potenti le hanno imposte ai più deboli per conservare il loro potere. Poiché in verità non v’è dubbio che tutte le cose accadono per caso, che il mondo /212/ è eterno e che le anime muoiono con il corpo».

Il discorso di questo ipocrita sbalordì moltissimo questi onesti uomini, che poco dopo riferirono in Tolosa la sua dannabile opinione. La giustizia lo fece cercare per mettergli le mani addosso, ma non si riuscì mai a prenderlo. Eppure si danno elemosine a siffatta gente, che, col pretesto di chiedere l’assistenza di persone dabbene per la redenzione dei prigionieri, errano di provincia in provincia per dare da bere la loro passione a coloro che la credulità rende accessibili a tali maledette empietà. Assistendo ad esempi così  esecrabili non v’è da dubitare che la fine del mondo sia prossima e che Dio sterminerà ben presto questa grande macchina per formarne un’altra più nobile e più pura.

Felice chi, traendo profitto da tali cose inusuali e inaudite, non si distacca mai dalla pietra che è il primo fondamento della salvezza. Felice, dico, colui che, non avendo altro desiderio che di acquistare la gloria che procede dalla dolce servitú di Gesù Cristo, si incarica di onorare questo nome, al cospetto del quale ogni ginocchio /213/ si piega e al quale rendono omaggio tutte le cose che sono nel cielo e sulla terra. Per ciò invochiamo la sua misericordia, invitandola a ricondurre queste anime disperate alla vera conoscenza o almeno, se gli empi perseverano nelle loro abominevoli meschinità e nel fetore della loro bocca puzzolente, permetta che la giustizia, che egli ha ben stabilito sulla terra, tenga ferma la sua mano affinché questi martiri del diavolo siano sterminati per la confusione di Satana, per la gioia dei giusti e per l’onore di colui da cui procedono le lodi e la gloria.

Indice

(l’ordine cronologico, almeno per alcuni testi, si riferisce alla data di produzione e non di pubblicazione)

1619

1- Histoire Véritable de tout ce qui s’est fait et passé depuis le premier janvier 1619, Paris, Alexandre, 1619.

2- Mercure François, t. v, Paris, Richer, 1619.

3- D’Autreville, Inventaire général des affaires de France, Paris, Ian Petit-Pas, 1620.

4- C. Malingre, Histoire générale des derniers troubles, Paris, Ian Petit-Pas, 1622.

5- Histoire véritable de l’exécrable docteur Vanini, Paris, Soubron, 1619.

6- F. De Rosset, Les Histoire mémorables et tragiques, Histoire v, Paris, Chevalier, 1619.

7- G. de Catel, Lettera a Nicolas-Claude Fabri de Peiresc del febbraio 1619.

1621

8- J. Gaultier, Table chronographique de l’Estat du Christianisme, Lyon, Rigaud, 1621.

1622

9- M. A. De Dominis, Lettera a Giacomo I d’Inghilterra dell’11 febbraio 1622.

1623

10- M. Mersenne, Quaestiones in Genesim, Paris, Cramoisy, 1623.

11- Ch. Sorel, Histoire comique de Francion, Paris, Billaine, 1623.

12- Effroyables pactions faictes entre le diable et le pretendus Invisibles, 1623.

13- G. Naudé, Instruction à la France, Paris, Iulliot, 1623.

14- F. Garasse, La doctrine curieuse, Paris, Chapelet, 1623.

15- F. Ogier, Iugement et censure du livre de la doctrine curieuse, Paris, 1623.

16- F. Garasse, Lettres justificative del 6 novembre 1623.

17- M. Molé, Mémoires, t. i, Paris, Renouard, 1855.

1624

18- F. Garasse, Apologie, Paris, Chappelet, 1624.

19- J. de Silhon, Lettre à l’evesque de Nantes, 1624.

20- M. Mersenne, L’Impiété des Déistes, t. i, Paris, Bilaine, 1624.

21- M. Mersenne, L’Impiété des Déistes, t. ii, Paris, Bilaine, 1624.

22- Théophile de Viau, Apologie, 1624.

23- A. Remy, Deffence pour Estienne Pasquier, Paris, Ruelle, 1624.

24- F. Garasse, Epistre à Monsieur d’Oignon, Paris, Quesnel, 1625.

1625

25- F. Garasse, La somme théologique, Paris, Chappelet, 1625.

26- Ch. Besold, Dissertatio politioco-juridica de Majestate, Argentorati, Zetzner, 1625.

1626

27- J. de Silhon, Les deux vérités, Paris, Sonnius, 1626.

1628

28- R. Burton, The anatomy of melancholy, London, Crips, 1628.

29- Von dess Doctoris Julii Caesaris Vanini, sonsten Luciolus genandt, erschröcklicher gottloser Lehr, in M. Zeiller, Theatrum tragicum, Tübingen, Brunn, 1628.

1629

30- Ch. Cotin, Discours à Theopompe, 1629.

31- R. Fludd, Sophia cum Moria certamen, Frankfurt, Rötel, 1629.

1630

32- E. Richer, Vindiciae doctrinae, Coloniae, Egmond, 1683.

33- R. Descartes, Lettera del 17 ottobre 1630.

34- M. Mersenne, Questions rares et curieuses, Paris, Billaine, 1630.

1632

35- G. Franzosi, De divinatione per somnium, Francofurti, Beyer, 1632.

1634

36- J. de Silhon, De l’immortalité de l’ame, Paris, Billaine, 1634.

1635

37- C. Clemens, Musei, sive Bibliothecae, Lugduni, Prost, 1635

38- J. J. De Loyac, Le libertin converty, Paris, Toussainct du Bray, 1635.

39- J. A. de Richelieu, Mémoire, mss.

40- J. Gaches, Mémoires mss.

41- S. Dupleix, Histoire de Louis le Juste XIII, Paris, Sonnius, 1635.

1637

42- J. Cluver, Historiarum totius mundi Epitome, Lugduni Batavorum, Marcus, 1637.

43- F. de la Mothe le Vayer, Petit discours de l’immortalité de l’ame, Paris, Courbé, 1637.

1639

44- G. Voet, De atheismo, Utrecht, Roman, 1639.

1641

45- H. Sponde, Annalium Emin.mi Card. Caes. Baronii continuatio, Lutetiae, La Noue, 1641.

46- A. D’Abillon, La divinité defendue, Paris, Iosse, 1641

47- M. Ruar, Lettre à Mersenne del 13 settembre 1641

48- M. Mersenne, Lettre à Ruar del 1° dicembre 1641.

1642

49- F. Grenaille, La mode ou le charactère de la religion, Paris, Gasse, 1642.

1643

50- G. Patin, Lettre à Ch. Spon del 16 novembre 1643.

51- G. B. de Gramond, Historiarum Galliae, Toloae, Colomerius, 1643.

52- M. Schoock, Admiranda methodus, Utrecht, Waesberge, 1643.

53- R. Descartes, Epistola ad cel. virum Gisbertum Voetium, Amsterdam, Elzevir, 1643.

1645

54- R. Descartes, lettera del 16 giugno 1645.

55- S. Desmarets, Ultima patientia, Groningae, Nicolai, 1645.

1646

56- M. Schoock, Necessaria et modesta defensio, Groningae, Nicolai, 1646.

57- S. Desmarets, Bonae fidei sacrum, Groningae, Nicolai, 1646.

1647

58- C. van Baerle, Epistolarum liber, Amsterdam, Blaev, 1647.

1650

59- Naudaeana et patiniana, Paris, Delaulne, 1701.

60- Patiniana, ms. 7071 della Österreichische Nationalbibliothek di Vienna.

1653

61- Zacharie de Lisieux, Saeculi genius, Paris, Cramoisy, 1653.

62- Th. Raynaud, Erotemata de malis ac bonis libris, Lugduni, 1653.

1655

63- Ch. Sorel, La science universelle, t. iv, Paris, Le Gras, 1655.

1657

64- L. Guez de Balzac, Socrate chrestien, Paris, Courbé, 1657.

65- G. Tallemant des Reaux, Historiettes, t. i, Paris, Levavasseur, 1834.

1690

66- J. E. Schwelling, Exercitationes cathedrariae, Bremae, Brauer, 1690.